Présentation de l'éditeur

Questionner nos origines, comprendre l'évolution et les modes de vie, des premiers hommes à l'homme actuel, tel est le voyage dans le temps que vous propose la collection " Le passé recomposé ".

Biographie de l'auteur
Chercheur au CNRS et au CNAM, Sophie A. de Beaune est professeur à l'université Lyon III.

L'homme et l'outil : L'invention technique durant la préhistoire
de Sophie A. de Beaune (Auteur)
165 pages

Editeur : CNRS (5 juin 2008)
Collection : Le passé recomposé

ISBN-10: 2271066646

Commentaire :

Nous présenterons deux analyses inspirées par ce livre, la première concerne la propriété privée et la seconde l'innovation.

Propriété privée : pierre angulaire du développement humain.

L'homme préhistorique grâce aux changements climatiques et à certaines innovations comme l'irrigation est passé d'un statut de chasseur-cueilleur à celui d'éleveur-agriculteur. La culture et le stockage des récoltes amena tout naturellement à la sédentarisation (- 15 000 ans). La construction d'habitat durable, de village, de cité et même de cité-état coïncide avec les premières nécropoles mais aussi avec les premiers sanctuaires et temples.

L'homme devient propriétaire d'un stock de céréales, d'un cheptel (la notion de capital vient de tête de bétail), d'une maison. Les nécropoles ajoute le sentiment d'appartenance à une terre, " la terre de nos ancêtres ".

C'est avec les premières cités-états qu'apparaissent les organisations-gouvernements, l'administration, la bureaucratisation et les impôts. La naissance de l'écriture vient aussi de la nécessité de comptabiliser les récoltes et les échanges.

La sédentarisation va aussi poussée à la spécialisation et rendre ainsi encore plus nécessaire les échanges, donc le commerce.

Bien entendu les guerres sont aussi une conséquence de ce développement, guerre de pouvoir et d'accaparement de richesses.

L'innovation, bien collectif !

L'extrait suivant de la page 136 explique relativement bien les conditions de l'innovation :

" Pour qu'une invention existe et pour qu'elle puisse déboucher sur une innovation, nous avons vu que plusieurs étapes sont nécessaires; il suffit qu'il en manque une pour ajourner purement et simplement l'invention de départ.

Première condition, un terrain cognitif favorable constitué par un savoir global retransmis de génération en génération et une capacité à fondre deux idées ou deux techniques distinctes en une idée nouvelle, ce qui suppose l'aptitude à se représenter la finalité de ses actes.

Ensuite, l'acceptation de cette nouveauté par les proches et sa transmission dans le temps et l'espace ne peut se faire sans un milieu technique, social et psychologique favorable. Là encore, pour que la transmission s'opère, une condition cognitive est nécessaire au préalable puisque l'inventeur doit avoir conscience du caractère novateur de son invention et de son intérêt pour les autres membres du groupe. "

On peut lire aussi :

" Toute invention, toute innovation, n'est que la combinaison nouvelles d'éléments préexistants empruntés au milieu ambiant, aux techniques déjà connues. " (André-Georges Haudricourt p72)

La rencontre entre deux idées ou techniques n'a rien de systématique. Exemple de la roue inventée par les mexicains avant le VIIIe siècle pour des animaux à roulettes (jouets) mais pas pour le transport ! (p79)

Les inventions s'enracinent dans une culture...expriment une attente, une réceptivité. (Bertrand Gille, p107)

Une invention intervient quand le filtre social la laisse passer. (Gilbert Simondon)
Par exemple le Fer à repasser à vapeur de CARONI en 1921 était considéré comme trop dangereux. Il fût réinventé 40 ans (ndlr : 30 ans ?) plus tard par les américains. (p108)
Autre exemple, la navette volante introduite sans succès par John Kay entre 1748-50 en Languedoc et réintroduite par John McLeod en 1788 à Amiens et à Paris. (p115)

Il faut une certaine convergence technique, ainsi l'existence d'inventions simultanées montre la quasi nécessité de l'invention, une fois réunies les conditions qui la rendent possible. (J.-P. Séris)
Par exemple Charles Cros et Louis Ducos du Hauron ont  présenté en même temps et au même endroit l'invention de la photo couleur le 7 mai 1869 à la société française de photographie. (p119-20)
Autre exemple la demande de brevet pour l'invention du téléphone déposée le même jour par Elisha Gray et Alexander Bell, le 14 février 1876 ! (ndlr)

La circulation des savoirs techniques nourrit les capacités d'invention et d'innovation. La transplantation d'une technique de sa région d'origine à une autre est elle même facteur de progrès et d'invention. (Haudricourt, p130)

Pour conclure, nous voyons bien qu'une invention n'appartient pas à son inventeur, c'est avant tout la société qui a permis à ce dernier d'aboutir à sa trouvaille.
Même si un certain mérite lui revient, est-il normal qu'un " inventeur " dispose d'un monopole d'exploitation de l'invention pendant vingt ans via un brevet ? D'autant plus que la diffusion d'une innovation est elle-même source d'innovations !
D'ailleurs certaines entreprises appliquent ce raisonnement à leurs profits, lorsqu'elles " confisquent " la paternité d'une invention à leurs salariés, lesquels reçoivent au mieux une prime !
Enfin bouclons la boucle et terminons par un exemple révélateur de la tromperie actuelle de la notion d'invention, n'est-ce pas absurde et scandaleux de parler " d'inventeur " au sujet de celui qui " découvre " une grotte préhistorique, comme c'est le cas avec la grotte " Chauvet " -Pont-d'Arc ?

Page 3 et 4

Les temps préhistoriques

La sortie d'Afrique se situe vers 1,8 million d'années. Pour le Paléolithique supérieur, seules les cultures européennes ont été indiquées. Les découpages chronologiques fluctuent d'une région à l'autre, surtout pour les périodes les plus récentes. À partir de l'Épipaléolithique, le découpage des cultures est trop fin pour pouvoir être indiqué.