Aerospatiale Matra

Société aéronautique et spatiale française.
L'aéronautique: un secteur d'excellence
L'industrie aéronautique et spatiale est, depuis toujours, un secteur d'excellence industrielle et technologique française, et cela malgré l'étroitesse du marché intérieur. Cette position explique la volonté des pouvoirs publics de voir ce secteur se développer grâce à un réseau d'alliances - une politique que symbolise, notamment, l'histoire de la firme Aerospatiale.
La société naît en 1970 du regroupement de trois avionneurs français (La Sereb, Nord Aviation et Sud Aviation) qui s'unissent afin de former la Société nationale industrielle et aérospatiale (SNIAS), qui devient Aerospatiale en 1984. Chacune de ces entreprises avait participé aux premiers succès de l'aéronautique civile française, du programme Caravelle, dont le premier vol date de 1955, au programme Concorde développé à partir de 1962. À la suite de ce regroupement, Aerospatiale noue des alliances européennes avec les autres entreprises du secteur dans le domaine civil (avec les Italiens d'Alenia au sein du programme ATR pour l'exploitation des lignes régionales avec des avions de petite capacité, coopération qui devient trinationale au sein d'AER avec la firme British Aerospace) et militaire (les missiles Hadès sont développés en coopération avec les Allemands). Le point d'orgue de ce regroupement aboutit à la constitution d'Airbus Industries, concurrent direct de Boeing.

Une privatisation partielle pour un nouveau visage

Devant la recomposition qui touche tant le secteur aéronautique mondial que les industries d'armement, les autorités publiques françaises ont procédé, en février 1999, à la privatisation partielle de la société Aerospatiale. C'est le groupe Lagardère qui est devenu l'actionnaire privé de référence d'Aerospatiale avec 33 % du capital, le reliquat étant partagé entre l'État qui conserve 44 % du capital, les salariés (qui en détiennent 3 à 4 %) et le public pour 20 % environ. L'introduction en Bourse de ces derniers 20 % devrait rapporter à l'État de 12 à 15 milliards de francs. En apportant à Aerospatiale ses activités liées à la défense et à l'espace, par le biais de l'apport de sa filiale Matra Hautes Technologies, le groupe Lagardère et Aerospatiale forment un nouvel ensemble qui se positionne au cinquième rang mondial des industriels de l'aéronautique. Au niveau européen, le groupe français, avec un chiffre d'affaires évalué à 79 milliards de francs (12 milliards d'euros), devient le numéro deux de l'industrie de défense derrière le groupe britannique formé par l'association entre British Aerospace et GEC-Marconi. Cette alliance industrielle permet à Aerospatiale Matra d'être présent dans l'ensemble des métiers de ce secteur d'activité, de l'aéronautique civile et militaire (grâce à ses participations au sein d'Airbus Industries et du groupe Dassault-Aviation, dont l'État avait en 1998 cédé à Aerospatiale les 46 % du capital qu'il détenait), aux hélicoptères de combat (avec Eurocopter, dont Aerospatiale détient 70 % du capital en association avec le groupe germano-américain Daimler-Chrysler Aerospace), en passant par l'élaboration de missiles tactiques et stratégiques et, en dernier lieu, dans les technologies de l'espace, Aerospatiale étant le maître d'œuvre du programme Ariane.
Le nouveau visage qu'offre Aerospatiale depuis cette alliance avec un partenaire privé s'inscrit dans un vaste mouvement de concentration, amorcé cinq ans plus tôt, des entreprises de ce secteur, notamment aux États-Unis, et qui s'est accéléré depuis l'annonce de la fusion des firmes Boeing et Mc Donnell Douglas. De ce fait, le rapprochement entre Matra et Aerospatiale ne saurait être sans effet sur le futur statut du consortium européen Airbus, qui, de simple groupement d'intérêt économique (GIE), devrait être transformé en société anonyme. Le poids acquis par la nouvelle société Aerospatiale devrait peser sur les négociations avec ses partenaires britanniques et allemands quant à la future répartition du capital au sein d'Airbus, dont Aerospatiale détient aujourd?hui 39 %.
Enfin et surtout, ce regroupement des forces hexagonales préfigure un mouvement d'ampleur plus large qui, au niveau communautaire, devrait se matérialiser par la constitution d'une société européenne commune aéronautique et spatiale civile et militaire. Baptisé EADC (European Airbus Defense Company), ce projet devrait associer l'ensemble des grands groupes européens du secteur - Aerospatiale Matra, British Aerospace, Daimler-Chrysler Aerospace, la firme espagnole Casa, ainsi que l'entreprise italienne Alenia et le groupe suédois Saab.

