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Chirac contre son propre racisme !

Mais sans "le bruit et l'odeur" !


 

  Le FAUX   Le VRAI
  Les dires   Les faits
  ALLOCUTION PRONONCEE

PAR MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

***

LE CHAMBON-SUR-LIGNON - HAUTE-LOIRE

JEUDI 8 JUILLET 2004
Monsieur le Maire,
Chère Simone Veil,
Cher Jacques Barrot,
Mesdames et Messieurs les Elus de la République,
Mes Chers Compatriotes,
Mes Chers Amis,

Nous sommes, Monsieur le Maire vient de le rappeler, c'est vrai, ici dans un lieu chargé d'histoire et d'émotion. Ici, dans l'épreuve, s'est affirmée l'âme de la nation. Ici, s'est avancée et s'est incarnée la conscience de notre pays.

Le Chambon-sur-Lignon est un lieu de mémoire. Un lieu de résistance. Un lieu symbole de la France fidèle à ses principes, fidèle à son héritage, fidèle à son génie.

Sur ce haut plateau aux hivers rudes, dans la solitude, parfois le dénuement, souvent dans l'adversité, des femmes et des hommes portent depuis longtemps les valeurs, ces valeurs qui nous unissent.

Dans ce qui fut l'une des régions les plus déshéritées de notre pays, bravant tous les périls, ils ont fait le choix du courage, de la générosité et de la dignité.

Ils ont fait le choix de la tolérance, de la solidarité et de la fraternité.

Ils ont fait le choix des principes humanistes qui rassemblent notre communauté nationale et fondent notre communauté de destin. Des principes qui font la France.

*

L'histoire des communes du "Plateau" épouse celle du combat pour la liberté de conscience et pour la tolérance.

Aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, cette vieille terre de protestantisme a subi, dès la révocation de l'Edit de Nantes, l'épreuve de l'intolérance religieuse. Pour y faire face, le protestantisme dut mener un douloureux combat, un combat pour la nation, un combat qui conduisit à l'inscription de la liberté religieuse dans notre Déclaration des droits de l'Homme.

Parce que ces campagnes ont gardé vivante la mémoire de ces drames, elles sont devenues terre d'accueil, de partage et de refuge. Ici, persécutés, déshérités, réfugiés ont trouvé asile. Ici, juifs menacés de mort ont trouvé protection. Ici, maquisards et combattants de l'ombre ont trouvé abri

*

Cette terre d'asile est l'un de ces lieux où souffle l'esprit de résistance. Ce pays, qui a payé chèrement le prix de la liberté de conscience, a vu très tôt des femmes et des hommes se lever pour dire non.

Guidés par des pasteurs et des enseignants admirables, villageois et paysans du "Plateau", habitants du Chambon et des localités voisines qui ont partagé le même idéal, refuseront, pour reprendre le titre d'un livre édité ici même, au Chambon, "les matins bruns". Ils refuseront l'infamie du régime de Vichy. Ils feront du beau verbe "résister" leur étendard. Ils transformeront chacune de leurs fermes en refuge. Quand d'autres, secondés par l'Etat français, commettaient l'irréparable, ici, des milliers de juifs, dont beaucoup d'enfants poursuivis par la menace d'extermination des nazis, trouvèrent hospitalité et refuge. Ils y trouvèrent le salut.

Dans l'anonymat, la discrétion, dans le simple élan de la main tendue, de la fraternité et de l'humanité partagées, refusant la loi de la haine, "le Plateau", Juste parmi les nations, le "Plateau" a grandi la France.

*

Nombreux ont été, partout, dans les campagnes comme dans les villes, ces Françaises et ces Français, de toutes conditions, de toutes convictions, de toutes religions, dont le courage et l'engagement auront permis de sauver, parfois au prix de leur vie, les deux tiers de leurs compatriotes juifs.

Telle est la France à laquelle je crois. Une France capable du meilleur, fidèle à son histoire, à ses racines, à sa culture. Une France de l'audace et de la solidarité, qui surmonte ses peurs et se dépasse pour aller au-devant de celles et de ceux qui ont besoin d'elle, de son aide, de sa protection, de son soutien. Une France généreuse, qui refuse l'égoïsme, le repli sur soi, l'exclusion, la discrimination. Une France ouverte et accueillante, unie dans sa diversité, qui porte avec fierté son idéal de justice et de paix en Europe et dans le monde.

