Trois mensonges d’État

Monsieur Besson ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire (sic) a décidé d’ouvrir le grand débat sur l’identité nationale ! Aux dires de messieurs Sarkozy et Besson un tel débat est nécessaire !

Mais au juste qui demande ce débat ? Personne en réalité, si ce n’est ses initiateurs et une partie de leur clan politique.

Pourquoi ? Sans doute pour des raisons politiciennes, à savoir le ramassage de voix électorales pour les régionales, le détournement des vrais problèmes et donc des vrais débats, qui eux ne manquent pas en cette période de crise économique et de chômage massif. Certainement aussi pour opposer les français, pour exclure et faire voter encore plus de lois liberticides et d’exclusion.

Dès le départ il y a un mensonge d’État en proclamant une demande de débat qui n’existe pas !

Ensuite le sujet serait « l’identité nationale », mais qu’est-ce que cela ? C’est un concept qui n’existe pas sur les plans historique et politique. La seule existence est juridique, nous y reviendrons plus tard.

Maintenant le débat national, mais comment serait-il possible de seulement l’organiser ? D’ordinaire un débat entre quelques personnes est stérile, sans résultat et sans réel changement de pensée des intervenants. Alors comment imaginer ne serait-ce qu’un début de débat entre 60 millions de personnes ?

Nous voyons immédiatement que cette affaire repose sur trois mensonges d’État, premièrement personne ne demande un débat, deuxièmement le concept d’identité nationale n’existe pas et troisièmement un débat entre 60 millions de personnes est impossible !

Nous pourrions nous arrêter là mais l’enjeu de cette manipulation politique mérite un peu plus de développement.

Qu’est-ce que l’identité nationale ?

Ce concept à priori  semble évident, pourtant le texte fondateur de notre République, la Constitution n’évoque jamais cette notion et pour cause, même les dictionnaires l’ignorent ! On peut dire que c’est une invention des nationalistes, naturellement.

SUITE...

Décomposons cette expression, l’identité signifie « la même chose », c’est le caractère de deux choses identiques ou de ce qui est un (unité). Nationale vient de nation, « naissance », c’est-à-dire les personnes nées dans le même lieu.

La seule acceptation possible de l’identité nationale est donc le fait d’être née dans une nation. Par exemple une personne née en France aurait la nationalité française, par extension est français aujourd’hui celui qui est née de parent(s) français ou celui qui s’est fait naturalisé. Autrement dit l’identité nationale correspond au fait d’être français, c’est tout et ce n’est déjà pas si mal !

Enfin le seul dénominateur commun à tous les français est la nationalité française, le débat est donc inutile et sans objet !

Une citation sur l’identité culturelle qui vaut aussi pour la nationale :

La revendication de l'« identité culturelle » sert d'ailleurs aux minorités dirigeantes du tiers monde à justifier la censure de l'information et l'exercice de la dictature. Sous prétexte de protéger la pureté culturelle de leur peuple, ces dirigeants le tiennent le plus possible dans l'ignorance de ce qui se passe dans le monde (…)

J.-F. Revel de l’académie française, la Connaissance inutile, p. 18.

Un débat truqué

La présentation de ce débat par le gouvernement et monsieur Sarkozy est truquée dès le départ, mais elle permet en même temps de comprendre leurs véritables intentions. Pour résumé voici leur volonté, définir une nouvelle politique d’immigration et d’intégration ou plus exactement choisir ses immigrés (immigration choisie chère à M. Sarkozy) et « intégrer » autoritairement ces derniers en leurs imposant « l’identité nationale française » (le contrat d’accueil et d’intégration : CAI). Mais le projet semble plus vaste, sous prétexte de définir l’identité nationale il y a la volonté de réécrire l’histoire pour l’imposer à tous d’une manière totalitaire et ainsi nié l’autre dans sa singularité. L’identité nationale correspond au vieux rêve des dictateurs et autres tyrans, imposer à tous sa vision des choses et interdire toute pensée déviante de cette ligne. Mais comment rendre possible un tel projet et le rendre acceptable par la majorité, là aussi la vieille ficelle des manipulateurs d’opinion est agitée, la peur de l’autre, cet autre est tout trouvé, c’est l’islam, la burqa, le communautarisme !

