>>Accueil du site sitécon


Vous êtes ICI -> Accueil du site / Sommaire Examens / Sommaire Cours SES / La page actuelle


indicateurs_dvlppmt

production | consommation | pouvoir d'achat | niveau de vie | taux de croissance | cycle économique | inflation et déflation | produit intérieur brut : P.I.B | indice de développement humain : I.D.H | productivité | étapes de la croissance | B.E.R.D | pays en voie de développement |

 

production

production, activité économique consistant à créer des biens et services.

La production s'analyse ainsi comme le résultat d'une création de richesses obtenue à partir d'un travail fourni par l'homme. Pourtant, tout travail ne conduit pas nécessairement à une production. Une personne cultivant son jardin potager pour sa propre consommation ne produit pas au sens économique du terme. Deux éléments permettent de définir la production en économie : il faut que les biens et services produits s'échangent sur un marché ou que ceux-ci soient le résultat d'un travail rémunéré. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) donne ainsi la définition suivante de la production : « activité économique socialement organisée consistant à créer des biens et services s'échangeant habituellement sur un marché ou obtenus à partir des facteurs de production (travail et machines notamment) s'échangeant sur un marché ». La production est donc une activité sociale excluant les travaux domestiques réalisés pour soi-même et est soit destinée à être vendue sur un marché à un prix donné, soit réalisée avec des facteurs de production issus du marché. Cette double référence au marché permet de distinguer la production marchande de la production non marchande.

La production marchande, conception, fabrication et transformation de biens et marchandises incluant le financement (voir Finance) par les banques, est destinée à être vendue sur le marché. Tous les biens matériels, des matières premières industrielles aux produits de consommation courante, sont considérés comme des biens marchands. D'une manière générale, le secteur privé produit l'essentiel des services marchands.

Les services gratuits ou quasi gratuits (Éducation nationale, bibliothèques municipales, par exemple) sont des productions non marchandes réalisées à partir de facteurs de production obtenus sur le marché. On considère que les administrations produisent des services non marchands.

Les services peuvent être marchands (publicité, services bancaires, activités de conseil) ou non marchands (santé publique). Certains services sont dans certains cas marchands et dans d'autres non marchands (enseignement, formation).

Processus économique fondamental, l'activité productive consiste à combiner différents facteurs de production (l'ensemble des matériaux et des ressources utilisées), dans des proportions variables, créant ainsi de nouvelles richesses économiques. La combinaison des facteurs de production dépend de la rareté relative des facteurs et de leur coût. Dans les pays où les capitaux sont rares et la main-d'œuvre abondante (le tiers-monde), la production des entreprises est fondée sur l'utilisation massive de main-d'œuvre, sans recourir de manière significative à l'emploi de machines, à l'exemple du secteur agricole. Au contraire, dans les pays industrialisés, on a tendance à substituer le capital au travail. Le développement de la robotique dans l'industrie automobile est une illustration de cette substitution capital-travail.

La production peut se mesurer en volume (tonnage ou quantité de biens produits) ou en valeur (chiffre d'affaires et valeur ajoutée pour une entreprise, produit intérieur brut et produit national brut pour un pays). L'importance d'une production est un indicateur du dynamisme et de la richesse économique d'une entreprise ou d'un pays.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

consommation (économie)

consommation (économie)

1 INTRODUCTION

consommation (économie), utilisation de biens et de services produits. En économie, on distingue la consommation finale non productive des ménages, aboutissement du processus de production, de la consommation intermédiaire productive des entreprises, qui correspond à l'utilisation de biens, machines et outils nécessaires à la production d'autres biens. La consommation peut être aussi classée en fonction de la nature des biens consommés. Il existe trois grandes nomenclatures de consommation. Les nomenclatures fonctionnelles distinguent les dépenses selon les besoins qu'elles satisfont, elles regroupent les produits complémentaires (par exemple, automobile et essence) ou substituables (le train et l'automobile comme moyens de transports suscitant des dépenses) en huit postes : l'alimentation, l'habillement, le logement, l'équipement du logement, le transport, la santé, les loisirs et une rubrique résiduelle. Les nomenclatures de durabilité regroupent les produits selon leur durée d'utilisation : les biens durables (téléviseurs, machines à laver, automobiles, etc.) s'opposent aux biens semi-durables (essentiellement habillement) ou non durables (alimentation, dépenses d'énergie). Les nomenclatures de production regroupent les dépenses par branche d'activité ou par produit (les listes les plus détaillées sont établies en France par un organisme public, la Comptabilité nationale).