De cette France fraternelle, nous devons être fiers. Nous devons la faire vivre et la défendre. Elle doit être pour nous tous un choix de chaque jour.

*

Ce choix, celui de vivre ensemble dans le respect de chaque différence, ce choix n'est jamais définitivement acquis. Le combat pour la tolérance et pour l'honneur est une conquête fragile et toujours recommencée.

Aujourd'hui encore, des actes de haine, odieux et méprisables, salissent notre pays. Les discriminations, l'antisémitisme, les racismes, tous les racismes, se déploient de nouveau insidieusement. Ils frappent nos compatriotes juifs présents dans notre pays depuis des temps immémoriaux. Ils frappent nos compatriotes de culture musulmane qui ont fait le choix de travailler et de vivre dans notre pays. Ils frappent, en réalité, tous nos compatriotes.

Ils atteignent nos écoles. Ils menacent nos enfants. Ils profanent nos lieux de culte, nos sépultures, nos symboles les plus forts.

Tous ces actes, qui blessent les corps et choquent les âmes, disent l'obscurantisme, l'ignorance, la bêtise. Ils expriment le fanatisme, la volonté d'humilier, d'abaisser. Ils traduisent le refus de la différence et le rejet de l'autre.

Tous ces actes reflètent la part la plus sombre de l'âme humaine. Ils sont indignes de la France. Et, naturellement, je ferai tout pour que cela cesse.

Les auteurs de ces forfaits, de ces agressions, de ces gestes de haine, qui se sont, hélas, multipliés au cours des années récentes et de ces derniers mois, seront poursuivis sans répit et sans relâche. Ils seront jugés. Ils subiront toute la rigueur de nos lois. Que les victimes de ces actes sachent bien que la nation tout entière est à leurs côtés !

Tous nos compatriotes, quelles que soient leur histoire ou leurs croyances, ont droit au respect. La laïcité permet à chacun de vivre et de pratiquer, en toute sécurité, en toute sûreté, sa religion. Elle permet à l'école publique, lieu d'acquisition et de transmission des valeurs que nous avons en partage, d'être ouverte à tous et à toutes les sensibilités. C'est pourquoi elle doit être défendue : l'école publique doit être à l'abri des influences et des passions. C'est le sens de la loi récemment adoptée qui interdit le port de signes religieux ostensibles. La République est le bien commun de tous, de chaque citoyen, à égalité de droits et de devoirs. L'égalité des chances est une exigence que nous devons faire vivre pleinement. Elle doit être au cœur de l'action publique. C'est dans cet esprit que verra le jour, dès la fin de cette année, une autorité indépendante chargée de lutter contre toutes les discriminations.

Je demande à tous les responsables publics de notre pays, au Gouvernement d'abord, à tous les agents de l'Etat, et notamment aux services de police, aux autorités administratives et judiciaires, mais aussi aux maires, aux présidents de conseils régionaux et généraux de faire preuve d'une détermination sans faille pour lutter contre ces dérives intolérables. La cohésion nationale n'est l'apanage d'aucun camp. Elle ne saurait être un enjeu partisan. Elle doit être notre horizon commun.

Je demande au Garde des Sceaux que le ministère public exerce l'action publique avec la plus grande fermeté à l'égard de toutes ces manifestations d'exclusion, de toutes ces tentations du refus de l'autre que, naturellement, la loi réprouve. Qu'il prenne, chaque fois, les réquisitions nécessaires pour appeler les tribunaux à sanctionner, avec la plus grande sévérité et la plus grande exemplarité, des actes qui sont la négation même des valeurs qui rassemblent notre nation. En matière de racisme, d'antisémitisme, de xénophobie, d'homophobie, le classement sans suite est inacceptable. Chaque acte doit être sanctionné. De même, je souhaite que les parquets relèvent appel chaque fois que les décisions prises leur sembleront d'une trop grande mansuétude au regard de la très grande gravité des faits poursuivis. Il en va du principe même de la justice.

Je demande au ministre de l'Education nationale, à tous nos professeurs, de veiller plus que jamais à la transmission et au partage, par tous les jeunes Français, de nos principes républicains, de notre droit et de notre histoire. L'éducation civique doit être au cœur des missions de l'école républicaine. Pour que chacun acquière, dès le plus jeune âge, le sentiment d'appartenir pleinement à la communauté nationale. Pour que chacun se sente fier de sa citoyenneté française. Pour que chacun prenne mieux conscience des droits et des devoirs qui s'y attachent, des comportements et des règles de vie communes qu'elle implique. Ce sera l'un des objectifs prioritaires de la loi d'orientation sur l'école que le Gouvernement présentera au Parlement d'ici la fin de l'année.