Certains répondront à cette présentation par le dédain, l’ignorance ou parleront de  diabolisation.

Pourtant il suffit de prendre quelques présentations gouvernementales ou discours présidentiels récents pour s’en persuader.

Le communautarisme et l'islam comme ennemis de "l'identité nationale"

Le communautarisme est un terme et un concept qui n’existe pas dans la langue française, il vient des États-unis où il a un sens bien différent de celui généralement utilisé par les français. Il est très intéressant de remarquer que ce terme fait référence à la communauté qui elle-même est synonyme d’identité commune, M. Sarkozy utilise souvent ces deux termes, communauté et communautarisme en les opposants !

31/03/2009 lettre de mission de MM. Sarkozy et Fillon à M. Besson

Ø      « La population immigrée se concentre dans des quartiers souvent marqués par les tensions urbaines et les dérives du communautarisme. »

Ø      « réaffirmation de ce que signifie aujourd’hui « être Français ». Car le sentiment d’appartenance à une communauté de destin, la volonté de vivre ensemble, le partage de cette identité qui est la nôtre, avec sa culture, son histoire, sa langue, et les valeurs qui la fondent, constituent la condition d’une intégration réussie. »

Ø      « en luttant contre toutes les tentations de repli identitaire ou communautariste »

Site internet sur le « grand » débat sur…debatidentitenationale.fr

« Les objectifs du grand débat sur l’identité nationale : »

Ø      « Ce débat répond aux préoccupations soulevées par la résurgence de certains communautarismes, dont l’affaire de la Burqa est l’une des illustrations »

12/12/2009 discours sur « l’identité nationale » de M. Sarkozy à La Chapelle en Vercors

Ø      « la France est un pays où il n’y a pas de place pour la burka »

Ø      « Mais quelle démocratie serions-nous si nous devenions une société où chacun serait enfermé dans sa communauté, dans sa bande ou dans sa tribu ? »

08/12/2009 M. Sarkozy : "Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent" Le’ Monde

Ø      « L'identité nationale c'est l'antidote au tribalisme et au communautarisme. C'est pour cela que j'ai souhaité un grand débat sur l'identité nationale. »

Ø      « Le communautarisme c'est le choix de vivre séparément. »

Ø      « dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l'échec l'instauration si nécessaire d'un islam de France »

Questionnaire envoyé aux préfectures : Pour aller plus loin sur le Grand débat sur l’identité nationale. (Source : Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire)

Ø     « Identité nationale et communautarisme. »

Ø     « Les valeurs de l’identité nationale sont-elle compatibles avec le communautarisme ? »

Ø     « Les signes ostentatoires d’appartenance religieuse sont-ils compatibles avec les valeurs de l’identité nationale ? Dans quelle mesure ? La République doit-elle aller plus loin dans la lutte contre le communautarisme ? »

Est-il besoin d’en rajouter, communauté, communautarisme, burqa, islam, tribu, tribalisme, la population immigrée ; tout cela est mélangé au besoin du discours du moment. Juste une petite remarque sur le ministère de M. Besson, tout ou presque a été dit sur la juxtaposition des termes du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, mais il est remarquable que le nom du site internet gouvernemental soit http://www.immigration.gouv.fr, c’est « immigration » qui a été retenu et seulement lui, c’est donc bien avant tout autre considération le ministère de l’immigration.

Intégrer ou de force

Site internet gouvernemental  http://www.immigration.gouv.fr/

Ø     « La signature d’un « contrat d’accueil et d’intégration » entre l’État et le migrant souhaitant s’installer sur le territoire national a été rendue obligatoire à compter du 1er janvier 2007. »

31/03/2009 lettre de mission de MM. Sarkozy et Fillon à M. Besson

Ø     « le sentiment d’appartenance à une communauté de destin, la volonté de vivre ensemble, le partage de cette identité qui est la nôtre, avec sa culture, son histoire, sa langue, et les valeurs qui la fondent, constituent la condition d’une intégration réussie »

12/12/2009 discours sur « l’identité nationale » de M. Sarkozy à La Chapelle en Vercors

Ø     « comme l’immigré italien, espagnol ou polonais qui entra en résistance et qui se sentait tellement Français qu’il interdisait à ses enfants de parler à la maison une autre langue que le Français »