2 LES ÉCONOMISTES ET LA CONSOMMATION

Deux grandes visions s'opposent à propos du phénomène de consommation. Les théories microéconomiques (développées dans ce domaine notamment par A. Marshall et J.R. Hicks) s'appuient sur une conception de l'autonomie et de la rationalité des individus pour expliquer que les consommateurs sont libres de choisir les biens qu'ils achètent. Leurs désirs sont subjectifs et varient de manière identique dans les différents groupes sociaux. Ce sont les prix des biens et le niveau de revenu qui expliquent les choix effectifs des consommateurs, lesquels s'efforcent d'abord de satisfaire leurs besoins élémentaires (se nourrir, se loger) avant de procéder à des achats plus raffinés (biens alimentaires de plus en plus fins, appartements plus spacieux, dépenses de loisirs). Lorsque les revenus des individus les plus démunis augmentent, ceux-ci s'efforcent de rattraper les consommations de ceux qui ont des revenus supérieurs. En macroéconomie, de même, J.M. Keynes fait du revenu la variable qui rend le mieux compte des comportements d'achats et J. Duesenberry intègre dans ses modèles l'effet d'imitation sociale ou de standing. Les notions de « besoin » et de « diffusion » sont donc centrales dans ces théories qui présupposent que tous les biens sont perçus de manière uniforme et universelle et que la réduction des différences sociales s'effectue par le seul rapprochement des revenus. Ce résultat est compatible avec une vision libérale de la société, qui annonce une égalisation des conditions de vie des individus dès lors qu'ils travaillent pour accroître leurs revenus. Dans les enquêtes qui ont été menées depuis un siècle, on observe effectivement une tendance au rapprochement de la part du revenu consacrée à l'alimentation dans tous les milieux sociaux et dans toutes les grandes nations (selon la loi dite d'Engel, du nom de son découvreur, Ernst Engel, statisticien allemand qui l'a mise en évidence en 1857). Plus les individus, les groupes sociaux et les nations voient leurs revenus croître, plus les sommes allouées à l'alimentation continuent de croître elles aussi mais à un degré moindre, ce qui signifie qu'elles ont de moins en moins d'importance proportionnellement dans les dépenses, généralement au bénéfice de postes comme le logement, les loisirs, la santé.

3 LES SOCIOLOGUES ET LA CONSOMMATION

Une autre tradition de recherche, qui s'est développée à la fin du XIXe siècle, fait de la consommation un objet très différent. De nombreux marxistes ont critiqué l'idée d'une liberté de choix des individus, surtout dans les populations les plus déshéritées, tandis que des anthropologues ont démontré la faible valeur théorique de la notion de « besoin », trop naturaliste, qu'il vaut mieux remplacer par celle d'« impératif culturel » (B. Malinowski). Avec T. Veblen (qui parle de consommation ostentatoire dans sa Théorie de la classe oisive, 1899) et G. Simmel (la Mode, 1905), l'accent est placé sur les comportements de rivalité et de différenciation inscrits au cœur des actes de consommation, et sur les comportements complémentaires de fusion avec un groupe social. La présence de phénomènes comme la mode démontre que les individus ne sont pas sensibles seulement aux biens matériels en eux-mêmes et à la satisfaction procurée par leur utilisation. Dans la consommation il y a deux éléments : la chose consommée et l'acte de consommer. L'acte de consommer sert à la fois à marquer son appartenance sociale à une catégorie, à démontrer que l'on fait partie d'un ensemble avec ses rites spécifiques, par exemple ouvrier ou bourgeois, et à marquer ses distances à l'égard des groupes auxquels on n'appartient pas ou auxquels on ne veut pas s'identifier. Les recherches empiriques menées par des organismes comme l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) soulignent ainsi la diversité des modes de vie paysans, ouvriers non qualifiés, ouvriers qualifiés, professions intermédiaires, cadres, professions indépendantes et la persistance dans le temps de certaines manières de se vêtir, de s'alimenter, de faire des sorties culturelles, même lorsque les revenus se rapprochent entre les catégories dans le temps.

Les sociologues se sont orientés vers une analyse fine des mécanismes de diffusion des pratiques de consommation avec les travaux des auteurs américains P. Lazarsfeld et E. Katz, inventeurs de la théorie du flux de communication en deux temps, selon laquelle les choix individuels de consommation sont en partie guidés par des leaders d'opinion et non déterminés directement par les émissions télévisées ou les publicités. En France, la théorie de la distinction de P. Bourdieu, selon laquelle les comportements sociaux sont toujours des comportements de différenciation active, a fait l'objet de nombreuses enquêtes de vérification qui en ont démontré à la fois la justesse et les limites (ainsi, P. Bourdieu a trop tendance à négliger les éléments culturels propres à certains milieux sociaux comme les ouvriers ou les paysans). À partir du moment où l'on n'observe pas seulement les quantités de biens achetées ainsi que les sommes dépensées par les individus dans les divers groupes sociaux et que l'on regarde aussi les produits consommés et leur qualité, on remarque que des groupes qui consacrent les mêmes sommes à la consommation par personne et par ménage n'ont pas les mêmes types de consommation de biens alimentaires, vestimentaires ou culturels, ce qui signifie que des cultures sociales existent aussi et modèlent fortement les pratiques (ainsi les viandes consommées ou les alcools achetés ne sont pas les mêmes dans les différentes catégories socioprofessionnelles même lorsque les dépenses dans ces deux rubriques sont identiques).

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

pouvoir d'achat

pouvoir d'achat

pouvoir d'achat, en économie, valeur réelle, en marchandises et en services, que représente un revenu.