Je souhaite que tous les maires de France, qui connaissent mieux que personne les situations locales, qui sont souvent les mieux placés pour anticiper, prévenir, répondre au plus près, au plus vite, au plus juste, se mobilisent pleinement, avec, bien entendu, le concours de l'Etat, sur ces questions qui sont essentielles à notre vie en commun et à notre avenir. Je demande au Gouvernement que, dans chaque département, les préfets examinent avec les maires les mesures et les initiatives utiles pour mieux prévenir et combattre ces comportements inacceptables. Et je le demande, ici, au Chambon, parce qu'ici vous êtes exemplaires.

*

Mais, pour absolue qu'elle soit, et je m'y engage, la détermination des pouvoirs publics, la volonté, l'action de l'Etat et des autorités locales ne sauraient, à elles seules, suffire.

L'exemple du "Plateau" nous montre que c'est l'engagement de chacune et de chacun et la solidarité de tous, jour après jour, qui font la force et l'exemplarité des communautés humaines. Il illustre l'irrésistible élan, même dans l'adversité, d'une fraternité fondée sur le respect de règles et de principes partagés. Une fraternité consciente des exigences du "vivre ensemble" et d'une citoyenneté responsable.

Face au risque de l'indifférence et de la passivité du quotidien, j'appelle solennellement chaque Française et chaque Français à la vigilance. Devant le danger, je les appelle au sursaut.

Devant la montée des intolérances, du racisme, de l'antisémitisme, du refus des différences, je leur demande de se souvenir d'un passé encore proche. Je leur dis de rester fidèles aux leçons de l'histoire, une histoire si récente. Je les invite à toujours rappeler à leurs enfants le danger mortel du fanatisme, de l'exclusion, de la lâcheté, de la démission devant l'extrémisme. Je leur demande de manifester avec force notre résolution, notre capacité à vivre dans la concorde et dans le respect.

Je leur demande de toujours porter avec fierté notre héritage. Patrie des droits de l'Homme, la France a inscrit au fronton de ses édifices les valeurs universelles de l'Humanité. Elle a fait de la Liberté, de l'Egalité, de la Fraternité la devise de la République. Rappelons à nos enfants que toute l'histoire de la Nation française est jalonnée de ces combats, combats parfois terribles, les combats qui ont inscrit la tolérance et la protection du plus faible au premier rang de nos principes. Combats de ces grands esprits et de ces grandes consciences, qui ont forgé notre culture. Combats des plus humbles, souvent restés anonymes, dont l'engagement, parfois le sacrifice suprême, ont fait l'honneur et la grandeur de la France et des Français.

A quelques jours du 14 juillet, symbole de notre fraternité, j'appelle chacune et chacun au rassemblement pour qu'ensemble, fidèles à nos valeurs, nous sachions faire vivre une certaine idée de l'Homme, une certaine idée de la France.

Je vous remercie.

  Les droits sociaux à l'aune du libéralisme

Par Marie Cévé, membre du comité central de la Ligue des Droits de l'Homme, référent pour les droits économiques et sociaux.
Extrait de l'excellent livre "L'état des droits de l'homme en France" édition 2004 (7,50
)

Toute démocratie doit à la fois garantir les libertés publiques et les droits sociaux dont découlent les protections collectives contre les aléas de l'existence, c'est-à-dire garantir à la fois l'État de droit et l'État social. Au cours des Trente Glorieuses, l'État-providence a à peu près comblé l'ensemble des mailles du filet de la protection sociale et les progrès sociaux ont dans l'ensemble été constants. La crise sociale qui sévit depuis la fin des années 1970, en faisant s'effondrer le mythe du plein emploi, a mis en cause la perspective d'une protection de l'ensemble de la population, quel que soit son statut.
Aujourd'hui, dans notre pays, 8,2 millions de personnes vivent en deçà du seuil de pauvreté (personnes ayant des ressources inférieures à 60% du revenu médian, c'est-à-dire le revenu à partir duquel la moitié de la population gagne plus et l'autre moitié moins; soit 3,1 millions de ménages (13,4%)) et 6 millions en deçà d'un minimum social. Pire, 1,3 million de travailleurs vivent dans un ménage dont le revenu est inférieur à ce seuil de pauvreté: l'obtention d'un travail, d'un salaire ne suffit plus à se prémunir contre les risques sociaux. Trois millions de personnes sont mal logées, 86 000 sont sans domicile.
L'augmentation de la précarité touche aujourd'hui non seulement les couches sociales les plus traditionnellement exposées (par exemple les non-diplômés) mais aussi des catégories qui ont pu se sentir longtemps moins menacées (ingénieurs et cadres supérieurs, étudiants entrant dans la vie professionnelle avec un diplôme de haut niveau): le binôme flexibilité-précarité déstabilise l'ensemble des couches intermédiaires, leur statut et leurs perspectives d'avenir (tant pour les intéressés d'aujourd'hui que pour leurs enfants). L'éventail des salaires se creuse. La pauvreté s'accentue alors que la richesse globale augmente. Et les facteurs d'inégalités se cumulent pour certaines catégories comme les jeunes, les femmes et bien sûr, les étrangers. Le chômage des jeunes femmes immigrées est, ainsi, aujourd'hui supérieur à 40 %.
La France est aujourd'hui, de moins en moins une " société d'égaux ".

