>>Accueil du site sitécon


Vous êtes ICI -> Accueil du site / Sommaire Examens / Sommaire Cours SES / La page actuelle


regul_cohesociale

| famille (sociologie) | état | entreprise | enseignement en France | sociologie |

 

psychosociologie

1 INTRODUCTION

psychosociologie, branche de la psychologie centrée sur l'étude scientifique du comportement des individus comme êtres faisant partie d'un groupe, d'une société.

Les psychosociologues ont décrit un très grand nombre d'objets qui paraissent relativement hétéroclites, comme la communication dans les groupes restreints, les enquêtes d'opinion, les processus de commandement et de leadership. Il en résulte que la discipline paraît aujourd'hui quelque peu floue quant à ses méthodes, son histoire et son objet. La richesse et l'ambiguïté de cette situation contribuent à amplifier l'intérêt qu'elle présente aujourd'hui pour diverses disciplines voisines.

2 GENÈSE DE LA THÉORIE

La psychologie sociale remonte aux premières investigations sur les rapports de l'homme à la société. Plusieurs problèmes de la psychologie sociale contemporaine avaient déjà été posés et traités par les philosophes, bien avant que la psychologie ait été séparée du tronc commun de la philosophie. Certaines questions avaient ainsi été formulées par Aristote, dont l'adage « L'homme est un animal politique » (c'est-à-dire destiné à vivre dans la cité) exerça une influence décisive sur la postérité, ainsi que par d'autres philosophes, comme l'Italien Machiavel ou l'Anglais Thomas Hobbes (« l'homme est un loup pour l'homme »), qui ont alimenté la psychologie sociale contemporaine.

La psychologie sociale contemporaine est née avec le philosophe américain George Herbert Mead (1863-1931). Celui-ci considérait que notre conscience est constituée par l'action sociale, la communication et l'intériorisation des rôles que jouent les hommes en société. En fait, Mead était influencé par le béhaviorisme du psychologue John Broadus Watson (1878-1958), qui connaissait aux États-Unis un succès foudroyant. La psychologie sociale a pris une forme moins philosophique et plus scientifique avec la parution d'un important manuel intitulé Psychologie sociale (1924) par le psychologue américain Floyd H. Allport, qui a eu une influence décisive sur le développement de la psychologie sociale en tant que spécialité de la psychologie générale. Allport s'est servi des principes de l'apprentissage par association pour rendre compte de nombreux comportements sociaux et des phénomènes tels que les mécanismes de la transmission culturelle.

3 PREMIÈRES EXPÉRIENCES

La recherche empirique fit ses débuts dans les années 1930. Elle portait d'abord sur des domaines comme le comportement animal social, la résolution de problèmes en groupe, les attitudes et la persuasion, les stéréotypes nationaux et ethniques, la propagation des rumeurs et le leadership. Le psychologue américain Kurt Lewin a démontré qu'il est nécessaire de faire précéder la recherche d'une analyse théorique, le but de la recherche étant d'élucider les mécanismes qui sous-tendent le comportement étudié. Proposant une explication d'un comportement donné, la théorie permet au chercheur de prédire les conditions dans lesquelles le comportement se produira ou ne se produira pas. Le chercheur programme alors des expériences dont on fait varier méthodiquement les conditions, de sorte qu'il ne reste qu'à observer et à mesurer le comportement qu'elles suscitent. Les résultats permettent ensuite en principe de réviser et de généraliser la théorie. Le pas vers une conception scientifique de la psychologie sociale était ainsi franchi.

En 1939, Lewin et deux de ses étudiants en doctorat publièrent les résultats d'une recherche qui fit date. Les chercheurs avaient fait adopter différents styles de direction par les mêmes adultes alors que ceux-ci dirigeaient des groupes d'enfants. Les adultes cherchaient à établir un climat particulier de leadership — démocratique, autocratique ou de laissez-faire —, en d'autres termes des conditions d'environnement social de trois styles tout à fait opposés. Les réactions des enfants furent observées et un rapport détaillé des différents types d'interaction sociale fut établi. En dépit de certaines faiblesses, l'expérience a montré que le climat social démocratique (notion pourtant obscure) pouvait être créé dans des conditions de laboratoire contrôlées.

L'originalité et le succès de cette recherche eurent un effet libérateur. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, on assista à une vague de recherches expérimentales impliquant la manipulation de l'environnement social par la technique de mise en scène en laboratoire. Parallèlement, la recherche non expérimentale en psychologie sociale obtenait sur le terrain d'importants résultats. Aujourd'hui, la psychologie sociale est dominée par la recherche concrète, pratique et objective au détriment de la recherche spéculative.

4 DOMAINES DE RECHERCHE

La psychologie sociale a des points communs avec de nombreuses autres disciplines, en particulier avec la sociologie et l'anthropologie culturelle. Mais tandis que le sociologue étudie les groupes sociaux et les institutions et que l'anthropologue se penche sur les différentes cultures, le psychosociologue s'intéresse à la façon dont les groupes sociaux, les institutions et les cultures influencent le comportement de l'individu. Les grands domaines de recherche en psychologie sociale s'articulent autour de la socialisation, des attitudes et de leurs changements, de l'affiliation sociale, de la structure du groupe et de la personnalité.

1 Socialisation

Les psychosociologues qui étudient le phénomène de la socialisation, c'est-à-dire le processus par lequel le sujet s'adapte ou est formé à un environnement social, s'intéressent à la façon dont les individus apprennent les règles qui régissent leur comportement vis-à-vis des autres personnes dans la société, qu'il s'agisse des groupes dont ils sont membres ou des individus qu'ils côtoient. La façon dont les enfants apprennent le langage, les rôles sexuels dans la société, les principes moraux et éthiques et le comportement adapté en général ont fait l'objet de recherches approfondies, tout comme les méthodes par lesquelles les adultes apprennent à adapter leur mode de comportement lorsqu'ils sont confrontés à des situations nouvelles.

2 Attitudes et changement d'attitude

Les attitudes des individus dans le groupe sont communément décrites comme des comportements acquis qui exercent une influence régulière sur les réactions individuelles aux objets, aux personnes ou aux groupes. En tant que produit de la socialisation, les attitudes sont considérées comme modifiables.

On a souvent vérifié l'hypothèse selon laquelle les individus tendent à maintenir une cohérence logique entre la perception qu'ils ont d'eux-mêmes et celle qu'attend d'eux leur environnement : cette hypothèse a permis de découvrir que, si le comportement détermine les attitudes (dispositions internes de l'individu à l'égard d'un problème social ou d'un groupe), la relation inverse est tout aussi vraie. Un grand nombre de théories sur la « consistance cognitive » (la cohérence logique) ont acquis une grande importance en psychologie sociale. Ces théories mettent en relief l'intérêt qu'a l'individu à penser que ses idées sont en accord avec sa conduite, ce qui l'incite à réagir, quand il est en face d'une perception inconsistante, par une tentative de réduction de l'inconsistance.

Les recherches des psychosociologues visent à comprendre les conditions dans lesquelles l'individu perçoit une inconsistance et celles dans lesquelles il s'efforce de réduire celle-ci en modifiant certaines de ses attitudes. Les études qui ont été réalisées, étayent la prédiction de la théorie de la consistance : selon celle-ci, les attitudes d'un individu envers un groupe peuvent être modifiées en amenant le sujet à modifier son comportement envers le groupe. Le changement d'attitude représente les efforts de l'individu pour harmoniser les idées qu'il se fait du groupe avec son comportement envers les membres de ce groupe.

3 Affiliation sociale, pouvoir et influence

Les facteurs qui régissent les liens d'affiliation et les rapports d'influence ont fait l'objet de recherches approfondies de la part des psychosociologues. Ainsi, les chercheurs ont mis en évidence qu'un individu, qui ne sait que penser ou comment réagir dans une situation nouvelle ou désagréable, cherchera auprès des autres l'information qui lui fait défaut. Les psychosociologues ont également mis en évidence le fait que les premiers-nés et les enfants uniques sont généralement plus enclins à se joindre à des groupes durant leur vie que les cadets.

4 Structure et fonctionnement de groupe

Les psychosociologues étudient les problèmes liés aux rapports d'influence réciproque entre le groupe et l'individu, entre autres les questions de la fonction, du style et de l'efficacité du leadership. Leurs recherches portent sur les conditions dans lesquelles les individus ou les groupes résolvent leurs conflits par la coopération ou la concurrence, et sur les multiples conséquences de ces modes de résolution des conflits. Les chercheurs tentent également de découvrir par quels moyens les groupes incitent ses membres à la conformité et comment ils traitent les membres récalcitrants ; cette approche permet également de connaître les valeurs spécifiques du groupe.