Cette valeur se modifie avec les variations des prix des biens et des services susceptibles d'être consommés. Pour mesurer le pouvoir d'achat d'un revenu à un moment donné, on doit donc tenir compte de l'évolution des prix des biens et services. Dans la plupart des pays, un instrument est utilisé pour rendre compte de cette dernière : il s'agit de l'indice des prix à la consommation. En France, cet indice est calculé par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ; il représente une estimation de l'augmentation ou de la diminution générale des prix. Puisqu'il est impossible de relever tous les prix dans un pays, l'Insee a choisi 266 postes de biens et services, couvrant plus de 90 p. 100 des dépenses des Français, dont elle mesure par des sondages les variations de prix. L'indice des prix à la consommation est une moyenne pondérée de ces données, les postes étant affectés d'un coefficient plus ou moins élevé selon leur importance dans la consommation des Français : l'alimentation pèse par exemple beaucoup plus que la presse. Cet indice demeure imparfait — il ne tient pas compte de l'arrivée de nouveaux produits par exemple —, mais il permet d'avoir une image de la dérive des prix et de mesurer l'évolution du pouvoir d'achat moyen dans un pays, ce qui est essentiel pour tous les acteurs économiques.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

niveau de vie

niveau de vie

niveau de vie, en économie, estimation du niveau de richesse et de prospérité de la population. Il prend en général uniquement en compte les biens matériels, tels que le revenu ou les biens de consommation détenus, mais pas des éléments plus difficiles à appréhender, tels que la pollution atmosphérique, qui participent pourtant à la « qualité de vie ». Il existe bien des manières d'évaluer et de comparer différents niveaux de vie, mais aucune ne tient compte de notions telles que la satisfaction personnelle.

Le revenu national par habitant est l'un des critères qui permet d'évaluer le niveau de vie ; il s'obtient en divisant le produit intérieur brut (PIB) d'un pays par sa population. Si la population s'accroît à un rythme inférieur à celui du PIB, le niveau de vie augmente. Si en revanche la population augmente plus vite que le PIB, le niveau de vie diminue. Dans la mesure où il ne représente qu'une moyenne, le PIB par habitant peut masquer de profondes disparités de revenus. Ainsi, dans nombre de pays d'Amérique du Sud, les richesses sont concentrées entre les mains d'une minorité d'individus alors que la majorité de la population gagne bien moins que le PIB par habitant.

L'expression du PIB par habitant de plusieurs pays dans une seule monnaie, par exemple le dollar américain, fournit une idée approximative du niveau de vie moyen des pays que l'on compare. L'un des travers de ce critère d'évaluation est qu'il ne tient pas compte du coût de la vie (voir Pouvoir d'achat) dans ces pays. C'est pour cette raison que l'on préfère souvent comparer des niveaux de vie en considérant le PIB par habitant en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA), lequel se rapporte à la quantité de biens et de services susceptibles d'être acquis avec un PIB par habitant donné. La différence entre le PIB par habitant et le PIB par habitant exprimé en termes de PPA peut être minime : quel que soit l'étalon de référence employé, le niveau de vie de l'Australie et du Royaume-Uni sont proches (il correspond environ aux trois-quarts de celui des États-Unis). Mais cette différence peut aussi être importante : le PIB par habitant du Japon est supérieur de quelque 20 p. 100 à celui des États-Unis, alors que le niveau de vie moyen américain, calculé en termes de parités des pouvoirs d'achat, est supérieur d'environ 18 p. 100 au niveau de vie nippon.

Parmi les autres critères d'évaluation figure l'indice de développement de la population. Publié en 1990 par le programme des Nation unies pour le développement, cet indice englobe le PIB par habitant, le degré d'alphabétisation et l'espérance de vie des adultes, ce qui constitue un maigre reflet de la qualité de vie.

Il existe de nombreux autres modes d'évaluation, allant du taux de mortalité infantile à l'étendue du parc automobile, donnant une idée des différents niveaux de vie existants. La détention de biens de consommation peut cependant être davantage le reflet de choix sociaux que des niveaux de vie.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

croissance, taux de

croissance, taux de

croissance, taux de, rythme auquel le produit intérieur brut (PIB) augmente (croissance positive) ou décroît (croissance négative), en pourcentage du PIB de l'année précédente. Lorsque le PIB croît à un taux supérieur à la croissance démographique, on dit que le niveau de vie s'élève. Lorsque au contraire, la croissance démographique est supérieure au taux de croissance du PIB, on dit que le niveau de vie baisse. La croissance peut être mesurée en valeur nominale ou en valeur réelle. Dans ce dernier cas, on tient compte des effets de l'inflation. Ainsi, si le PIB nominal a augmenté de 5 p. 100 et si l'inflation s'est accrue de 4 p. 100 pendant la même période, la croissance réelle pour cette période est seulement de 1 p. 100.

Pour juger des performances d'une économie, on compare son taux de croissance à la moyenne de ceux des pays qui lui sont économiquement et géographiquement les plus proches. Par exemple, la croissance des États-Unis peut être comparée à la croissance moyenne des vingt-cinq pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), alors qu'on comparerait plutôt la croissance de la France à celle du cercle plus restreint des quinze pays de l'Union européenne.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

cycle économique

cycle économique

1 INTRODUCTION

cycle économique, en science économique, l’expression désigne les successions de phases de hausse et de baisse de l’activité économique (niveau de la croissance, de la production, ou de l’emploi).

2 PHASES DU CYCLE ÉCONOMIQUE

S’il est difficile de prévoir la durée d’un cycle, il est en revanche plus aisé d’en déterminer les phases. Nombreux sont les économistes qui s’accordent pour en dénombrer quatre — prospérité, récession, crise et reprise — utilisant les concepts initialement développés par l’économiste américain Wesley Mitchell, qui a consacré la majeure partie de ses travaux à l’étude des cycles économiques.