Les effets d'une logique libérale

Les choix gouvernementaux, au lieu de corriger ces inégalités, ne font au contraire que renforcer leur développement; au lieu de concilier libertés et droits sociaux, ils opposent les unes aux autres et démantèlent les garanties collectives pour mieux " désentraver " la liberté d'entreprendre.
La pensée libérale transforme l'idée de responsabilité individuelle, qui ne saurait être rejetée en elle-même, en un véritable dogme qui fonde la remise en cause systématique de tous les filets sociaux de protection, présentés comme autant de handicaps pour l'initiative individuelle des " entrepreneurs ". Lorsque Denis Kessler, vice-président délégué du Medef exalte les " risquophiles " et flétrit les " risquophobes ", il fait écho à Margaret Thatcher proclamant que " la société n'existe pas " : l'individualisme libéral ne supporte plus de limites. C'est dès lors une logique' du " deux poids, deux mesures " qui semble à l'œuvre. Aux uns, les diminutions d'impôts; aux autres, la suppression des allocations chômage et l'aggravation du contrôle social, comme l'atteste la transformation du RMI en RMA.
Cette dernière mesure est assez emblématique des choix politiques actuels. S'il vaut mieux en effet remettre les gens au travail que les indemniser comme chômeurs, encore faut-il poser quelques garde-fous. Les défenseurs des droits de l'Homme ne peuvent accepter le concept d'" inemployabilité " pour les uns et le retour forcé à l'emploi pour les autres, car ils savent bien que, pour les personnes les plus désocialisées, le chemin de l'emploi est une route longue et difficile qui nécessite la mise en oeuvre de moyens en terme d'accompagnement social et de formation. Dans le contexte de rigueur budgétaire actuel, les titulaires du RMA risquent de n'être qu'un apport de main-d'œuvre sous-qualifiée et bon marché pour les entreprises.
Les gouvernants actuels font comme si la responsabilisation individuelle pouvait, à elle seule, résoudre les problèmes u chômage. On sait bien malheureusement qui fera les frais d'une telle politique: les plus fragiles, bien évidemment.
Il est plus grave encore d'opposer ceux qui ont un travail a ceux qui n'en ont pas, comme lorsque la réduction du temps de travail est rendue responsable de la récession. Comme si, en faisant travailler plus ceux qui ont déjà un emploi, on allait permettre aux chômeurs d'en trouver un. Curieuse façon d'encourager l'effort et de préparer le " choc démographique ".
Plus généralement, la prétendue " économie de l'intelligence " dont se réclament les actuels gouvernants européens devrait considérer les actions de formation, de reconversion, d'amélioration du niveau de santé publique et de protection sociale non comme des charges mais comme des investissements productifs: chômeurs, malades, exclus, délinquants -- outre le gâchis humain qu'ils représentent - constituent un handicap en termes d'efficacité économique. Les politiques de régression des droits sociaux peuvent en ce sens étre globalement considérées non seulement comme éthiquement insupportables mais aussi comme économiquement contre-productives, y compris sur le plan de la compétitivité internationale.
C'est le même illogisme économique qui a prévalu avec la reforme des retraites. Après ce qu'il convient bien d'appeler une caricature de concertation, on a imposé une réforme qui, au motif de sauver la retraite par répartition, développe la capitalisation et fait peser l'effort sur les seuls salariés au mépris des gains de productivité de la nation. On tente de faire croire qu'il suffira de travailler un peu plus pour sauver les retraites alors que cette équation élémentaire fait fi des réalités puisque, aujourd'hui, deux salariés sur trois qui font liquider leur retraite sont déjà sous une forme ou sous une autre en cessation d'activité. On tourne le dos à la solidarité intergénérationnelle la plus élémentaire puisqu'un tel dispositif ne pourra qu'aggraver le chômage des jeunes.