Alcatel

De l'électricité aux systèmes de communication

L'histoire de l'entreprise plonge ses racines à la fin du XIXe siècle (1898), avec la constitution du premier holding français exploitant les possibilités offertes par une source d'énergie nouvelle: l'électricité. La société porte alors le nom de Compagnie générale d'électricité; elle diversifie ses activités après la Seconde Guerre mondiale à la suite de la nationalisation du secteur électrique au profit d'EDF, qui la prive de la moitié de son chiffre d'affaires. De cette époque datent le développement de la production de matériels électriques (matériels ferroviaires essentiellement), des grands travaux - la CGE prend le contrôle d'Alsthom, qui participe au programme nucléaire français et assemble les éléments nécessaires au fonctionnement des centrales -, ainsi que l'essor de son activité liée aux systèmes de communications avec le rachat d'Alcatel, en 1962.
Nationalisation: naissance d'Alcatel-Alsthom…
Au début des années 1980, le groupe est nationalisé et poursuit son activité sous la dénomination Alcatel-Alsthom. Il jouit alors d'une pluriactivité: téléphone, systèmes de réseaux, radiocommunications, électronique professionnelle, transport et énergie, électronique de défense et activité spatiale.
… et privatisation: Alcatel
Les années 1990 sont celles d'un retour de la société au secteur privé et d'un recentrage de ses activités. Rebaptisé Alcatel, le groupe a désormais pour principal métier les télécommunications (75 % de son chiffre d'affaires) avec deux prolongements, l'électromécanique logée chez Alsthom - qui a modifié sa dénomination en Alstom et gagné en poids depuis la fusion de ses activités énergétiques avec l'entreprise helvético-suédoise ABB -, où Alcatel détient 24 % du capital, et l'électronique de défense avec Thomson-CSF, où Alcatel détient 16 % du capital, les deux entités étant clairement devenues indépendantes.

Nouvelles technologies et nouveaux marchés

La mutation profonde des télécommunications crée un contexte concurrentiel nouveau pour le groupe français, autrefois habitué à vivre sur le long terme grâce à des commandes publiques d'opérateurs comme France Telecom. Le marché est actuellement dominé par les deux activités nouvelles que sont la téléphonie mobile et la transmission de données.
La filière mobile (équipements et services) représente aujourd?hui 30 % du chiffre d'affaires réalisé, au niveau mondial, sur ce marché. Face à des opérateurs comme Ericsson, Nokia ou Lucent, Alcatel a développé un partenariat avec l'entreprise américaine Motorola afin de prendre position pour l'avenir, précisément à l'échéance 2002, date à laquelle devrait être mise en service une nouvelle norme de fonctionnement des téléphones mobiles baptisée G3. Alors que le marché est aujourd?hui compartimenté entre deux systèmes standard - la norme GSM pour l'Europe, la norme CDMA aux États-Unis et en Asie -, la norme G3 doit s'imposer comme un standard universel permettant d'offrir aux utilisateurs toute une gamme de services multimédias (vidéo, transfert de fichiers, navigation sur Internet). D'où l'importance pour Alcatel de défendre ses parts de marché, estimées actuellement à 12 % du marché de téléphonie mobile fonctionnant sous la GSM en Europe, ce qui positionne le groupe français au cinquième rang mondial. Une position renforcée depuis 1998 avec l'acquisition, aux États-Unis, de DMC, un fabricant de centraux téléphoniques.
Téléphonie mobile et réseau Internet
Au-delà de cette activité, l'essor spectaculaire du réseau Internet bouleverse le marché des équipements des télécommunications, le transport de données supplantant "celui de la voix". Les réseaux de données multiplient passerelles entre informatique et communications, entraînant une mutation des technologies applicables aux échanges de données numérisées, quel qu'en soit le support. Alcatel a ainsi dû diversifier son savoir-faire, et pour cela agréger autour d'elle de nouveaux partenaires. C'est chose faite depuis 1999 avec le rachat de Xylan, une société américaine spécialisée dans les équipements de commutation de données à destination des entreprises. Cette acquisition permet à Alcatel de s'ancrer durablement aux États-Unis, principal pôle de croissance actuel du marché des télécommunications, pays où Alcatel réalise 20 % de son activité.