Ø     « S’ils ont peur de l’identité nationale française, c’est qu’ils ne la connaissent pas. Raison de plus pour ouvrir un débat qui va leur apprendre au fond ce que c’est que l’identité nationale française. »

Questionnaire envoyé aux préfectures : Pour aller plus loin sur le Grand débat sur l’identité nationale. (Source : Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire)

Ø     « Identité nationale et communautarisme. »

Ø     « Les valeurs de l’identité nationale sont-elle compatibles avec le communautarisme ? »

Ø     « Les signes ostentatoires d’appartenance religieuse sont-ils compatibles avec les valeurs de l’identité nationale ? Dans quelle mesure ? La République doit-elle aller plus loin dans la lutte contre le communautarisme ? »

Ø     « 2.1. Un nouveau contrat avec la République pour les ressortissants étrangers souhaitant entrer et séjourner sur notre territoire. »

Un débat impossible et manipulé

Comme nous l’avons vu plus haut, ce débat d’une part ne repose sur rien, l’identité nationale française c’est être français et d’autre part un débat entre 60 millions de personnes est irréalisable !

Le gouvernement essaye tout de même d’organiser quelque chose, des réunions publiques organisées par les préfectures, tout le monde n’est pas toujours invité d’ailleurs ! Pour le déroulement des réunions un questionnaire du ministère « très orienté » est là pour guider les interventions, ensuite les Préfets font leur résumé pour le ministre.

Un site internet est crée pour l’occasion http://www.debatidentitenationale.fr, sur celui-ci les censeurs et manipulateurs s’en donnent à cœur joie, censures des interventions, propositions de textes, de livres, de vidéos très orientés, proposition de mesures de M. Besson avant la fin du « débat », comme le projet de loi de M. Copé pour interdire le port du voile intégral (la burqa) avant même la fin de la mission parlementaire crée ad hoc ! Comme le dit M. Sarkozy « où va la démocratie ? »

Que dire du choix de M. Besson de mettre sa vidéo de présentation du débat sur « youtube.com » (http://www.youtube.com/ ), un site internet bien américain, c’est M. Sarkozy qui va être content !

Réécrire l'histoire pour une pensée unique

31/03/2009 lettre de mission de MM. Sarkozy et Fillon à M. Besson

Ø      « Vous prendrez part, aux côtés du ministre chargé de la Culture, à la mise en place du Musée de l’histoire de France, qui contribuera à faire vivre notre identité nationale auprès du grand public. »

12/12/2009 discours sur « l’identité nationale » de M. Sarkozy à La Chapelle en Vercors

Ø      « j’ai retenu l’idée de créer un Musée de l’Histoire de France que tous les enfants des écoles iront visiter »

Ø      « S’ils ont peur de l’identité nationale française, c’est qu’ils ne la connaissent pas. Raison de plus pour ouvrir un débat qui va leur apprendre au fond ce que c’est que l’identité nationale française.

08/12/2009 M. Sarkozy : "Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent" Le’ Monde

Ø      « dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace aussi profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale »

Questionnaire envoyé aux préfectures : Pour aller plus loin sur le Grand débat sur l’identité nationale. (Source : Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire)

Ø      « Peut-on se passer d’une histoire commune pour construire un avenir commun ? »

Ø      « 2.3. Réaffirmer la fierté d’être Français :- Mettre en place dans l’ensemble des 100 préfectures et 350 sous-préfectures des cycles d’instruction civique, ouverts à tous : Elèves et parents d’élèves, associations, centres de loisir,… »

Nous pourrions aussi citer la lecture imposée à tous les collégiens et lycéens de la lettre de Guy Môquet ou encore la volonté que « tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah » (Le 13 février M. Sarkozy lors du dîner du CRIF - Conseil représentatif des institutions juives de France). Mais une petite précision s'impose, M. Sarkozy évoque « la civilisation chrétienne », c'est encore une invention langagière, comme communautarisme ou identité nationale, ces termes ou concepts n'existent pas ! Concernant « la civilisation chrétienne » il est remarquable de retrouver cette expression, tout comme « l'identité nationale » à la base du périodique royaliste français « L'Action française 2000 » qui « se veut fidèle à l'héritage d’Aspects de la France et du mouvement d'Action française, c'est-à-dire à la doctrine du nationalisme intégral telle que représentés par les membres fondateurs de l'Action Française : Charles Maurras, Léon Daudet, Jacques Bainville, etc. La revue défend l'indépendance et l'identité nationale de la France en même temps qu'elle milite pour la sauvegarde la « civilisation chrétienne ». À la République elle oppose la monarchie héréditaire et décentralisée, un État fort défenseur des valeurs locales et régionales. » (wikipedia voir le bulletin d'abonnement sur le site internet de l'action française)