5 Personnalité et société

Certains psychosociologues centrent leur recherche sur le développement des différences interindividuelles permanentes et sur les conséquences qui en découlent. Ils ont découvert que le degré de motivation face à une tâche, qui peut être mesuré, a une incidence sensible sur la façon dont un individu se comporte dans des situations sociales différentes de celle où a été exécutée cette tâche. Il a été démontré que certains types d'attitude envers l'autorité, comme celui de la « personnalité autoritaire », se manifestent par exemple, dans l'Europe de 1930 à 1945 envers les minorités ethniques ainsi que dans les comportements sociaux et politiques marqués par l'antisémitisme, l'ethnocentrisme, le conservatisme et les tendances antidémocratiques. Le syndrome de la personnalité connu sous le nom de « machiavélisme » est utilisé pour désigner l'attitude de certains individus dotés d'une grande aptitude à dominer des situations interpersonnelles déterminées.

5 LES TECHNIQUES D'INVESTIGATION

La psychologie sociale fait appel à de nombreuses méthodes et techniques de recherche. La recherche fondée sur la théorie a une longue tradition dans cette discipline et des modèles mathématiques sont de plus en plus utilisés dans les études psychosociologiques. Ces modèles théoriques constituent des projections du comportement social dans un système de relations sociales imaginées et sont détaillés et quantifiés à l'aide de paramètres mesurables précis.

Le questionnaire et l'entretien font partie des autres techniques très utilisées dans les sondages d'opinion publique et dans les études des choix entre les produits auprès des consommateurs. Ces deux méthodes constituent un défi considérable pour les enquêteurs. En effet, dans l'enquête sur le terrain, il est impossible de procéder au type de contrôle de l'environnement comme en laboratoire et les effets imperceptibles de variables que l'on peut observer dans les expériences en laboratoire sont fréquemment occultés par d'autres variables présentes dans les environnements sociaux réels.

Le comportement fait souvent l'objet d'observations systématiques dans un cadre naturel ou à l'aide d'ordinateurs programmés pour simuler un comportement social. Des techniques spéciales servent à analyser les statistiques et autres données, à procéder à des mesures d'attitudes, de choix social et d'attirance interpersonnelle. Les mesures psychophysiologiques, mesures des caractéristiques mentales et physiologiques communes, sont également importantes. La recherche transnationale et transculturelle fournit des comparaisons sur les comportements entre nations et cultures, le même travail de recherche étant mené dans plusieurs pays différents en vue de déterminer la validité transculturelle de la recherche.

6 PSYCHOLOGIE SOCIALE APPLIQUÉE

Les principes élaborés en laboratoire et dans la recherche sur le terrain sont appliqués à quantité de situations et de problèmes sociaux. Les chercheurs et conseillers en psychologie sociale appliquée contribuent à tenter de résoudre les problèmes propres aux relations ethniques, aux rapports internationaux, aux liens entre travailleurs dans l'entreprise, aux comportements politique et économique, à l'éducation, à la publicité. Industries, organismes, écoles et groupements de toutes sortes font régulièrement appel aux services des spécialistes en psychosociologie appliquée pour améliorer les relations interpersonnelles, la compréhension entre les membres de groupes en conflit, diagnostiquer et aider à résoudre les problèmes de la production en équipe.

7 RELATIONS SOCIALES

Les psychosociologues se sont, de tout temps, intéressés aux relations personnelles affectives. Les études sur les relations de longue durée ont montré que celles-ci possèdent une structure spécifique comportant des règles et des stéréotypes comportementaux qui se modifient au cours de l'histoire de la relation. Différentes théories ont été exposées pour expliquer l'équilibre des coûts et des récompenses qui sous-tendent les relations et qui aident à surmonter les conflits.

8 COMMUNICATIONS INTERPERSONNELLES

Les psychosociologues ont mis en évidence le rôle central du langage et de la communication dans l'organisation et le fonctionnement de la vie sociale. Il existe une grande tradition de recherche sur la communication non verbale qui montre qu'une communication inconsciente complexe utilisant le langage du corps est nécessaire au bon fonctionnement de l'interaction sociale. C'est de cette façon que l'individu communique sa sympathie et laisse percevoir ses tendances affectives.

La psychologie sociale manifeste actuellement un intérêt croissant pour l'analyse du discours. Le rôle du langage dans la construction du monde social est appréhendé par des méthodes inspirées de la linguistique, en particulier de la pragmatique.

9 COGNITION SOCIALE

Depuis les années 1970, la cognition sociale est au cœur de la psychologie sociale. Elle s'intéresse à l'ensemble des représentations et des croyances qu'ont les individus sur le monde social. Les principaux secteurs de recherche explorent la façon dont l'individu explique son comportement personnel et celui d'autrui, les schémas qu'il projette des situations, la représentation qu'il a de lui-même. Parmi les questions que ces recherches laissent en suspens, figurent celles qui concernent les motivations et les affects liés au fonctionnement cognitif lui-même, ainsi que celles qui ont trait à l'origine des structures du savoir social.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

famille (sociologie)

famille (sociologie)

1 INTRODUCTION

famille (sociologie), groupe social uni par les liens de parenté ou du mariage, présent dans toutes les sociétés humaines. Idéalement, la famille fournit protection, sécurité et socialisation à ses membres. La structure de la famille et les besoins auxquels elle correspond varient d'une société à l'autre. La famille nucléaire — deux adultes et leurs enfants — est l'unité principale dans les pays industrialisés. Dans les pays en développement, la famille nucléaire est subordonnée à une famille étendue, qui comprend également les grands-parents et d'autres membres de la parenté. Un troisième type de famille est la famille monoparentale, souvent éclatée, dans laquelle les enfants vivent avec un père ou une mère non marié, divorcé ou veuf. Ce dernier type est de plus en plus répandu aujourd'hui dans les sociétés occidentales.

2 HISTOIRE

Les anthropologues et de nombreux spécialistes des sciences sociales ont développé plusieurs théories sur la façon dont évoluent les structures et les fonctions familiales. Selon une de ces théories, à l'époque préhistorique de la chasse et de la cueillette, deux ou trois familles, généralement unies par les liens de parenté, se regroupaient pendant une partie de l'année, puis se séparaient en unités nucléaires pendant les saisons où la nourriture était rare. La famille était une unité économique : les hommes chassaient pendant que les femmes préparaient les repas et gardaient les enfants. L'infanticide et l'expulsion des infirmes qui ne pouvaient pas travailler hors du foyer familial étaient vraisemblablement assez répandus. Certains anthropologues soutiennent que les peuples préhistoriques étaient monogames, d'autres que la polygamie était la règle. Comme l'a montré l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, le seul tabou commun aux sociétés archaïques comme aux sociétés contemporaines a toujours été l'inceste, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas pu avoir de procréation entre membres de familles élargies : toutefois, la relation père-fille ou mère-fils a presque toujours été réprimée par le corps social.

Beaucoup de spécialistes des sciences sociales considèrent que la famille occidentale moderne s'est en grande partie constituée sur la base de la structure patriarcale (à domination masculine) de la famille des anciens Hébreux. La famille inspirée de la culture gréco-romaine était également patriarcale et tenue à des préceptes religieux stricts. Parallèlement au déclin des civilisations grecque et romaine dans les siècles qui suivirent, les structures familiales clairement identifiées déclinèrent elles aussi.

Avec l'avènement du christianisme, le mariage et la maternité devinrent des thèmes centraux du discours familial. La nature purement religieuse des liens familiaux fut partiellement abandonnée en faveur des liens civils après la Réforme, dont les idées se propagèrent au début du XVIe siècle. Avec l'important mouvement de sécularisation de la société qui suivit la Révolution française et qui s'étendit à l'ensemble du monde occidental au XIXe siècle, la relation familiale devint une affaire principalement civile ; la famille eut de plus en plus tendance à se rétrécir au couple et à ses enfants, tandis que disparaissait peu à peu l'enracinement au sol que procurait la propriété foncière.

3 LA FAMILLE MODERNE

Des études ont montré que la structure familiale a été moins affectée par l'urbanisation et par l'industrialisation qu'on avait pu le présumer. La morale bourgeoise et le poids de la religion ont tous deux permis la conservation d'une structure familiale fixe et établie, véritable norme sociale inscrite dans l'inconscient collectif. La famille nucléaire était l'unité préindustrielle la plus répandue et reste l'unité de base de l'organisation sociale dans la plupart des sociétés industrielles modernes ; toutefois, la famille moderne diffère de ses formes traditionnelles par ses fonctions, par sa composition, par son cycle de vie et par les rôles dévolus aux pères et aux mères.