BOEING

La domination sur l'aviation militaire
Si cette fusion marque la suprématie de Boeing en matière d'aviation commerciale - McDonnell fut pendant longtemps le premier constructeur mondial d'avions de ligne, notamment avec ses modèles DC-6, DC-8 et DC-9 -, elle constitue surtout une mainmise de Boeing en matière d'aviation militaire, McDD bénéficiant d'importants budgets attribués par le Pentagone pour la production d'avions de combat. Boeing avait déjà révélé son intérêt pour ce type d'activité en reprenant la société Rockwell (1996), qui lui avait permis de créer une filiale, Boeing North America, occupant 50?000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires de 45 milliards de francs dans la défense et l'espace. La reprise des activités de McDD favorise le rééquilibrage entre activités civiles et militaires qui s'établit désormais dans la proportion de deux tiers pour les premières, un tiers pour les secondes.

Lagardère

Constitué sous la forme d'une société en commandite par actions, ce holding industriel (CA 1998: 70?138 millions de francs, soit 10?692 millions d'euros) regroupe les activités de communication issues de Hachette rachetées par Jean-Luc Lagardère et Daniel Filippacchi en 1981, un pôle automobile ainsi qu'une participation de 33 % dans les activités de hautes technologies d'Aerospatiale Matra.
Le pôle communication
Rassemblées au sein de Lagardère Médias, les activités de communication sont gérées dans le cadre de quatre structures. Hachette Livre se positionne au premier rang des éditeurs de livres scolaires, position renforcée depuis l'acquisition de Hatier en 1996, et regroupe plusieurs éditeurs prestigieux (Grasset, Fayard, Stock, Calmann-Lévy, Livre de Poche…). Hachette Distribution Service est le premier groupe mondial de distribution et de diffusion de presse écrite, notamment en France avec le réseau "Relais H". Hachette Filipacchi Médias publie près de 130 titres de presse magazine dans 32 pays au nombre desquels on peut citer Paris-Match, Télé 7 jours, Elle, Woman?s Day ou Car and Driver. Lagardère Médias gère aussi des stations de radio, (Europe 1, Europe 2, RFM), des participations dans des chaînes thématiques (Canal J, MCM, La chaîne Météo…) et de nombreuses sociétés de production de télévision et de cinéma, à travers sa filiale Europe 1 Communication. À ces activités, s'est adjoint dès 1994 une structure dédiée au multimédia et aux nouvelles technologies de communication. Aujourd?hui Grolier Interactive édite des produits off-line (encyclopédies, jeunesse, loisirs et vie pratique) et on line (200 sites réalisés depuis 1995) et est l'un des premiers fournisseurs d'accès français sous la marque Club Internet.

Le pôle automobile

Matra Automobile est un constructeur atypique. Grâce à son bureau d'études performant et créatif, il peut mettre un véhicule sur le marché dans des temps records et à un niveau d'investissement très largement inférieur à ceux d'un constructeur classique en respectant le standard de qualité. Après la 530, la Bagheera, la Murena et la Rancho, Matra Automobile produit l'Espace, fabriqué et commercialisé avec Renault et vendu à plus de 650?000 exemplaires depuis 1984.

Le pôle hautes technologies

En juin 1999, dans le cadre de la privatisation d'Aerospatiale, Lagardère SCA devient le partenaire stratégique de la nouvelle société Aerospatiale Matra, par l'apport de ses actifs Matra Hautes Technologies.
Ces apports consistent en 50 % de Matra BAe Dynamics, 50 % de Matra Marconi Space, 50 % de Matra Nortel Communications et de 100 % de Matra Systèmes et Informations. La nouvelle société ainsi constituée, et cotée à la Bourse de Paris depuis le 11 juin 1999, occupe, dans les domaines de l'aéronautique et de la défense, la place de 2e européen et 5e mondial. En outre, préalablement à la privatisation d'Aerospatiale, cette société avait acquis 46 % de Dassault Aviation.