La phase de prospérité est marquée par une hausse de la production. L’emploi, les salaires et les bénéfices augmentent en proportion. Les entrepreneurs expriment un optimisme de nature conjoncturelle par le biais de l’investissement destiné à accroître le niveau de production futur. Cependant, à mesure que la reprise se confirme, se dressent des obstacles qui barrent la route à une nouvelle expansion : hausse des coûts de production, pénurie de matières premières, hausse des taux d’intérêt, des prix, et baisse de la consommation en réaction aux hausses de prix. La consommation ne suivant pas la production, les stocks s’accumulent, provoquant une chute des prix. Les industriels réduisent alors leurs dépenses et procèdent à des licenciements. Ces événements cumulatifs conduisent à une phase de récession. L’optimisme laisse alors place à un pessimisme qui affecte les décisions des agents économiques (entrepreneurs et consommateurs) qui voient chuter leurs revenus. Chacun thésaurise ou constitue une épargne de précaution, aux dépens de l’investissement et de la consommation. On assiste à une réduction de la production. Le chômage se développe : ces éléments ont pour effet de propager la crise.

Plusieurs facteurs peuvent alors amorcer une nouvelle phase d’expansion : parmi eux signalons « le remède keynésien » axé autour de la reprise de la consommation, stimulée par une action des pouvoirs publics. Généralement lente et inégale au début, la relance s’accélère. Les prix augmentent plus vite que les coûts. L’emploi reprend et participe à l’amélioration du pouvoir d’achat, ce qui permet d’accroître les débouchés des entreprises. L’optimisme gagnant l’économie, de nouvelles anticipations des agents se font jour, qui viennent entretenir le déroulement de la croissance : un nouveau cycle se prépare.

En réalité, les cycles économiques se déroulent rarement selon une mécanique de « schéma idéal » : l’ampleur des phénomènes et leur périodicité varient d’un cycle à l’autre, en régularité et en amplitude.

3 DIVERSITÉ DES CYCLES ÉCONOMIQUES
1 Un cycle saisonnier et naturel

Parmi les cycles spécifiques identifiés par les économistes, il en existe de particuliers liés à l’activité de certaines industries. Ces cycles, qualifiés de saisonniers, se situent toutefois à la marge de la théorie des cycles, dans la mesure ou ils sont déterminés, en grande partie, par des événements extérieurs à l’activité économique elle-même. Il en est ainsi de tous les métiers affectés par le déroulement du rythme des saisons, qu’ils soient agricoles ou liés à des activités touristiques. L’existence de ces cycles qualifiés de « purs » n’est cependant pas forcément encadrée par une limite temporelle courte. Les activités du bâtiment obéissent à des cycles de longue durée, qui se reproduisent selon un schéma temporel plus ou moins identique.

2 Des cycles de longue et de courte période

À l’opposé, certains économistes ont mis en lumière l’existence de cycles longs, d’environ un demi-siècle. Les études de l’économiste russe Nikolaï Kondratieff qui portent sur une longue période (XIXe siècle et début du XXe siècle), ont eu pour objet de caractériser les grandes phases qui ont marqué les étapes du développement des nations qui ont été les protagonistes de la révolution industrielle. Selon Kondratieff, les éléments collectés et analysés semblent prouver l’existence de cycles longs. Les « vagues » d’expansion et de contraction se décomposent en trois grandes périodes : 1792-1850, 1850-1896, et 1896-1940. À l’intérieur de chacune d’elles, Kondratieff distingue une phase de croissance des prix et de la production à laquelle succède une période de récession. À l’intérieur de ces cycles longs, certains ont tenté d’isoler certaines périodes qui constitueraient à elles seules des cycles significatifs de croissance / dépression : tel est le résultat des travaux menés par Kitchin ou le Français Clément Juglar, qui ont tous deux identifié des cycles d’une périodicité différente (de l’ordre de 40 mois pour le premier, de 8 à 11 ans pour le second). La pluralité de ces périodes n’exclut pas l’interaction que chacune d’elles est susceptible d’avoir sur les autres.

4 CAUSES DES CYCLES

Les économistes n’ont cherché à déterminer les causes des cycles économiques qu’à partir du moment où ces crises sont devenues un sujet de préoccupation majeure de la science économique.

1 Les anticipations des agents

Une théorie psychologique des cycles économiques, formulée par l’économiste anglais Arthur Pigou, affirme que l’optimisme ou le pessimisme des agents économiques peut influer sur la tendance économique. Cette explication attribue un rôle causal aux anticipations des entrepreneurs, des consommateurs, ainsi que des autorités politiques. Les décisions des uns interagissent sur le comportement des autres et sont de nature à influer sur l’évolution du cycle.

2 Le comportement des agents économiques

La théorie de la sous-consommation, attribuée en particulier à l’économiste anglais John Hobson, postule que l’inégalité des revenus constitue l’une des causes des crises économiques. Le marché est alors saturé de marchandises qui ne sont pas consommées. Par conséquent, les détenteurs de revenus importants accumulent de l’épargne qu’ils ne réinvestissent pas dans la production, en raison d’une trop faible demande en marchandises. Cette accumulation d’épargne rompt l’équilibre économique et marque le début d’un cycle de réduction de la production.