La seule fonction de la famille à avoir survécu à tous les changements est celle qui consiste à assurer l'équilibre émotionnel et affectif de ses membres, en particulier des nouveau-nés et des jeunes enfants. Toutefois, la solidarité affective n'est plus statutaire, dans le sens où elle ne correspond plus à un schéma préétabli assurant au père de famille l'autorité complète sur le foyer. Diverses structures économiques et sociales remplissent aujourd'hui nombre de fonctions qui, autrefois, relevaient de la famille : production économique, éducation, enseignement religieux, loisirs, etc. Le monde du travail n'est plus à l'échelle d'une famille — même élargie — et certains spécialistes vont même jusqu'à considérer comme peu pertinente son analyse comme unité de consommation. L'éducation est prise en charge par l'État ou par des institutions privées ; les activités récréatives ont lieu à l'extérieur, même si elles participent à la cohésion de la structure familiale. Si la famille a toujours la responsabilité de la socialisation des enfants, il apparaît que, même dans ce domaine, l'influence de l'entourage et des médias exerce un rôle croissant.

1 Des modifications profondes

La composition de la famille dans les sociétés industrielles a subi de profondes modifications depuis les débuts de la révolution industrielle. Le taux de fécondité des femmes américaines, par exemple, a chuté de six enfants par femme en 1800 à moins de deux au début des années quatre-vingt-dix. En France, il est aujourd'hui de 1,7 enfant par femme (4,6 en 1800), ce qui ne permet pas le renouvellement des générations (voir natalité, taux de). Autrefois, le mariage était normalement dissous par le décès d'un époux avant que le plus jeune des enfants n'ait quitté le foyer familial : aujourd'hui, mari et femme (et couple vivant en concubinage) ont potentiellement autant d'années à vivre ensemble après le départ de leurs enfants du foyer familial qu'avant.

Certaines de ces évolutions sont liées à la transformation du rôle des femmes dans la société. Dans les pays occidentaux, à tous les stades de la vie familiale, les femmes entrent dans le monde du travail — ou le réintègrent après avoir eu des enfants. Leur sortie du champ de l'économie purement domestique où les confinait la répartition traditionnelle des tâches a entraîné dans les années soixante-dix une prise de conscience massive de l'aliénation féminine, ce qui a permis la naissance d'un important mouvement de libération féministe. Parallèlement à l'augmentation des exigences de valorisation personnelle à travers le mariage et la famille, l'allégement des procédures de divorce et l'amélioration des perspectives professionnelles pour les femmes ont contribué à la hausse du taux de divorce en Occident. Dans les années quatre-vingt-dix par exemple, on comptait approximativement un divorce pour deux mariages dans la région parisienne.

Au cours du XXe siècle, les familles étendues ont considérablement diminué. Cette mutation est liée tout particulièrement à l'accroissement de la mobilité résidentielle ainsi qu'à la diminution de la responsabilité financière des enfants envers leurs parents au fur et à mesure de la généralisation du système de retraites. Cette évolution n'empêche pourtant pas le fait que les jeunes foyers ont souvent tendance à s'installer à proximité de leurs parents et qu'ils reproduisent les modèles d'éducation qu'ils ont eux-mêmes expérimentés au cours de leur jeunesse.

2 Les nouvelles familles

Depuis la fin des années soixante-dix, la famille nucléaire type n'est plus le seul modèle parental ; en effet, de nouvelles structures, comme la famille monoparentale, la famille composée et la famille sans enfant ont fait leur apparition. Dans le passé, la famille monoparentale résultait généralement du décès d'un des partenaires ou époux. Aujourd'hui, l'immense majorité des familles monoparentales résulte du divorce, bien que certaines soient le fait de mères célibataires. Cependant, un grand nombre de familles monoparentales finissent par devenir des familles binucléaires, par remariage ou par cohabitation.

Une famille composée est créée par le remariage d'un des parents. Dans les familles composées, les relations entre parents non biologiques et enfants peuvent engendrer certaines tensions ; les difficultés sont parfois accrues lorsque le mariage ou la mise en concubinage d'adultes amène les enfants de deux familles à vivre sous le même toit. Les familles sans enfant semblent correspondre de plus en plus au choix délibéré des partenaires ou des conjoints, choix que facilitent les progrès du contrôle des naissances, même si pendant longtemps la proportion des couples sans enfant avait régulièrement diminué avec la découverte et le développement de méthodes médicales permettant la procréation artificielle. À partir des années soixante-dix, les mutations dans le statut des femmes ont renversé cette tendance. En Occident tout particulièrement, les couples tardent de plus en plus à se marier et choisissent maintenant fréquemment de ne pas avoir d'enfant ou de privilégier d'abord leur carrière professionnelle avant de procréer.

Depuis les années soixante, l'unité familiale a connu diverses variations. Davantage de couples vivent ensemble en concubinage, avant le mariage ou au lieu de se marier. De même, certains couples âgés, souvent en situation de veuvage, privilégient la cohabitation au mariage pour des raisons économiques. Les couples homosexuels vivent également de nos jours plus ouvertement en famille, partageant parfois leur toit avec les enfants d'un des partenaires. Ces derniers revendiquent désormais la création d'un contrat d'union civile reconnu par la loi et la possibilité d'adopter des enfants. Des exemples isolés de vie en communauté, où les « familles » sont composées de groupes de gens ayant ou non des liens familiaux, existent de longue date. Ce type d'unités familiales a commencé à apparaître en Occident dans les années soixante et soixante-dix (mouvement hippie) mais, dès les années quatre-vingt, leur nombre était en diminution ; il ressurgit cependant aujourd'hui avec le développement des organisations de type sectaire.

La famille a beau être aujourd'hui éclatée, dispersée et en crise, elle reste une structure fondamentale des sociétés occidentales. À cet égard, un des paradoxes inattendus de la crise économique aura été la revalorisation de la famille comme structure d'aide et de soutien lors des études et de la rentrée des enfants dans le monde adulte. Il n'est pas rare, de nos jours, de voir des jeunes vivant encore chez leurs parents après vingt-cinq ans.

3 Tendances dans le monde

Tous les pays industrialisés ont connu des tendances comparables à celles qui sont observées en Occident. L'amélioration des méthodes de contraception et la légalisation de l'avortement ont contribué a faire baisser le nombre de familles monoparentales incapables de subvenir à leurs besoins. Le divorce est aujourd'hui en hausse, même dans les pays où les obstacles religieux et légaux sont importants (notamment en Amérique du Sud).

Dans les pays en développement, la baisse du taux de mortalité infantile a entraîné un véritable bond de la natalité et un accroissement naturel que l'on commence à peine à maîtriser aujourd'hui (ralentissement dû aux politiques incitatives de limitation des naissances). Les familles étant souvent incapables de subvenir aux besoins de leurs enfants, la surpopulation, particulièrement urbaine, constitue un véritable défi pour les ressources des pays en développement.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

État

État

1 INTRODUCTION

État, forme d’institutionnalisation du pouvoir politique, autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple dans les limites d’un territoire déterminé.

À l’époque contemporaine, il représente le cadre courant de la domination politique. Sur le plan intérieur, l’État moderne se caractérise par son monopole de la violence légitime, c’est-à-dire l’usage légal de la contrainte sur les personnes. Vis-à-vis de l’extérieur, le trait distinctif de l’État moderne est la souveraineté, autrement dit son indépendance totale, et sa compétence illimitée. L’État se compose de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. La forme étatique ne préjuge pas du régime politique qui y est pratiqué. On peut ainsi parler d’État démocratique, monarchique, tyrannique aussi bien que théocratique. L’État peut être plus ou moins démocratique, respectueux des individus, et son pouvoir plus ou moins accepté ou légitime.

2 LES FONDEMENTS DE L’ÉTAT DÉMOCRATIQUE LIBÉRAL

L’État démocratique libéral garantit les droits fondamentaux de l’individu tels qu’ils sont proclamés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Les libertés fondamentales se trouvent assurées par les mécanismes de l’État de droit, dans lequel les autorités politiques elles-mêmes sont soumises au respect du droit. À l’opposé, les États totalitaires, comme l’Allemagne sous le régime nazi ou l’ex-URSS, interviennent sur tous les aspects de la vie privée, et nient les libertés individuelles élémentaires.

3 L’ÉMERGENCE DE L’ÉTAT-NATION

Historiquement, l’État apparaît à la fin du Moyen Âge, à la faveur de la centralisation du pouvoir entre les mains d’un souverain, en réaction, d’une part, à la féodalité et, d’autre part, aux pouvoirs du pape et de l’empereur. À partir du XVIe siècle, naît l’idée qu’à un État doit correspondre un groupe humain culturellement et ethniquement cohérent : la nation.