Le nouveau volet de la décentralisation - même si dans son principe la décentralisation peut garantir des droits plus effectifs, dès lors que les moyens suivent et que la péréquation des ressources n'en fait pas une machine à augmenter les inégalités socioterritoriales - ne pourra qu'accentuer les ségrégations sociales et les inégalités territoriales déjà considérables - il suffit de comparer par exemple, le coût d'un enfant scolarisé en Seine-Saint-Denis avec celui d'un jeune fréquentant les lycées Louis-le-Grand ou Henri-IV à Paris.
L'ordre public social est attaqué avec la mise en cause de la hiérarchie des normes proposée dans le cadre du projet de loi sur " le dialogue social ", qui autorise la signature d'accords d'entreprise régressifs par rapport aux accords de branche. Des projets en cours menacent des pans entiers du droit du travail à commencer par la mise en cause du contrat de travail à durée indéterminée. Là encore, il faudrait selon le gouvernement actuel supprimer les entraves à la liberté d'entreprendre considérées comme autant de freins à l'emploi.
Et pourtant, dans l'entreprise, rarement les conditions de travail ont été aussi éprouvantes notamment dans le domaine de la santé morale. La performance, la compétitivité et la rentabilité à tout prix semblent dans une très grande majorité d'entreprises le seul guide des politiques de ressources humaines et conduisent à une individualisation des rapports sociaux, destructrice du tissu social et de la capacité collective d'expression et de défense des salariés. Rien ne doit plus s'opposer aux politiques de management de l'entreprise.
Notre système de Sécurité sociale est lui aussi mis en cause. Après le système de retraite, c'est l'assurance maladie. Une logique de responsabilité individuelle est là encore privilégiée au détriment des solidarités collectives.
C'est le rôle régulateur de l'État qui est nié, la recherche d'un meilleur équilibre entre capital et salariat qui est refusée, la conception de la solidarité envers les risques sociaux qui est remplacée par une simple logique de responsabilité, dont on cherche à atténuer les effets les plus pervers par des dispositifs d'assistance (voir Robert CASTEL, L'insécurité sociale: qu'est-ce qu'être protégé-, Seuil, Paris, 2003). C'est le socle fondamental du pacte républicain qui est contesté, c'est le modèle social issu du programme de la Résistance avec son système de protection sociale et ses filets de sécurité que l'on cherche à détruire dans le cadre d'une offensive assez proche du thatchérisme, surtout si l'on y ajoute la mise en cause des derniers services publics économiques " à la française " et la privatisation des dernières entreprises publiques.
On ajoutera que certains de ces discours fleurent bon le XIXe siècle, avec le retour aux fondamentaux du libéralisme et de ses dogmes (non moins rigides, paradoxalement, que ceux du stalinisme).
La même régression conduit à poursuivre sur le plan pénal ceux qui tentent de s'opposer à cette politique, comme l'a bien montré l'affaire Bové et d'autres procédures pénales intentées contre d'autres militants syndicaux. La Ligue des droits de l'Homme s'est opposée à cette criminalisation du mouvement social qui fleure bon le retour à un ordre social que l'on entend maintenir à tout prix.