L'identité nationale pour contrôler, discriminer et exclure

Nous avons dit plus haut que le concept d'identité nationale était exclusivement juridique, il correspond à la nationalité française. Historiquement les cartes nationales d'identité ont été crées pour contrôler les déplacements des artisans, des ouvriers, des nomades et faire des fichiers pour ces personnes mais aussi pour les communistes et les juifs. Ce qui aura permit pour certains leur emprisonnement, leur enfermement dans des camps et leur déportation !

Quelques repères suffiront pour s'en persuadé : wikipedia

Ø      Le 2 janvier 1749, une lettre patente généralise le « billet de congé ». C'est une vieille règlementation qui impose aux compagnons des métiers de se munir d'un congé écrit lorsqu'ils quittent un maître pour être embauchés ailleurs.

Ø      Jusqu’au Second Empire, les déplacements individuels hors du canton sont étroitement surveillés, notamment grâce au passeport intérieur et au livret ouvrier, qui permettent à la police de suivre les voyageurs et les migrants.

Ø      Le livret d'ouvrier était un document officiel mis en service par Napoléon Bonaparte en 1803, et généralisé par Napoléon III en 1854. Les ouvriers devaient le présenter aux autorités à de multiples occasions.

Ø      En 1912, l’État français impose aux nomades le port d'un carnet anthropométrique.

Ø      On impose en 1917 le port obligatoire de la carte d'identité à tous les étrangers.

Ø      Sous la Troisième République, le policier André Tulard fiche les communistes ; il fait de même pour les juifs sous Vichy. Ce « fichier Tulard » a été transmis à Théo Dannecker, chef de la Gestapo à Paris.

Ø      Le 27 octobre 1940, le maréchal Pétain décrète que « tout Français de l'un ou de l'autre sexe, âgé de plus de seize ans, ne peut [désormais] justifier de son identité […] que par la production d'une carte d'identité, dite « carte d’identité de Français » ». À partir de 1942, la mention « Juif » est apposée.

Ø      Le livret de circulation est un document requis et obligatoire en France pour toutes les personnes, françaises ou étrangère, n'ayant pas de domicile fixe ni de résidence fixe depuis plus de six mois, et âgées de plus de 16 ans. Il a été instauré par la loi du 3 janvier 1969.

Recherche d'identité personnelle ?

Évoquons pour finir l'aspect personnel de M. Sarkozy, cette obsession de l’identité  et de la réécriture de l’histoire n’est-elle pas liée à sa situation personnelle ? N’est-ce pas M. Sarkozy qui en l’absence d’identité personnelle rechercherait à se créer sa propre histoire ?

M. Sarkozy est un « immigré de la deuxième génération » par son père et de la « troisième » par sa mère, elle est la fille d’un juif et d’une catholique, pour ce qui est de son père, cela semble être son « secret de famille » !

La vie de son père reste à découvrir plus en détails, mais nous savons que Paul Sarközy de Nagy-Bocsa fuit la Hongrie libérée en 1944 ! Il s’engage ensuite dans la légion étrangère qui offre une « deuxième chance » à tous ceux qui veulent tourner une page (ou ont besoin de se faire oublier) grâce à « l’identité déclarée » ! Il rencontre, en 1949, Andrée Mallah qu'il épouse le 8 février 1950 ! Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa va grandir dans la famille de sa mère, il n’a que 4 ans lorsque son père part définitivement !

Notons que Sarkozy n’est pas le vrai nom du Président français !

Nous avons là tous les ingrédients d’une personnalité victime d’un manque, d’un vide dans son histoire intime.

Ce trou et ce flou dans son passé évoque la phrase d’Alexis de Tocqueville

« le passé n'éclairant plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres »

De la démocratie en Amérique 1835).