Très répandue au XIXe siècle par l’intermédiaire du mouvement des nationalités, l’idée d’État-nation comme forme accomplie d’organisation politique n’est cependant que rarement devenue effective, comme en Grande-Bretagne ou dans la France sous la Révolution. La plupart des États actuels d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et même d’Europe sont constitués de groupes humains multiples.

4 L'ÉMERGENCE DES ÉTATS SÉCULARISÉS

Dans le même temps, le pouvoir politique s’est progressivement détaché de son origine divine, donnant naissance à des États sécularisés. Peu à peu, la souveraineté a été pensée comme appartenant au peuple. Le pouvoir politique se trouve désincarné, détaché de l’homme qui l’exerce, ce qui permet de concevoir les institutions et les pouvoirs comme distincts des hommes qui en ont la responsabilité. Les contributions philosophiques de Jean-Jacques Rousseau et Georg Wilhelm Friedrich Hegel sur ce sujet ont été d’une importance considérable. Max Weber a ensuite souligné la tendance à la rationalisation et à la bureaucratisation de l’État moderne.

5 ÉTATS UNITAIRES, ÉTATS FÉDÉRAUX

L’État revêt diverses formes. L’État unitaire concentre le pouvoir politique dans l’État, l’autorité centrale. Il peut être plus ou moins centralisé : l’Espagne et l’Italie accordent une certaine autonomie à leurs provinces. La France, pour sa part, s’est engagée en 1982 dans un processus de décentralisation administrative. Toutefois, l’État conserve tout le pouvoir politique, et il peut réduire le degré d’autonomie des collectivités territoriales. Dans les États fédéraux, ce principe diffère, dans la mesure où certains droits et pouvoirs propres aux entités fédérées que sont les Länder en Allemagne et les « États » aux États-Unis ne sont pas délégués par le gouvernement fédéral central, mais procèdent de la Constitution et sont garantis par elle. Cependant, dans tous les cas, les constitutions réservent au pouvoir central la compétence en matière de monnaie et de politique étrangère.

6 LES RÔLES MULTIPLES DE L'ÉTAT

Sur le plan interne, le rôle de l’État est multiple. Tout d’abord, il consiste à fournir à la population un cadre juridique lui permettant de vivre et d’agir dans l’ordre et la sécurité. L’État crée le droit par le biais de ses organes, notamment constitutionnels. On distingue traditionnellement : le pouvoir législatif, qui vote la loi et qui appartient au Parlement ; le pouvoir exécutif, qui applique la loi et qui est dévolu au gouvernement ; le pouvoir judiciaire, qui tranche les litiges dans les cas particuliers et qui échoit aux tribunaux. En principe, ces trois pouvoirs sont séparés en démocratie, et confondus en dictature.

D’autre part, l’État remplit d’autres fonctions. Il assure la défense au moyen de l’armée, la justice au moyen des juridictions, et l’ordre intérieur au moyen de la police. Il dispose traditionnellement du privilège de battre la monnaie, mais certains États européens procèdent actuellement à la mise en commun de cette compétence dans la cadre de l’Union économique et monétaire. Si ces fonctions, dites « régaliennes », sont communément acceptées, les autres domaines d’intervention de l’État font l’objet de débats, et leur étendue dépend des choix des sociétés concernées. En France, l’État fournit de nombreux services publics accessibles à l’ensemble de la population. Au cours du XXe siècle, l’État a constamment étendu ses interventions dans l’économie, la protection sociale ou la culture, suscitant l’émergence de la notion d’État-providence. Le financement de ces interventions donne lieu au prélèvement de l’impôt.

7 L'ÉTAT DANS LE CONTEXTE INTERNATIONAL

Dans la vie internationale, tous les États sont reconnus souverains et égaux. Théoriquement, l’existence internationale de l’État résulte de l’apparition de ses trois éléments constitutifs : le territoire, la population et le gouvernement souverain. En réalité, pour devenir effective, cette existence doit être reconnue par d’autres États. Actuellement, l’admission aux Nations unies est un gage important de reconnaissance internationale. Les États sont soumis au respect du droit international, et ne doivent pas s’ingérer dans les affaires intérieures les uns des autres.

Depuis la fin du XIXe siècle, on assiste à l’apparition de nombreuses institutions internationales regroupant des États souverains souhaitant aborder des problèmes communs : la sécurité, l’économie et le développement, les échanges de toutes natures, les menaces communes (écologie, nucléaire, guerres, famines). Les Nations unies ne sont qu’une des multiples institutions nées de l’interdépendance croissante des États. D’autre part les États se trouvent de plus en plus confrontés à la concurrence d’autres acteurs et de phénomènes de la vie internationale (associations, groupes, flux divers), défiant l’ordre interétatique. Toutefois, il n’existe pas d’entité supérieure aux États, ni d’entité susceptible de les contraindre.

La globalisation de l’économie mondiale, la mobilité des hommes, du capital et de l’information à l’échelle planétaire se sont conjuguées pour circonscrire la liberté d’action de l’État. À ces évolutions répondent, notamment en Europe occidentale, des constructions interétatiques, comme l’Union européenne. Sans remplacer l’État national, cette construction sans précédent assume certaines des prérogatives traditionnelles de l’État.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

entreprise

entreprise

entreprise, concept socio-économique désignant un groupe humain dont le but est la vente de sa production.

L'entreprise s'oppose à l'administration dont la production n'est pas destinée à être vendue et au ménage dont la production reste limitée. L'entreprise se distingue de la société en ce que cette désignation n'emporte ni droits ni obligations. L'école des relations humaines et Fayol ont défini quatre fonctions principales dans l'entreprise : la fonction de direction, la fonction logistique qui est en relation avec les fournisseurs, la fonction de production et la fonction de distribution.

Dans l'analyse économique, l'entreprise est considérée comme la cellule de base de la production. La théorie classique de la firme lui assigne un objectif de maximisation du profit en fonction de ses recettes et de ses coûts, et présuppose l'existence d'un centre de décision unique. Les modèles néoclassiques ont permis une prise en compte de la multiplicité des fonctions de production, c'est-à-dire des relations entre facteurs de production et biens produits tout en respectant l'hypothèse de l'unicité du centre de décision.

La théorie des organisations se fonde quant à elle sur l'hypothèse inverse : il existe une multiplicité de centres de décision n'ayant qu'une connaissance imparfaite de leur environnement et les contradictions entre leurs différents objectifs rendent l'optimisation exceptionnelle. La théorie des organisations cherche donc à rendre compte du fonctionnement interne de l'entreprise en s'intéressant aux flux monétaires, aux comportements, à la hiérarchie réelle, à la psychologie, à la gestion et à l'économie. Elle s'éloigne de l'approche purement économique comme le fait aussi l'approche juridique pour laquelle l'entreprise est tout autant une cellule économique qu'une cellule sociale. Le rôle fondamental de l'entreprise dans la société a donc amené à une limitation des droits des détenteurs du capital de l'entreprise pour prendre en considération non seulement les intérêts des clients mais aussi ceux des salariés. Le droit de l'entreprise ne se limite donc pas au droit commercial, c'est-à-dire au droit des commerçants, mais fait aussi appel au droit du travail ou au redressement judiciaire. Par exemple, les entreprises de plus de trois cents salariés doivent chaque année établir un bilan social légal qui est soumis pour avis au comité d'entreprise.

La dénomination d'entreprise recouvre une grande diversité, tant en ce qui concerne la taille, l'activité, le mode de fonctionnement que la forme juridique. Il est ainsi possible de distinguer les entreprises selon certains de leurs caractères. Un premier critère de distinction est celui du caractère privé ou public de l'agent qui contrôle le capital. S'il s'agit de l'État ou des collectivités publiques, on parle alors d'entreprise publique. Le second critère de distinction est son régime juridique. L'entreprise peut en effet choisir entre différents statuts pour adopter celui qui correspond le mieux à son activité : elle peut être une société en commandite simple ou par action, une société en nom collectif (SNC), une société anonyme (SA) ou une société à responsabilité limitée (SARL). Il est aussi possible de reprendre la classification de la comptabilité nationale qui répartit les entreprises en trois groupes : les sociétés et quasi-sociétés non financières, les institutions de crédits et les entreprises individuelles. La taille de l'entreprise est aussi souvent considérée comme significative, que ce soit par le nombre d'employés, le capital, le chiffre d'affaires. Le dernier critère de classification souvent employé est le type d'activité qui peut relever du secteur primaire (entreprises agricoles), du secteur secondaire (entreprises de construction, minières, industrielles) et du secteur tertiaire (entreprises commerciales, de transport et de service).

