Rhône-Poulenc

 

La constitution du groupe Rhône-Poulenc date de 1928, avec la fusion de la Compagnie du Rhône, une entreprise de chimie lyonnaise spécialisée dans la production de colorants, et du laboratoire pharmaceutique parisien Poulenc Frères. Depuis cette date, le groupe a connu une importante évolution tant dans son statut — passage du secteur public au privé — que dans sa politique et ses activités. Après s'être développé dans le secteur de la chimie de base, Rhône-Poulenc s'est diversifié dans toute une série de métiers connexes à la chimie (agrochimie, fibres et polymères), au moyen d'une stratégie de croissance externe qui lui a permis d'acquérir successivement Pharmuka, une filiale de Pechiney-Ugine-Kulhmann (1983), l'activité agrochimique de l'entreprise américaine Union Carbide (1986), RTZ Chemical (1989) ou encore les laboratoires Rorer aux États-Unis (1990). Destinée à lui assurer une forte présence sur l'ensemble des marchés internationaux, cette stratégie d'acquisition effrénée offre à Rhône-Poulenc une implantation dans 160 pays, dont 55 sites de production en France, 50 en Europe et près de une centaine dans le reste du monde, le marché français ne représentant plus que 20 % de son chiffre d'affaires. Elle a cependant engendré un surendettement dont Rhône-Poulenc n'a pu se défaire qu'en ciblant ses activités.

 

Repositionnement dans l'industrie pharmaceutique

 

Le rapprochement opéré avec le groupe pharmaceutique allemand Hoescht dans le domaine des sciences de la vie (activités chimiques et pharmaceutiques appliquées à la santé animale et végétale) est révélateur du repositionnement dans le domaine pharmaceutique du chimiste français, premier producteur mondial de vaccins, au détriment des activités chimiques traditionnelles. La constitution d'une filiale commune franco-allemande baptisée Aventis, dont le potentiel de chiffre d'affaires mondial cumulé est estimé autour de 100 milliards de francs pour cette seule activité (à titre de comparaison, Rhône-Poulenc réalise seul, dans l'ensemble de ses métiers, un chiffre d'affaires de 90 milliards de francs) donne ainsi naissance à une nouvelle spécialisation pour Rhône-Poulenc. Celle-ci, par ailleurs, est compatible avec l'activité de sa principale filiale, Rhodia (115 sites de production répartis dans le monde, 23?500 salariés, un chiffre d'affaires de l'ordre de 40 milliards de francs par an), qui développe ses activités dans la chimie dite de spécialité (beauté, santé, alimentation).

Après le rapprochement entre Ciba-Ceigy et Sandoz (1998) et l'annonce de la fusion entre les laboratoires pharmaceutiques Zeneca et Astra (1999), Rhône-Poulenc entre, à son tour, dans un nouveau cycle de fusions-acquisitions aux objectifs ciblés qui n'est pas comparable à ce qui avait cours entre 1986 et 1992.

Elf-Aquitaine

 

 

 

Historique de la création

C'est la découverte en juillet 1939, d'un champ de gaz à Saint-Marcet, en région Aquitaine, qui incite les pouvoirs publics de l'époque à créer une entreprise nationale chargée d'exploiter les ressources en hydrocarbures présentes sur le sol français: la Régie autonome des pétroles (RAP) est fondée, la même année. En 1941, la découverte d'un second gisement de gaz, près de Lacq entraîne de la même manière la création de la Société nationale des pétroles d'Aquitaine (SNPA). Après-guerre, l'institution du Bureau de recherches des pétroles (BRP), établissement public destiné à promouvoir, sur le plan technique et financier, la recherche de pétrole en France (métropole et Outre-mer) et dans les pays rattachés à la France par des liens particuliers (les colonies), complète le dispositif de la politique publique en matière d'approvisionnement énergétique.

C'est de la fusion de ces deux sociétés et de cet organisme qu'est né le groupe Elf. En 1965, la RAP et le BRP fusionnent pour former l'ERAP (Entreprise de recherche et d'activité pétrolière), qui elle-même intègre les actifs des deux sociétés que sont l'Union générale et l'Union industrielle des pétroles, l'une destinée au raffinage, l'autre à la commercialisation des carburants. Ce gigantesque "assemblage" industriel trouve son aboutissement en 1976, lorsque la SNPA absorbe à son tour l'ERAP, la nouvelle société prenant le nom de Société nationale Elf-Aquitaine. La seule cohérence donnée à cet ensemble consistait en l'institution, depuis 1967, d'une marque commerciale unique pour tous les produits — gaziers, pétroliers, chimiques — vendus par ces sociétés: Elf.

La société qui, en cette même année 1967, a absorbé Antar, exploite du gaz en France — le gisement de Lacq, qui n'est pas à ce jour épuisé —, prospecte à l'étranger à la recherche de gisements pétroliers: les premiers sont découverts au Gabon et dans le Sahara algérien, leur exploitation dure jusqu'en 1971, date de la nationalisation des actifs du groupe en Algérie.

Diversification des activités

Marquées par une augmentation des cours du brut et une crise de raffinage, les années 1970 sont des années de diversification. Elf, comme toutes les entreprises pétrolières, a intégré à sa principale activité différents métiers dont la technologie s'apparente au savoir-faire utilisé dans l'exploitation des hydrocarbures. La diversification dans l'industrie chimique date de la fin des années 1960 avec la constitution du groupe Ato, créé en partenariat avec Total, qui, en 1983, prend le nom d'Atochem, date à laquelle ce groupe reprend les activités chimiques du groupe Pechiney-Ugine Kuhlmann.

Elf a trouvé un prolongement naturel à cette activité avec Sanofi, filiale qui se consacre à l'industrie pharmaceutique et à la cosmétologie, deux métiers fortement consommateurs de produits chimiques spécialisés. Sanofi a récemment fait l'objet d'une vaste réorganisation, le pôle pharmaceutique ayant fusionné avec le laboratoire Synthélabo — propriété du groupe L'Oréal —, alors que Sanofi-Beauté — entre autres propriétaire de la marque de haute couture Yves Saint-Laurent — a été cédée à Artemis, la société holding qui gère les intérêts du groupe PPR dirigé par François Pinault, pour un montant de 6 milliards de francs.

 

C'est toutefois le pétrole qui reste la première activité du groupe Elf, privatisé depuis 1994, activité qui connaît une nouvelle crise depuis le début des années 1990. Malgré la mise en valeur de nouveaux gisements, notamment off-shore en Afrique (Angola, Guinée, bassin du Zaïre), la décrue régulière des cours du pétrole rogne les marges bénéficiaires du premier groupe industriel français qui vient de voir son concurrent dans l'hexagone, Total, le dépasser depuis que celui-ci a fusionné avec la société belge Petrofina. Dans un contexte international qui favorise les rapprochements entre sociétés pétrolières, les observateurs attendent de voir de quelle manière Elf répondra à ce nouveau défi industriel.

Total s'est engagé dans la voie de la pluriactivité. Cette stratégie conduit aujourd?hui à des rapprochements entre pétroliers. Après la fusion de British Petroleum et Amoco (août 1998), puis celle d'Exxon et de Mobil (décembre 1998), le groupe français Total s'est allié, en 1999, avec Petrofina, une entreprise belge, prenant ainsi la place de premier pétrolier français à Elf-Aquitaine, groupe sur lequel, il a lancé en juin 1999 une OPA.