Pour une citoyenneté sociale

La LDH refuse la logique des boucs émissaires et la criminalisation de la pauvreté. Elle a vivement critiqué la loi Sarkozy qui dénonce à l'opprobre public les mendiants, les prostitué(e)s, les gens du voyage et les jeunes de banlieues comme seuls responsables de l'insécurité.
Face à cette évolution, le rôle de la LDH est évident et f onforme à toute son histoire. Ses principes ont été réaffirmés lors du congrès d'Évry en juin 2003 3. Plus que jamais, il nous taut mettre en avant le socle de l'indivisibilité des droits, qu'ils soient civils et politiques, économiques, sociaux ou culturels, qu'ils soient individuels ou collectifs. Plus que jamais le concept de citoyenneté sociale doit être réaffirmé. Comment imaginer qu'il puisse y avoir un réel exercice de la citoyenneté, y compris dans l'entreprise, sans un égal accès aux droits sociaux, tant individuels que collectifs, et sans une garantie effective quant à leur mise en oeuvre -
Plus que jamais, la LDH fait de l'égalité sociale une de ses priorités et combat toutes les mesures de régression et d'injustice sociales, à commencer par celles qui touchent les plus pauvres, comme la suppression de l'accès immédiat et de la gratuité de l'aide médicale d'État qui frappe ceux qui n'ont pas de ressources et constitue une menace pour la santé publique 4. Nous refusons de vivre dans une société à deux, voire à trois vitesses.
Cette orientation est d'autant plus inacceptable que d'autres sociétés européennes, notamment dans les pays scandinaves, ont su conjuguer le souci de la compétitivité avec la préservation de niveaux élevés de protection sociale et l'adaptation de services publics aux évolutions contemporaines (notamment sur le plan du vieillissement des populations). Les raisons avancées au soutien des politiques de régression actuelles se révèlent, à l'aune de ces comparaisons, essentiellement idéologiques.
La LDH dénonce l'opposition entre liberté(s) et droits sociaux et affirme au contraire que c'est seulement en conciliant les uns et les autres que l'égalité peut devenir effective. C'est en nous battant pour une égalité réelle que nous donnons un sens aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité,
4. Un recours devant le comité de contrôle de la charte sociale européenne a été engagé conjointement avec le GISTI et la FIDH.
que nous pourrons empêcher les antagonismes et les communautarismes de se développer, et que nous lutterons efficacement contre la montée des violences dans les banlieues. Plus que jamais, à l'opposé du dogme darwinien de la concurrence universelle, le concept de citoyenneté sociale a un sens: il donne une dimension civique au mouvement social. C'est un des principaux enjeux de la construction des Forums sociaux ; c'est une alternative à la montée des peurs et de la désespérance qui font le lit des intégrismes en tout genre, et pas seulement islamistes.
Face à cette évolution, le rôle de la LDH est évident et conforme à toute son histoire. Ses principes ont été réaffirmés lors du congrès d'Évry en juin 2003 (cf. " résolution sur la situation sociale " consultable sur www.Idh-France.org). Plus que jamais, il nous faut mettre en avant le socle de l'indivisibilité des droits, qu'ils soient civils et politiques, économiques, sociaux ou culturels, qu'ils soient individuels ou collectifs. Plus que jamais le concept de citoyenneté sociale doit être réaffirmé. Comment imaginer qu'il puisse y avoir un réel exercice de la citoyenneté, y compris dans l'entreprise, sans un égal accès aux droits sociaux, tant individuels que collectifs, et sans une garantie effective quant à leur mise en œuvre ?
Plus que jamais, la LDH fait de l'égalité sociale une de ses priorités et combat toutes les mesures de régression et d'injustice sociales, à commencer par celles qui touchent les plus pauvres, comme la suppression de l'accès immédiat et de la gratuité de l'aide médicale d'État qui frappe ceux qui n'ont pas de ressources et constitue une menace pour la santé publique (4. Un recours devant le comité de contrôle de la charte sociale européenne a été engagé conjointement avec le GISTI et la FIDH).
Nous refusons de vivre dans une société à deux, voire à trois vitesses.
Cette orientation est d'autant plus inacceptable que d'autres sociétés européennes, notamment dans les pays scandinaves, ont su conjuguer le souci de la compétitivité avec la préservation de niveaux élevés de protection sociale et l'adaptation de services publics aux évolutions contemporaines (notamment sur le plan du vieillissement des populations). Les raisons avancées au soutien des politiques de régression actuelles se révèlent, à l'aune de ces comparaisons, essentiellement idéologiques.
La LDH dénonce l'opposition entre liberté(s) et droits sociaux et affirme au contraire que c'est seulement en conciliant les uns et les autres que l'égalité peut devenir effective. C'est en nous battant pour une égalité réelle que nous donnons un sens aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, que nous pourrons empêcher les antagonismes et les communautarismes de se développer, et que nous lutterons efficacement contre la montée des violences dans les banlieues. Plus que jamais, à l'opposé du dogme darwinien de la concurrence universelle, le concept de citoyenneté sociale a un sens: il donne une dimension civique au mouvement social. C'est un des principaux enjeux de la construction des Forums sociaux ; c'est une alternative à la montée des peurs et de la désespérance qui font le lit des intégrismes en tout genre, et pas seulement islamistes.

 

 


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