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

enseignement en France

enseignement en France

1 INTRODUCTION

enseignement en France, ensemble des caractéristiques du système éducatif tel qu’on l’observe en France ; le rôle primordial qu’y joue l’État, notamment pour ce qui concerne la mise en œuvre du principe fondamental de l’égalité d’accès à l’éducation, apparaît comme l’un des traits distinctifs de ce système.

2 LES PRINCIPES FONDATEURS

Les grands principes régissant le système éducatif français, posés dès la Révolution française, ont progressivement été appliqués au cours du XIXe siècle, notamment grâce à l’œuvre législative du premier Empire et de la IIIe République (voir Enseignement, histoire de l’). L’affirmation de l’obligation scolaire, celle de la gratuité et de la laïcité de l’enseignement public n’ont jamais été remis en cause depuis, et l’on a plutôt assisté à une mise en application de plus en plus extensive de ces principes.

Ainsi, alors que, depuis 1959, l’instruction est obligatoire pour tous les enfants entre six et seize ans, on observe aujourd’hui que la scolarisation des jeunes Français se fait de manière beaucoup plus précoce (plus de 99 p. 100 des enfants de trois ans sont ainsi scolarisés à l’école maternelle) et se prolonge en moyenne de deux ans au-delà de l’âge obligatoire. Le coût de l’éducation est essentiellement assumé par la collectivité : l’enseignement public est entièrement gratuit, à l’exception des droits d’inscriptions, relativement modiques, exigés dans l’enseignement supérieur.

L’enseignement public français est soumis à la règle de la neutralité, en matière religieuse, philosophique et politique. Cependant, dans la mesure où la Constitution de la République garantit la liberté de l’enseignement, s’est maintenu un système d’enseignement privé, pour une large part confessionnel. L’organisation des rapports entre celui-ci et la collectivité fait, depuis la loi consacrant la séparation de l’Église et de l’État en 1905, l’objet d’une querelle scolaire spécifiquement française, récurrente à travers l’histoire. Pourtant, cette querelle apparaît largement symbolique, puisque 90 p. 100 des établissements privés sont liés par contrat à l’État, qui exerce ainsi un contrôle, notamment pédagogique, sur ceux-ci, en contrepartie d’une aide matérielle. Une dernière règle veut que la définition et la création des grades et diplômes soient réservées à l’État : les examens publics sont ouverts à tous.

3 LE RÔLE DE L’ÉTAT

L’État est le garant de ces principes fondamentaux, et a pour mission de définir les objectifs généraux de la politique d’éducation, d’organiser et de contrôler l’enseignement public et l’enseignement privé sous contrat. L’enseignement public est placé sous l’autorité directe du ministère de l’Éducation nationale, mais d’autres ministères peuvent également être compétents, tel celui de l’Agriculture pour les lycées d’enseignement agricole.

L’Éducation est devenue, au milieu des années 1990, le premier budget de l’État, avec une part d’environ 18 p. 100. En 1996, 12,7 millions d’élèves et d’étudiants, soit 21,8 p. 100 de la population totale, étaient scolarisés dans l’ensemble des établissements publics et privés : ces derniers sont fréquentés par 8 à 20 p. 100 des jeunes selon les degrés d’enseignement. 815 000 enseignants exercent dans les 72 730 établissements scolaires français.

Le système éducatif français demeure fortement centralisé. Toutefois, après la réforme de 1968 qui a accordé l’autonomie de gestion aux universités, une transformation majeure est intervenue avec les lois de décentralisation de 1983 et 1985. Un partage des compétences s’est opéré entre l’État et les collectivités territoriales : de même que les communes avaient déjà (depuis la loi de 1816) la charge de l’investissement et du fonctionnement matériel des écoles primaires, les départements et les régions sont désormais responsables des infrastructures scolaires pour l’enseignement secondaire. L’État conserve la définition des objectifs généraux de la politique d’éducation, des contenus et des programmes. Il assure le recrutement et la formation des enseignants, ainsi que la gestion et la rémunération de l’ensemble des personnels travaillant dans le secteur public.

4 L’ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF

Dès 1793 avait été fixée l’organisation en trois degrés du système éducatif français : tous les enfants reçoivent un enseignement primaire identique. Les grandes réformes des années 1960 et 1970, accompagnant l’accroissement démographique et l’évolution de la demande sociale en matière d’éducation, ont permis l’élargissement de l’accès à l’enseignement secondaire et à l’enseignement supérieur. Tous les élèves, à l’issue de l’école primaire, entrent dans le premier cycle du secondaire (collège). C’est à la fin de celui-ci que s’effectue une première orientation, décisive mais qui n’est plus définitive, entre un cursus généraliste et une formation professionnelle. Le baccalauréat, qui sanctionne la réussite dans le deuxième cycle du secondaire, ouvre la voie à l’enseignement supérieur.

L’université connaît depuis plusieurs années un afflux massif d’étudiants, qui s’explique mécaniquement par l’arrivée de classes d’âge ayant poursuivi en plus grand nombre leurs études secondaires, mais également par la croissance de la demande sociale de scolarisation, dans un contexte économique marqué par l’accroissement du chômage. Cette tendance est renforcée par la volonté politique, affirmée en 1989 par le législateur dans la loi d’orientation sur l’éducation, de faire parvenir, d’ici l’an 2000, 80 p. 100 d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat.

D’une manière générale, la démocratisation du système éducatif, qui a permis une hausse incontestable du niveau d’éducation des Français, pose le problème de l’adaptation, nécessairement coûteuse, des structures et des contenus d’enseignement à un public à la fois plus important et très divers. Au cours des années 1980 et 1990, plusieurs rapports d’experts ont souligné que l’uniformisation des enseignements avait pour conséquence de renforcer la sélection sociale et scolaire. Aussi, les gouvernements qui se sont succédé depuis le milieu des années 1980 ont-ils mis l’accent sur la nécessité d’apporter un soutien particulier aux élèves en difficulté afin de lutter contre l’échec scolaire : 100 000 jeunes sortent encore chaque année du système scolaire sans qualification ni diplôme.

Afin de renforcer l’égalité des chances, des moyens supplémentaires ont également été donnés aux établissements accueillant des populations socialement plus défavorisées (zones d’éducation prioritaires) et l’ensemble des établissements primaires et secondaires publics ont été invités à définir des projets pédagogiques, favorisant l’ouverture de l’école, lieu majeur de socialisation, sur son environnement extérieur.

Un autre axe de la politique éducative dans les deux dernières décennies a été de développer l’enseignement professionnel, longtemps dévalorisé par rapport aux filières généralistes, et de multiplier les relations entre l’école et le monde du travail.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

sociologie

sociologie

1 INTRODUCTION

sociologie, science des phénomènes sociaux.

La sociologie se situe dans le champ des sciences sociales ou humaines qui, comme l’économie, la science politique, l’anthropologie, la psychologie ou l'histoire, étudient les comportements humains collectifs. La sociologie peut avoir des points de contact avec ces autres sciences, partager avec elles les mêmes objets d'études, et même développer des liens interdisciplinaires.

Sa spécificité tient au fait qu'elle s'attache à la logique sociale des phénomènes qu'elle observe, tandis que la psychologie tend à en privilégier la dimension individuelle (par exemple, dans l'étude de la famille, la psychologie pourra s'intéresser à la vie psychique de l'enfant, alors que la sociologie insistera plutôt sur la transmission de la position sociale ou du capital culturel). Par rapport à la science économique, la sociologie propose des cadres d'analyse plus larges et plus qualitatifs pour interpréter les phénomènes sociaux au-delà de leur pure fonction économique (la sociologie des marchés se distinguera ainsi de l'analyse économique des prix). D'autre part, l'anthropologie ou l'ethnologie fournissent des analyses en termes de culture et de pratiques rituelles que la sociologie peut reprendre, tout en ajoutant, cependant, une dimension plus quantitative, voire statistique (classer les comportements humains en fonction de certaines variables, comme le sexe, l'âge ou l'origine socioprofessionnelle est une des caractéristiques de la recherche sociologique).

Les objets soumis à l'analyse sociologique peuvent être très variés. À des thèmes classiques comme les relations familiales, les idéologies, la religion, l'éducation, l'organisation du travail, la violence, le pouvoir ou les pratiques culturelles peuvent s'ajouter des domaines comme l'art, la technologie, le corps ou la science. L'activité sociologique se caractérise par un travail théorique poussé, mais aussi par une démarche empirique rigoureuse, quantitative et qualitative, et par une dimension appliquée.

