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Stephen Frears
Né à Leicester, en Angleterre, le 20 juin 1941, Stephen Frears effectue
ses études à la faculté de droit de Cambridge, puis entre comme assistant
metteur en scène au Royal Court Theatre de Chelsea. Il bifurque ensuite vers le
cinéma et trouve rapidement sa place au sein de la Nouvelle Vague britannique.
Après avoir assisté Karel Reisz sur Morgan, il entre à la Memorial Enterprises
d'Albert Finney, où il secondera ce dernier sur le tournage de Charlie Bubbles,
puis Lindsay Anderson sur If.... Frears réalise ensuite, en 1967, le court
métrage The Burning, qui traitait des tensions raciales en Afrique du Sud, et,
en 1970, fait la connaissance du scénariste Neville Smith, que passionnent
comme lui les romans noirs de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett. De cette
rencontre naîtra le scénario de Gumshoe, histoire tragique d'un “loser”, fou de
polars, qui décide de se faire passer pour un privé. Albert Finney produit et
interprète ce thriller désenchanté qui lui offrira l'un de ses rôles les plus
savoureux. Sur la lancée de Gumshoe, Frears entre à la télévision, où il
réalisera en douze ans une bonne vingtaine de dramatiques inspirées des
meilleurs auteurs britanniques : Neville Smith, Tom Stoppard, Alan
Bennett, Christopher Hamton, David Hare, etc.
En 1984, le réalisateur se décide à mettre en scène son deuxième film, à
nouveau un policier, le très savoureux The hit, avec John Hurt, Terence Stamp
et Laura Del Sol lancés dans une virée macabre en Espagne. Le succès
international conforte le réalisateur de continuer sur grand écran, alors même
qu'il met sa carrière télévisuelle entre parenthèses. Entre 1985 et 1987, il
profite de sa renommée pour s'orienter vers une veine délibérément sociale, et
pour dénoncer, au gré de trois films virulents, la déliquescence de la société
britannique : My beautiful laundrette, d'après Hanif Kureishi, qui révéla
Daniel Day Lewis et mit l'homosexualité au goût du jour
cinématographique ; Prick up, qui offrit à Gary Oldman son premier grand
rôle, celui du dramaturge Joe Orton ; et enfin Sammy et Rosie s'envoient
en l'air, comédie sentimentale agitée sur fond d'émeutes raciales. Une fois
cette trilogie accomplie et la reconnaissance mondiale obtenue, Frears
s'attaque à son premier film en costumes en adaptant "Les liaisons
dangereuses" de Choderlos de Laclos, avec Michelle Pfeiffer et John
Malkovich. Un film qui brille par son humour cynique, son regard sophistiqué et
réaliste sur une fin de siècle particulièrement tourmentée, soit autant de
qualités typiques du cinéma de Frears et qui contribueront au succès critique
et populaire de son premier film américain, Les arnaqueurs. Alternant depuis
plusieurs années les tournages entre les Etats-Unis et l'Angleterre, il réalise
dans son pays natal deux volets de la trilogie sociale de l'écrivain Roddy
Doyle, The snapper et The van (le troisième étant Les Commitments d'Alan
Parker), avec en vedette le comédien irlandais Colm Meaney. Aux Etats-Unis, il
signe la comédie satirique Héros malgré lui, avec Dustin Hoffman, qui essuie un
sévère échec aux Etats-Unis, mais remporte un joli succès en France. Mary
Reilly proposait de son côté une approche inédite du classique de Stevenson,
"Docteur Jekyll et Mr. Hyde", en s'intéressant particulièrement à la
bonne de Jekyll, incarnée à l'écran par Julia Roberts. Très sombre, le film ne
fit malheureusement pas recette. Son western crépusculaire The hi-lo country ne
remporte pas non plus un succès considérable. Retour, du coup, à une veine
sociale et humoristique avec High fidelity, pour lequel il retrouve John Cusack
et le plaisir de l'adaptation littéraire (ici un roman culte de Nick Hornby).
Dans la foulée, Frears achève un téléfilm, "Fail Safe", avec Richard
Dreyfus et Noah Wyle, un drame historique située en plein cœur de la guerre
froide, puis s’attèle, avec Liam, au portrait d’un enfant au cœur de la
tourmente et de la misère qui déchira l’Irlande avant la Seconde Guerre
mondiale. Une œuvre d’une humilité troublante et qui remporte un certain
succès.
Mais Stephen Frears jongle depuis toujours avec les époques et avec les
genres, on le retrouve alors, en 2002, aux commandes d’un drame social
contemporaine sur fond d’immigration clandestine : Dirty pretty things,
pour lequel il réunit un casting international, dont Audrey Tautou et Sergi Lopez,
puis il réalise le drame “historique” Madame Henderson présente, contant la vie
d’un cabaret dans le Londres bombardé de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, il présente The Queen, suivant la gestion de la crise ayant suivi
la disparition de Lady Di (suite à une triste affaire de poteaux carrés) par
Elizabeth II et le alors tout récent premier Ministre Tony Blair.
FILMOGRAPHIE
1971 Gumshoe (id.)
1984 The Hit (The hit – Le crime était presque parfait)
1985 My Beautiful Laundrette (id.)
1987 Prick Up Your Ears (Prick up)
Samie and Rosie Get
Laid (Samie et Rosie s'envoient en l'air)
1988 Dangerous Liaisons (Les liaisons dangereuses)
1990 The Grifters (Les arnaqueurs)
1992 Hero (Héros malgré lui)
1993 The Snapper (id.)
1995 Mary Reilly (id.)
1996 The Van (id.)
1998 The Hi-Lo Country (id.)
1999 High Fidelity (id.)
2001 Liam (id.)
2002 Dirty Pretty Things (id.)
2005 Mrs Henderson Presents (Madame Henderson présente)
2006 The Queen (id.)