Les explications qui sont le plus couramment privilégiées aujourd’hui soulignent le rôle du progrès technique, de la demande, et de la productivité dans les fluctuations que connaissent les cycles économiques. À chaque fois qu’une innovation majeure apparaît, un processus de « destruction créatrice » des activités économiques se met en place. La concurrence entraîne une baisse des prix, et le chômage s’accroît. Seules les entreprises les plus innovantes survivent. Au bout d’un certain temps, les gains de productivité rendus possibles par ces innovations profitent à l’ensemble de l’économie, qui entre dans une phase de croissance de la production. L’économiste autrichien Joseph Schumpeter, théoricien de l’innovation économique, rapproche le déroulement du cycle économique du rythme auquel l’industrie intègre les effets de ce progrès technique. C’est parce que les inventions surviennent inopinément que l’économie doit traverser des phases d’expansion et de récession. Dès les années quatre-vingt, la croissance de l’économie mondiale est tirée par de nouvelles technologies (l’informatique, par exemple) qui sont venues se substituer aux secteurs qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, étaient générateurs de croissance.

Les économistes d’origine autrichienne Friedrich von Hayek et Ludwig von Mises ont présenté, eux, une théorie explicative des cycles qui prend pour point de départ l’investissement. Ils émettent l’idée que l’instabilité est la conséquence logique de l’accroissement de production. Les coûts de production augmentent, et si cette augmentation ne peut être répercutée sur le consommateur, le producteur réduit sa production et licencie.

Une théorie monétaire des cycles économiques met en relief le rôle de la masse monétaire dans l’économie. Les sociétés sont obligées d’emprunter pour financer leurs investissements, ce qui conditionne leur niveau de production, et donc le niveau d’emploi. C’est alors le niveau des taux d’intérêts qui détermine les anticipations des entrepreneurs.

5 EFFETS MULTIPLICATEURS ET ACCÉLÉRATEURS

À la base de toutes les théories sur les fluctuations et les causes du cycle économique se trouve la relation entre investissement et consommation. De nouveaux investissements induisent un effet multiplicateur : en permettant une relance de la production, donc de l’emploi, cela permet de distribuer un supplément de revenus, qui une fois consommé, permet à son tour d’alimenter une nouvelle hausse de la production. L’effet cumulatif joue cette fois en faveur de la croissance. Cette politique contra-cyclique fondée sur la dépense est au cœur des mécanismes keynésiens de sortie de crise.

De la même façon, l’augmentation des dépenses de consommation a un effet d’accélérateur sur l’investissement. Une plus forte demande encourage encore la hausse des investissements dans la production afin de répondre à cette demande. Ces deux facteurs peuvent agir en sens inverse : moins d’investissement réduit fortement le revenu global, et une plus faible demande à la consommation diminue les dépenses d’investissement.

6 MESURES POUR RÉGULER LES CYCLES

Depuis la crise de 1929, les économies occidentales se sont dotées d’outils destinés à empêcher de brusques baisses de l’activité économique. L’intervention des pouvoirs publics est au centre de ces mesures régulatrices destinées à compenser les effets des cycles récessifs. L’instrument monétaire, et plus encore budgétaire, sont utilisés dans le but de maîtriser l’équilibre économique.

La préférence de certains, dont Milton Friedman et d’autres avocats du monétarisme appartenant à l’école de Chicago, va à la politique monétaire. Elle consiste, à titre principal, dans le contrôle, par la Banque centrale, de la progression de la masse monétaire et des taux d’intérêt. Ceux-ci fixent la quantité disponible ainsi que le coût des crédits susceptibles d’être accordés aux entreprises. En principe, la contraction de la masse monétaire permet de juguler l’inflation. Lorsqu’il y a simultanément inflation et récession — phénomène souvent nommé stagflation —, il est difficile de savoir quelle politique monétaire appliquer. L’économie keynésienne, pour sa part, privilégie la variable du budget national et recommande une hausse des dépenses en cas de récession, afin de faire jouer les effets de multiplicateurs bénéfiques à l’économie. L’opposition entre ces deux approches, qui a marqué idéologiquement les années soixante-dix et quatre-vingt, s’efface progressivement avec l’apparition des théories privilégiant une approche synthétique. Il est à noter que, depuis 1991, les économies occidentales connaissent une quasi-déflation et une croissance comprise entre 2 p. 100 et 5 p. 100.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

inflation et déflation

inflation et déflation

1 INTRODUCTION

inflation et déflation, termes utilisés pour décrire respectivement la diminution ou l'augmentation du pouvoir d'achat de la monnaie en biens et services.

L'inflation est une augmentation ample et soutenue du niveau général des prix, mesurée par un index du coût de différents biens et services. Une augmentation répétée des prix érode le pouvoir d'achat de la monnaie et des autres actifs financiers à valeur fixe, provoquant ainsi de graves distorsions et incertitudes économiques. L'inflation apparaît lorsque des pressions économiques et l'anticipation de certains événements font monter la demande en biens et en services au-delà de l'offre disponible aux prix existants, ou lorsque la production disponible est réduite par une productivité défaillante ou par les contraintes du marché.

La déflation est une baisse soutenue du niveau général des prix, comme celle qui est survenue au cours de la crise économique de 1929. Elle est généralement associée à une érosion prolongée de l'activité économique et à un niveau de chômage élevé. Néanmoins, les baisses de prix généralisées sont aujourd'hui très rares, et l'inflation est devenue la principale variable macroéconomique affectant la planification économique, publique ou privée.