2 CONCEPTS ET OBJECTIFS

En général, et de manière typique, la sociologie tente d'expliquer les comportements humains en montrant des déterminations sociales qui ne sont pas toujours évidentes, et qui se placent au-delà de la portée des individus en tant que tels. Les phénomènes collectifs peuvent avoir une logique propre : ils ne sont donc pas le pur reflet d'actions et de choix individuels. Un exemple classique de ce genre de logique sont les phénomènes de foule : des phénomènes composés, bien entendu, d'actions et de comportements individuels, mais dont la dynamique dépasse les décisions individuelles qui en sont à l'origine. La sociologie tentera de mettre en évidence l'autonomie relative de ce genre de phénomènes sociaux. Parallèlement, les manières d'agir, de penser et de sentir peuvent être conditionnées par des éléments extérieurs à l'individu (par exemple, par son insertion dans un contexte social et dans une histoire collective). L'illustration typique de cette démarche est celle que le sociologue classique Émile Durkheim a proposée à l'égard du suicide : la sociologie ne traitera pas ce phénomène comme un événement de la vie intérieure ou comme un cas psychologique, mais comme un « fait social » qui peut être rattaché à l'évolution de diverses formes de solidarité sociale.

Un parcours sur quelques concepts clés du vocabulaire sociologique peut aider à comprendre la portée de cette discipline. La socialisation est, par exemple, le processus par lequel les individus acquièrent leurs compétences et leurs ressources sociales et deviennent des acteurs sociaux : la famille et l'école sont les éléments centraux de ce processus, mais d'autres milieux, comme les cercles d'amis ou le travail, peuvent avoir une place importante dans la socialisation. Le rôle social est la caractéristique qui rattache un acteur à une fonction sociale.

Une norme sociale est une règle de conduite généralement admise dans une société. Elle va au-delà des dispositions légales ou des règlements écrits : une norme de politesse, qui varie de société en société, ou un interdit sexuel sont des exemples de normes sociales. On parlera aussi, dans certains cas, de conventions sociales : le sens de la circulation routière est un exemple typique de convention sociale. Une société dispose de moyens plus ou moins subtils, plus ou moins violents, pour sanctionner les déviances aux normes sociales. Elle dispose aussi des ressources qui permettent aux acteurs sociaux de les transformer.

Les institutions sociales sont les entités qui garantissent l'ordre de la vie collective. Elles permettent aux acteurs de « tenir ensemble » sous plusieurs aspects : par exemple, en garantissant les processus de socialisation et de reproduction sociale (la famille, l'école), en sanctionnant les déviances (le droit, la police), en organisant la vie économique (le marché, le droit, les syndicats), en permettant la communication (la langue, les moyens de communication) ou en fournissant des repères d'intégration morale (la religion).

Les institutions sociales, les normes et les conventions sociales ne sont pas toujours le résultat de choix conscients et rationnels. La sociologie les décrit plutôt comme l'effet de processus historiques longs, complexes, coûteux et contingents. Certains courants sociologiques insisteront sur les éléments qui font de ces institutions, normes et conventions des modes de domination. Un concept fondamental de la sociologie est, à cet égard, celui de classe sociale. Les sociétés humaines ne sont pas homogènes. Les classes sociales peuvent être entendues comme l'effet de la distribution des personnes dans des luttes d'intérêts ou dans des rapports de domination. D'une manière plus générale, les classes sociales ou les catégories sociales sont des classements qui distinguent la place des personnes dans la société en fonction de leurs revenus, de leur profession, de leur culture, de leur fonction sociale ou de leur mode de vie.

La sociologie s'intéresse aussi aux phénomènes d'interaction sociale, c'est-à-dire, aux rapports de communication intersubjective, rapports de « face à face » entre les individus ou phénomènes sociaux dans des groupes de taille modérée (habitudes des personnes dans la vie quotidienne, relations de proximité ou organisation de la hiérarchie dans un groupe de pairs). À une échelle plus large, on appelle réseaux sociaux les chaînes de relations qui lient les individus et les groupes entre eux. La sociologie étudie la forme de ces réseaux et leurs caractéristiques.

D'autre part, l'analyse sociologique des contenus subjectifs s'attaque aux motivations, aux intérêts, aux opinions, aux valeurs et aux croyances des individus. Ces contenus trouvent leur correspondance avec des grandeurs sociales : des représentations collectives, des systèmes symboliques, des cultures, des idéologies. C'est ainsi que la sociologie s'intéresse aux relations entre la vie subjective des acteurs sociaux, qui est vécue de manière plus ou moins spontanée, et des régularités structurelles qui sont, elles, objectives et durables.

3 HISTOIRE DE LA DISCIPLINE
1 Aux origines de la sociologie

La sociologie comme ensemble de connaissances systématisées est une science récente. Le terme « sociologie » (composition moderne à partir de la racine latine du mot « société » et d'une terminaison d'origine grecque) apparaît dans la première moitié du XIXe siècle. Il est créé par Auguste Comte pour désigner la science « positive » des faits sociaux : une science des « lois » qui, à l'image des lois de la nature mises en évidence par les sciences physiques ou naturelles, régissent la société humaine. Comte utilise aussi l'expression « physique sociale » pour souligner le caractère scientifique de la nouvelle discipline. Cette discipline s'inscrit donc, à son origine, dans le courant positiviste du comte de Saint-Simon et d’Auguste Comte.

Mais les problèmes auxquels s’intéresse la sociologie ont déjà fait l'objet de réflexions dans le champ de la philosophie. Le concept de société civile en tant que domaine distinct de l’État apparaît d’abord au XVIIe siècle dans les œuvres des philosophes Thomas Hobbes et John Locke, puis chez les penseurs français et écossais du XVIIIe siècle, le siècle des Lumières. On notera, en particulier, le rôle précurseur de la philosophie politique de Montesquieu et de Jean-Jacques Rousseau et l'incidence de la naissante économie politique avec des auteurs comme Adam Smith. L'idéalisme allemand, et notamment la philosophie de l'histoire de Hegel, préfigure également les orientations de la recherche sociologique.

Au XIXe siècle, et parallèlement à la dilatation de l'État moderne et au développement de son outil de représentation typique, la statistique, la réflexion sociologique prend un caractère plus systématique. Parallèlement au courant positiviste d’Auguste Comte et à l'organicisme du philosophe britannique Herbert Spencer, d'autres penseurs contribuent à l'essor de la discipline : Alexis de Tocqueville, John Stuart Mill et Karl Marx, entre autres. Karl Marx propose un cadre d'analyse du capitalisme occidental conçu comme un mode d'organisation des rapports sociaux. On voit s'annoncer dans ce siècle les préoccupations fondamentales de la sociologie classique : l'opposition entre la modernité et les formes traditionnelles d'organisation sociale, le sens du progrès et de l'évolution historique et, finalement, les décalages et les ajustements entre la vie subjective des individus, d'une part, et l'ordre matériel et social, d’autre part.

2 La sociologie classique

En tant que discipline universitaire, la sociologie n’est reconnue qu’à partir des années 1880 et 1890. En France, Émile Durkheim commence alors à enseigner la sociologie dans les universités de Bordeaux et de Paris (il obtient en 1913 une chaire de sociologie à la Sorbonne) et fonde la première véritable école de pensée sociologique. Dans les Règles de la méthode sociologique (1895), Durkheim systématise la démarche sociologique et défend sa thèse principale : le social existe indépendamment de la conscience que nous pouvons en avoir et se définit comme un fait qui s'impose à nous. Il faut, par conséquent, « traiter les faits sociaux comme des choses ».

En Allemagne, la sociologie est officiellement reconnue comme discipline universitaire à partir de la première décennie du XXe siècle, grâce aux efforts de Max Weber. Alors qu’en France et dans les pays anglo-saxons la physique sert de modèle à la nouvelle discipline des sciences sociales, la sociologie allemande retient l’enseignement de Wilhelm Dilthey, qui sépare les « sciences de l’esprit » (Geisteswissenschaften) des « sciences de la nature » (Naturwissenschaften). La sociologie allemande s’inscrit ainsi dans le prolongement de l’école historique allemande.

Max Weber, auteur de Wirtschaft und Gesellschaft (Économie et Société, 1922) et de Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie (Sociologie des religions, 1920), est présenté souvent comme l'initiateur d'une sociologie de l'action et d'une sociologie compréhensive et interprétative, par opposition à une sociologie plus scientiste. Weber tente de comprendre l'évolution des formes d'organisation sociale en y décelant une tendance à la rationalisation. Il analyse les relations particulières entre ce processus de rationalisation et les différentes formes de vie religieuse comme, par exemple, dans le cas du capitalisme et de l'éthique protestante.

D'autres sociologues allemands comme Ferdinand Tönnies ou Georg Simmel, auteur de Philosophie des Geldes (Philosophie de l'argent, 1900), s'intéressent, dans la ligne de Weber, à la condition particulière des sociétés modernes. L'opposition entre tradition et modernité, ou entre communauté (Gemeinschaft) et société (Gesellschaft), est un thème classique de la sociologie de cette époque. Dans un sens similaire, Durkheim s'intéresse au changement des formes d'intégration morale, en analysant la différence entre solidarité « mécanique » et solidarité « organique ».

Le développement de la sociologie européenne dans la première moitié du XXe siècle s'organise donc autour de ces thèmes, reflets d’une époque mouvementée : fondement et crise des formes d'intégration sociale, rôle de l'État moderne et développement de la bureaucratie, portée et limites du capitalisme.

Aux États-Unis, le premier département de sociologie est créé à l’université de Chicago en 1893. La sociologie s'y développe avec une claire vocation appliquée et orientée à la réforme sociale. On assiste à la naissance de l'école de Chicago, souvent associée à « l'écologie urbaine » et à l'analyse des interdépendances entre les personnes et leur milieu. Les grandes enquêtes empiriques se développent et les premiers manuels systématiques de sociologie sont publiés.

Deux traditions sociologiques reconnues apparaissent dans le panorama sociologique nord-américain dans la première moitié du XXe siècle. D'une part l'interactionnisme symbolique, inspiré du philosophe George Herbert Mead et de la pragmatique anglo-saxonne, se propose de mettre en évidence le rôle fondamental des interactions entre les individus dans la formation des valeurs, du « moi » et de la société. D'autre part, apparaît le fonctionnalisme, dont on peut trouver les éléments majeurs chez Talcott Parsons, auteur de The Structure of Social Action (la Structure de l’action sociale, 1937), et chez Robert King Merton, auteur de Social Theory and Social Structure (1949, traduit en 1951 sous le titre Éléments de théorie et de méthode sociologique). Ces théories décrivent l'ordre social comme un mécanisme d'attribution de fonctions, de rôles et de valeurs.

3 La sociologie contemporaine

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la sociologie s’oriente vers l’étude de nouveaux objets. Elle trouve des domaines d'application de plus en plus institutionnalisés, comme les sondages d'opinion et les études de marché. Les compétences des sociologues trouvent des débouchés dans plusieurs domaines : dans la recherche académique, mais aussi dans le monde de l'entreprise (conseil, ressources humaines, marketing) et de l'administration (planification, éducation). La sociologie assiste aussi à une croissante diversité des démarches internes à la discipline. En raison de la diversité des domaines, des méthodes et des cadres conceptuels, elle devient un savoir hétérogène et une profession diversifiée.

Les courants fonctionnaliste et structuro-fonctionnaliste continuent de se développer en sociologie, après Talcott Parsons, mais aussi en anthropologie, sous l'inspiration des travaux de Bronislaw Malinowski et d’Alfred Reginald Radcliffe-Brown. La rencontre entre ces courants et d'autres sciences comme la cybernétique ou les sciences cognitives produit des développements novateurs : la théorie des systèmes sociaux du sociologue allemand Niklas Luhmann en est l'exemple majeur. D'autre part, et notamment aux États-Unis, l'influence du philosophe Karl Popper et de l'économiste Friedrich von Hayek oriente la sociologie vers un individualisme méthodologique qui s'oppose au « sociologisme » du fonctionnalisme et qui rejoint les points de vue de la science économique néoclassique. On notera, à ce titre, l'essor des théories du « choix rationnel » (rational choice) et l'importance d'auteurs comme James S. Coleman.

Par ailleurs, le structuralisme déploie une présence décisive dans la discipline, notamment en France, sous l'influence de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss et de son ouvrage Anthropologie structurale (1958) et du linguiste Ferdinand de Saussure. La méthode structuraliste vise à mettre en évidence des relations nécessaires entre les termes d'un système : un système de parenté, un récit mythique ou le système de la langue, par exemple. Une des caractéristiques notoires de cette approche est de rendre superflue, ou du moins problématique, l'analyse de l'action et des représentations concrètes des individus. Certains auteurs ont proposé des apports et des modifications à cette approche. C'est le cas du philosophe Louis Althusser, de Michel Foucault, auteur de les Mots et les Choses (1966), du psychanalyste Jacques Lacan ou du sémiologue Roland Barthes. Pierre Bourdieu entreprend, dans le Sens pratique (1980) notamment, une critique et une transformation de cette méthode pour formuler une nouvelle théorie de l'action. Ses travaux sont ainsi une tentative de dépasser les oppositions entre individualisme et structuralisme, ou entre objectivisme et subjectivisme. On trouve aussi, dans une autre référence clé de la sociologie contemporaine, la théorie de la structuration sociale exposée par Anthony Giddens dans The Constitution of Society (la Constitution de la société, 1984), une tentative novatrice de surmonter les impasses théoriques de la discipline.

La sociologie critique et le marxisme jouent aussi un rôle important dans la seconde moitié du siècle. L'école de Francfort rassemble les travaux de plusieurs auteurs qui, influencés par le marxisme et par la psychanalyse freudienne, développent une interprétation de la culture moderne particulièrement critique. Theodor Adorno et Max Horkheimer en sont les représentants les plus importants. Jürgen Habermas, auteur de Theorie des Kommunikativen Handelns (Théorie de l'agir communicationnel, 1981) et représentant capital de la sociologie contemporaine, a été longtemps présenté comme le continuateur de cette école.

À un niveau d'analyse moins général et plus proche de la psychologie sociale, l'interactionnisme symbolique se développe notamment grâce aux travaux d’Erving Goffman, auteur de The Presentation of Self in Every Day Life (la Présentation de soi dans la vie quotidienne, 1969). L'influence d'auteurs comme Georg Simmel contribue à ce mouvement. Toujours dans une perspective microsociologique se développe aussi l'ethnométhodologie, issue de la phénoménologie et inspirée d'Alfred Schutz. Les travaux d’Harold Garfinkel, que l'on peut lire dans Studies in Ethnomethodology (Études d'ethnométhodologie, 1967), sont la référence la plus importante de ce courant. On retrouve aussi la perspective phénoménologique dans The Social Construction of Reality (la Construction sociale de la réalité, 1966) de Peter Berger et Thomas Luckman, ouvrage qui a contribué à élargir la portée de la sociologie.

En France, parmi les noms qui ont le plus marqué la sociologie depuis les années soixante, il faut souligner ceux d'Alain Touraine, de Raymond Aron, de Georges Friedmann, de Pierre Naville, de Michel Crozier, de Henry Mendras, de Raymond Boudon, de Pierre Bourdieu, de Luc Boltanski et de Bruno Latour.

4 LES DOMAINES D’ÉTUDES DE LA SOCIOLOGIE

Il est possible d'identifier un certain nombre de sous-disciplines de la sociologie en fonction du domaine de recherche. En dépit de l'hétérogénéité de la formation sociologique, ces sous-disciplines correspondent normalement à des enseignements spécifiques.

La structure sociale demeure l'objet privilégié d'une sociologie plus « pure ». L'étude des différences et des inégalités sociales requiert souvent un travail quantitatif et statistique. La sociologie de l'éducation et la sociologie de la famille peuvent, de leur côté, se rattacher à ce courant général. Elles aborderont des sujets comme les inégalités d'opportunité des jeunes face au monde du travail, le problème du logement ou la régularité statistique des choix de mariage. L'étude sur le système d'éducation la Reproduction (1970) de Pierre Bourdieu est un exemple, maintenant classique, de ce type de recherches sur les inégalités sociales. La sociologie urbaine et la sociologie rurale s'intéresseront aussi à ce genre de problèmes, en insistant sur la dimension géographique (migrations, organisation de l'espace urbain). La sociologie rejoint ainsi quelques thèmes de la démographie : cette science (étude de la dimension, de l’évolution et de la structure des populations humaines) est considérée parfois comme un domaine de la sociologie. La sociologie de la déviance, qui garde un certain rapport avec la criminologie, étudie de son côté les comportements qui se situent en marge des normes sociales.