2 LES DIFFÉRENTS TYPES D'INFLATION

Une inflation rampante, de quelques points de pourcentage par an, ne constitue pas une menace grave pour le progrès économique et social. Elle peut même stimuler l'activité économique. En effet, l'illusion d'une augmentation du revenu au-delà de la productivité réelle encourage la consommation, et l'investissement dans l'immobilier s'accroît par l'anticipation d'une future hausse des prix. Dans l'activité commerciale, l'investissement en usines et en équipements s'accélère car les prix montent plus vite que les coûts, et les particuliers, entreprises et organismes publics emprunteurs prennent conscience que les prêts seront remboursés avec de l'argent porteur de moins de pouvoir d'achat.

Plus grave est le modèle de l'inflation chronique, caractérisé par une hausse des prix plus importante atteignant des taux annuels compris entre 10 p. 100 et 30 p. 100 dans certains pays industrialisés et parfois même 100 p. 100 ou plus dans quelques pays du tiers-monde. L'inflation chronique tend à devenir permanente et installe un cercle vicieux. Pour s'adapter à l'inflation chronique, les activités économiques normales se dérèglent : les consommateurs achètent des biens et des services pour éviter de payer des prix encore plus élevés dans le futur ; la spéculation immobilière s'accroît ; les investissements commerciaux se concentrent sur le court terme ; les incitations à épargner, ou à souscrire à une assurance, à un plan de retraite ou à des obligations à long terme sont restreintes, car l'inflation réduit le pouvoir d'achat à terme de ces produits financiers ; les gouvernements accroissent rapidement leurs dépenses dans l'attente de revenus gonflés ; les nations exportatrices voient la compétitivité de leur commerce compromise et sont contraintes de recourir au protectionnisme et à un contrôle arbitraire de la monnaie.

Dans sa forme extrême, la hausse chronique des prix devient de l'hyperinflation et provoque la chute du système économique entier. Par exemple, l'hyperinflation qui frappa l'Allemagne après la Première Guerre mondiale eut pour effet de multiplier le volume de la monnaie en circulation par plus de 7 millions et les prix par 10 millions sur les seize mois qui précédèrent novembre 1923. D'autres exemples d'hyperinflation se produisirent aux États-Unis et en France à la fin du XVIIIe siècle, en URSS et en Autriche après la Première Guerre mondiale, en Hongrie, en Chine et en Grèce après la Seconde Guerre mondiale, et dans quelques pays du tiers-monde au cours de ces dernières années. Au cours d'une période d'hyperinflation, la monnaie et le crédit s'accroissent à un rythme exponentiel, détruisant tous les liens existant entre valeur réelle et valeur nominale et rendant nécessaires des systèmes complexes de troc. Les gouvernements recourent à la planche à billets pour financer l'augmentation des programmes de dépenses, et ces financements inflationnistes des déficits budgétaires (voir Budget) détruisent la stabilité économique, sociale et politique.

À l'époque du bimétallisme ou de l'étalon or, une forme importante d'inflation était l'adultération de la monnaie, qui consistait pour un souverain à réduire la quantité de métal précieux contenue dans les pièces de monnaie. Si cette opération assurait des profits à court terme à l'État, qui pouvait frapper plus de monnaie pour la même quantité de métal précieux, elle faisait monter les prix à long terme, en raison de la loi de Gresham, qui veut que la « mauvaise monnaie chasse la bonne ». Ces adultérations servaient souvent à financer l'effort de guerre, ce qui explique en partie la corrélation qui existe entre l'inflation et les soulèvements politiques. En Europe, l'afflux d'argent venu du Nouveau Monde à partir du XVIe siècle aurait également contribué à la croissance progressive de l'inflation à partir de cette époque, la valeur du métal précieux tendant à diminuer. Les gouvernements actuels procèdent à de telles adultérations lorsqu'ils impriment plus de monnaie ou en modifient la valeur par un autre moyen.

3 HISTOIRE

On trouve de nombreux exemples d'inflation et de déflation à travers l'histoire, mais aucun document détaillé ne permet de quantifier ces tendances avant le Moyen Âge. Les historiens ont identifié une longue période d'inflation entre le XVIe et le début du XVIIe siècle en Europe, quoique à un taux annuel moyen de 1 p. 100 à 2 p. 100 bien modeste pour notre époque. Un important changement eut lieu pendant la guerre de l’Indépendance américaine, avec une hausse moyenne des prix de 8,5 p. 100 par mois aux États-Unis et, pendant la Révolution française, avec un taux d'inflation mensuel moyen de 10 p. 100. Ces crises relativement brèves furent suivies de longues périodes d'inflations et de déflations mondiales liées à des événements politiques et économiques particuliers.

Par rapport aux autres périodes de l'histoire, celle qui suit la Seconde Guerre mondiale est caractérisée par des niveaux relativement élevés d'inflation dans de nombreux pays et, vers le milieu des années 1960, une tendance à l'inflation chronique s'est installée dans la plupart des pays industrialisés. Ainsi, de 1965 à 1978, les prix à la consommation ont-ils augmenté à un taux moyen annuel de 5,7 p. 100 aux États-Unis, avec un pic de 12,2 p. 100 en 1974. Au Royaume-Uni, l'inflation a également atteint un record de 25 p. 100 en 1974, après le quadruplement des prix mondiaux du pétrole. Plusieurs autres pays ont subi une accélération comparable de la hausse des prix, mais certains, comme la République fédérale d'Allemagne (alors limitée à l'Allemagne de l'Ouest), ont échappé à une inflation chronique. Si l'on considère le niveau d'intégration de nombreux pays à l'économie mondiale, ces résultats disparates révèlent la relativement bonne efficacité des politiques économiques nationales.