La sociologie industrielle s'occupe de l'organisation des processus de production. Originellement, elle s'attaquait aux problèmes suscités par le développement, phénoménal à l'époque, des usines modernes, en essayant de dépasser les préceptes du taylorisme. Elle a connu un grand essor aux États-Unis dans les années trente et quarante. Cette sous-discipline partage son domaine d'études avec deux autres branches de la sociologie : la sociologie des organisations et la sociologie du travail. La première aborde, par exemple, les formes de hiérarchies et de pouvoir ou les processus de changement dans les organisations des entreprises, mais aussi des administrations publiques ou d'autres types d'organisations. En France, l'ouvrage l'Acteur et le Système (1977) de Michel Crozier et Erhard Friedberg est une bonne illustration de ce courant. La sociologie du travail s'attaque, de son côté, aux problèmes des conditions de travail. On notera, par exemple, l'ouvrage Traité de sociologie du travail (1962) de Pierre Naville et de Georges Friedmann. Ces disciplines pourront trouver une dimension appliquée dans la gestion de ressources humaines ou dans le dialogue avec l'ingénierie ou l'ergonomie.

La sociologie économique observe, quant à elle, l'organisation et l'évolution des activités marchandes. Aux États-Unis, les études de Harrison White et de Mark Granovetter ont contribué à l'essor de cette sous-discipline. Par ailleurs, l'influence de l'anthropologie et d'auteurs comme le Français Marcel Mauss se fait sentir aussi dans l'analyse de systèmes d'échanges non marchands.

La sociologie politique aborde les phénomènes de pouvoir dans la sphère politique. Elle s'intéresse à des problèmes comme l'organisation des partis politiques et des systèmes démocratiques, les crises politiques et les révolutions, les relations internationales ou la culture politique d'une population. Elle partage certains domaines d'études avec d'autres disciplines, comme les sciences politiques, les sciences de l'administration ou la sociologie du droit.

La sociologie de la culture entretient des liens très étroits avec l'anthropologie et l'ethnographie. Elle s'intéresse, par exemple, aux goûts vestimentaires, gastronomiques ou artistiques d'une population. Elle s'oriente aussi vers l'étude de cultures non occidentales. L'étude des rituels et des pratiques qui ont un rôle d'intégration morale est un terrain qu’elle partage avec la sociologie de la religion, qui analyse les croyances religieuses et ses corrélats sociaux et institutionnels. Récemment se développent aussi des domaines comme la sociologie du genre (avec l'apport des théories féministes) ou la sociologie des minorités (ethniques ou politiques, par exemple).

La sociologie de la connaissance aborde l'étude des idéologies et des représentations collectives. Récemment, la sociologie des sciences et des techniques s'est dotée des instruments pour analyser aussi la production de connaissances scientifiques, comme dans l'ouvrage Science in action (1987) de Bruno Latour.

La communication humaine fait l'objet d'études en sociolinguistique et en sociologie de la communication. Cette dernière s'occupe notamment de l'étude des médias. Les nouvelles technologies d'information et de communication, telles qu’Internet, constituent un objet d'étude de plus en plus important en sociologie.

La sociologie historique, souvent fortement influencée par la pensée de Marx et de Weber, mais également d’historiens français comme Fernand Braudel, s’est considérablement développée au cours de ces dernières années, notamment aux États-Unis sous l’influence de Charles Tilly et d’Emmanuel Wallerstein. Les frontières, autrefois bien distinctes, entre histoire et sociologie se sont déplacées grâce aux travaux du sociologue allemand Norbert Elias, qui a invité à saisir systématiquement l’élaboration des phénomènes sociaux dans leur perspective historique. Des domaines tels que l’histoire sociale, l’évolution démographique, l’économie et le développement politique ont été particulièrement influencés par ces nouvelles perspectives.

Au carrefour entre la sociologie et la psychologie se situe le domaine de la psychologie sociale. Elle étudie, surtout dans ses versions américaines, les interactions dans des groupes réduits, les croyances et les attitudes caractéristiques d’une population, ainsi que la formation du caractère et de la vision du monde sous l’influence de la famille, des cercles d’amis, de l’école et d’autres lieux de socialisation (la psychologie sociale rejoint ici la sociologie de la connaissance). En Europe, Serge Moscovici a joué un rôle notoire dans le développement de ce domaine d'études. Par ailleurs, la psychologie sociale s’est inspirée des thèses de la psychanalyse et, plus récemment, des recherches en sciences cognitives.

5 MÉTHODES DE RECHERCHE

Les sociologues utilisent presque tous les méthodes de collecte d’informations que les autres sciences sociales exploitent, depuis les statistiques mathématiques jusqu’à la critique des sources écrites ou orales. Aussi s’appuient-ils, dans une large mesure, sur les recensements, les statistiques démographiques, les chiffres du chômage, de l’immigration, les données relatives à la criminalité et à d’autres phénomènes sociaux, autant d’informations recueillies régulièrement par les pouvoirs publics.

La distinction entre techniques qualitatives et techniques quantitatives est quelque peu arbitraire, et parfois déroutante, mais elle est usuellement utilisée pour classer les différentes méthodes de recherche. Notons que les résultats d'une démarche qualitative peuvent faire l'objet d'une exploitation quantitative, et qu'une recherche quantitative peut, à son tour, faire intervenir des sources qualitatives.

1 Techniques qualitatives

L’observation directe de certains aspects de la société se pratique depuis longtemps dans le domaine de la recherche sociologique. Les travaux de Harold Garfinkel ou d'Erving Goffman ont fourni à la fois des modèles et des théories de l’enquête d'observation sur le terrain. Dans certains cas, il peut s'agir d'observation participante, en s’intégrant temporairement au sein du groupe étudié : Goffman a ainsi vécu plusieurs mois au sein d’un hôpital psychiatrique afin de rendre compte de la manière dont les malades mentaux s’efforcent de préserver leur identité sociale au sein d’une institution. Le chercheur peut, en plus du carnet de notes classique, utiliser des magnétophones ou des caméras vidéo pour saisir les individus en interaction sociale.

Le chercheur peut recueillir aussi des informations de première main auprès d'informateurs. Cette méthode est également utilisée par les anthropologues ou par les ethnologues. Il peut s'agir d'entretiens individuels, mais parfois également d'entretiens de groupe. L'entretien peut être directif (avec un protocole de questions préétabli), semi-directif (réponses ouvertes) ou non directif (en laissant place aux digressions et à la conversation spontanée). Ces méthodes qualitatives peuvent prendre des formes plus spécifiques, comme dans le cas des histoires de vie.

Les sociologues, comme les historiens, font également un usage intensif des informations indirectes. Il s’agit, en général, de diverses sortes de documents : des récits de vie, des rapports cliniques ou judiciaires, des documents personnels, des sources journalistiques ou d'autres sources publiées. Le chercheur peut réaliser une analyse de contenu de ce genre de corpus. Dans certains cas, cette analyse pourra avoir une dimension quantitative, et comporter l'utilisation de logiciels d'analyse de textes.

2 Techniques quantitatives

Les méthodes quantitatives englobent la présentation d’une grande quantité de données statistiques descriptives, des techniques d’échantillonnage et l’utilisation de modèles mathématiques, ainsi que des simulations informatiques des phénomènes sociaux. L’analyse quantitative permet d’établir des relations entre variables sociales et apparaît comme un moyen efficace de tester certaines hypothèses de recherche en établissant notamment des relations de causalité, en particulier dans l’analyse de la mobilité et de l’ascension sociales. L'analyse statistique du matériel sociologique peut devenir assez sophistiquée, comme dans le cas de l'analyse factorielle des correspondances ou de l'analyse de réseaux. Elle peut nécessiter l'assistance de logiciels spécifiques. C'est le cas du logiciel SPSS, amplement utilisé dans la profession.

Le terme « enquête » désigne à la fois la réalisation d’entretiens non directifs et la collecte et l’analyse des réponses recueillies par questionnaire auprès de larges échantillons de la population. Pendant les années quarante et cinquante, les méthodes statistiques servant à classifier et à interpréter les résultats obtenus lors des enquêtes ont été un temps considérées comme la principale technique de recherche sociologique. Pratiqués pour la première fois dans les années trente aux États-Unis, les sondages d’opinion, en particulier les sondages préélectoraux et les études de marché, sont aujourd’hui les outils classiques des politiciens ainsi que des nombreuses organisations et entreprises concernées par l’opinion publique.

Dans presque tous les domaines spécifiques de la sociologie, les enquêtes sont utilisées à des fins universitaires ou scientifiques, mais elles servent le plus souvent à l’étude du comportement des électeurs, des phénomènes d'opinion ou des réactions aux médias. L’enquête est un instrument de recherche sociologique irremplaçable, cependant on a souvent souligné son efficacité limitée dans de nombreux domaines. Alors que l’observation permet au sociologue de collecter des informations sur un groupe d’individus spécifique, l’enquête par sondage fournit des informations concernant une plus grande portion de la population. En général, l’enquête ne tient pas compte de la structure complexe des relations et des interactions des individus qui déterminent leur comportement social.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.




Bibliographie


Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.