Cette tendance inflationniste a été renversée dans la plupart des pays industrialisés vers le milieu des années 1980. Des mesures budgétaires et des politiques monétaires audacieuses engagées au début de la décennie, combinées à la baisse brutale du prix du pétrole et des matières premières, ont permis de retrouver des taux annuels d'inflation de moins de 4 p. 100.

4 CAUSES

L'inflation par la demande se produit lorsque le total de la demande excède l'offre disponible, entraînant des hausses de prix et faisant monter les salaires, le coût des matériaux, ainsi que les coûts d'exploitation et de financement. L'inflation par les coûts se produit lorsque les prix montent pour couvrir le total des coûts et maintenir les marges bénéficiaires. Une spirale coûts-prix finit par se développer lorsque tous les groupes d'intérêt et toutes les entités économiques répercutent chaque augmentation. Une déflation se produit lorsque les effets de la spirale sont inversés.

Pour expliquer comment les composantes de base de l'offre et la demande peuvent varier, les économistes ont proposé trois théories différentes : la quantité de monnaie disponible, le niveau général des revenus, ainsi que la productivité et les coûts comme variables de l'offre. Pour les partisans du monétarisme, les modifications du niveau des prix reflètent les fluctuations de la monnaie disponible, définie traditionnellement par l'argent en numéraire et les comptes de dépôt à vue. Selon eux, pour que les prix soient stables, la masse monétaire doit s'accroître à un rythme stable adapté à la capacité de production réelle de l'économie. Les adversaires de cette théorie rétorquent que les modifications de la masse monétaire sont une conséquence, non une cause, des variations du niveau des prix.

La théorie du niveau général des ressources est fondée sur l'œuvre de l'économiste britannique John Maynard Keynes, publiée au cours des années 1930. Selon ce dernier, la consommation et l'investissement sont déterminés par les modifications du revenu national. Ainsi les dépenses budgétaires et la politique fiscale d'un gouvernement doivent-elles être utilisées pour maintenir des niveaux optimaux de production et d'emploi. Ensuite seulement, la masse monétaire doit être ajustée de manière à financer le niveau désiré de croissance économique tout en évitant des crises économiques et des taux d'intérêt élevés qui décourageraient la consommation et l'investissement. Ainsi, selon cette théorie, les dépenses publiques et la politique fiscale peuvent être utilisées pour compenser l'inflation et la déflation par un ajustement de l'offre et de la demande.

La troisième théorie se concentre sur les éléments relatifs à l'offre. Ceux-ci incluent le rythme à long terme de l'investissement en capital et le progrès technologique, les modifications de la composition et de l'âge de la force de travail, le déplacement des activités industrielles, la rapide prolifération des réglementations nationales, le détournement de l'investissement vers des usages non productifs, la rareté croissante de certaines matières premières, les événements sociaux et politiques qui ont réduit les incitations à travailler, ainsi que des chocs économiques divers tels que problèmes monétaires et commerciaux, augmentations importantes du prix du pétrole et récoltes désastreuses dans l'une ou l'autre partie du monde. Ces problèmes relatifs à l'offre peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration de politiques monétaires et budgétaires.

5 CONSÉQUENCES

Les effets spécifiques de l'inflation ou de la déflation se mêlent et varient dans le temps. La déflation est généralement causée par le ralentissement de la production économique et le chômage. Des prix bas peuvent finir par encourager la consommation, l'investissement et le commerce extérieur, mais seulement à condition que les causes fondamentales de la détérioration initiale aient été corrigées.

L'inflation commence par accroître les bénéfices commerciaux, car les salaires et les autres coûts augmentent moins vite que les prix, ce qui permet plus d'investissements et de plus gros paiements de dividendes et d'intérêts. De plus, les dépenses personnelles augmentent parfois grâce à une anticipation des augmentations futures et, dans l'immobilier, l'espoir de voir monter les prix peut également attirer des acheteurs. L'inflation intérieure peut améliorer provisoirement la balance commerciale dans la mesure où le même volume d'exportations peut être vendu plus cher. Enfin, les dépenses publiques augmentent parce que de nombreux programmes sont, officiellement ou non, indexés sur l'inflation pour maintenir la valeur réelle des services publics et des transferts de ressources. L'État peut également anticiper le paiement de budgets plus importants avec les recettes fiscales provenant de revenus gonflés par l'inflation.

Néanmoins, malgré tous ces avantages temporaires, l'inflation finit par dérégler les activités économiques normales, surtout si son rythme varie. Les taux d'intérêt tiennent généralement compte du rythme d'inflation anticipé qui alourdit les coûts de production, décourage la consommation et fait baisser la valeur des actions et des obligations. La hausse des taux des prêts hypothécaires et l'envolée des prix de l'immobilier découragent la construction. L'inflation érode le pouvoir d'achat réel des revenus et des actifs financiers, ce qui réduit la consommation, surtout si les consommateurs ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser leur épargne ou accroître leurs dettes personnelles. L'investissement souffre du déclin général de l'activité économique et les profits sont limités dans la mesure où les employés demandent à ce que l'inflation qui frappe leurs revenus soit compensée par des mécanismes automatiques de hausse des salaires. La plupart des matières premières et des coûts d'exploitation réagissent très rapidement aux signaux inflationnistes. Des prix plus élevés finissent par nuire aux exportations, provoquant des déficits dans le commerce extérieur et entraînant des problèmes de taux de change. L'inflation est un élément essentiel dans les booms et récessions des cycles économiques, qui provoquent des distorsions indésirables dans les prix et l'emploi, ainsi qu'une incertitude généralisée quant aux performances futures de l'économie.

Les effets de l'inflation sur chaque individu dépendent de nombreux facteurs. Les catégories de population dont les revenus sont relativement fixes, particulièrement dans les catégories de bas revenus, souffrent de l'inflation, alors que celles dont le revenu est plus flexible ou négociable peuvent le maintenir, voire l'accroître. Ceux qui dépendent d'avoirs à valeur nominale fixe, tels que comptes d'épargne, pensions, assurances ou titres de créance à long terme, souffrent de l'érosion de la richesse réelle. En revanche, ceux dont les avoirs ont une valeur fluctuante, comme les biens immobiliers, les objets d'art, les matières premières et les biens permanents, peuvent maintenir ou accroître la valeur de leur patrimoine. Les salariés du secteur privé luttent pour introduire des indexations sur le coût de la vie dans leurs contrats de travail. Les emprunteurs bénéficient de l'inflation alors que les prêteurs en souffrent, car les prêts hypothécaires, personnels et commerciaux ainsi que les emprunts d'État sont remboursés avec de l'argent déprécié et les taux d'intérêt parviennent rarement à rattraper les taux d'inflation. Une « psychologie inflationniste » finit par inspirer toutes les décisions économiques, publiques ou privées.

6 MESURES DE STABILISATION

Tout effort réel de lutte contre l'inflation ne peut être que difficile, risqué et long, parce que la rigueur tend à réduire la production réelle et l'emploi avant même que son efficacité se manifeste, alors que les mesures de relance budgétaires et monétaires commencent au contraire par faire augmenter l'activité économique avant de faire monter les prix. Ce phénomène explique la prédominance des politiques de relance.

Les efforts de stabilisation tentent d'annuler les distorsions produites par l'inflation et la déflation en restaurant une activité économique normale. Pour être efficaces, ces efforts doivent être soutenus et ne pas se limiter à des mesures d'ajustement occasionnelles, qui souvent ne font qu'amplifier les variations cycliques. Une condition essentielle de succès est une croissance stable de la monnaie et du crédit ajustée à la croissance réelle et aux besoins des marchés financiers. À long terme, la banque centrale peut influer sur la disponibilité et le coût de l'argent et du crédit en faisant varier le seuil des réserves financières obligatoires des banques, mais également par d'autres mesures. Lors des phases cycliques d'expansion, la rigueur monétaire réduit la pression inflationniste. Dans les phases cycliques de récession, au contraire, une politique accommodante contribue à la remise sur pied des finances. Mais les autorités monétaires ne peuvent restaurer la stabilité économique de façon unilatérale si la consommation et l'investissement privés provoquent des pressions inflationnistes ou déflationnistes ou si d'autres mesures prises par le gouvernement ont un effet opposé aux leurs. Les dépenses publiques et la politique fiscale doivent être cohérentes avec la politique monétaire pour parvenir à créer la stabilité et éviter des revirements exagérés dans la politique économique.

Les déficits budgétaires importants des gouvernements doivent notamment être financés par l'emprunt ou par la planche à billets. Le recours à cette dernière méthode entraîne inévitablement une pression inflationniste. Pour être efficaces, les efforts de stabilisation doivent comprendre des mesures monétaires et budgétaires cohérentes et soutenues.

Pour combattre l'inflation et éviter la stagnation que crée une déflation, il est important d'agir également sur l'offre. Les moyens d'action comprennent une augmentation des incitations à l'épargne et à l'investissement, des efforts financiers dans la recherche et le développement de la technologie, l'amélioration des techniques de gestion et de la productivité du travail par la formation, des efforts importants pour entretenir les sources de matières premières et en développer de nouvelles, ainsi que la réduction des réglementations superflues.

Certains analystes préconisent l'utilisation de diverses mesures sur les revenus pour combattre l'inflation. Ces mesures vont des cadres de réglementation obligatoires fixés par le gouvernement pour les salaires, les prix, les loyers et les taux d'intérêts à de simples propositions facultatives, en passant par des incitations ou des dissuasions fiscales. Les partisans de ces actions considèrent qu'une intervention de l'État peut compléter les mesures monétaires et budgétaires de base. Leurs adversaires soulignent l'inefficacité des programmes de contrôle engagés par les nations industrialisées dans le passé et mettent en question l'aspect positif d'un accroissement des interventions de l'État dans les décisions économiques privées. Il est probable que, dans le futur, les mesures de stabilisation se concentreront sur une coordination des mesures monétaires et budgétaires et sur un renforcement des actions sur l'offre pour restaurer la productivité et développer de nouvelles technologies.

Tous les problèmes nationaux d'inflation et de déflation, ainsi que les politiques relatives à ces problèmes, prennent une importance accrue dans le contexte de mobilité des investissements et de la spéculation des marchés déréglementés et mondialisés de la fin du XXe siècle. Lorsque les milieux financiers internationaux peuvent changer en quelques minutes la valeur d'une monnaie ou plonger un pays dans la récession parce qu'ils fuient des mesures inflationnistes, la stabilité économique ne peut être préservée que par une gestion rigoureuse.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

produit intérieur brut (PIB)

produit intérieur brut (PIB)

produit intérieur brut (PIB), montant total de la production de biens et de services d'un pays pendant une période donnée, généralement un an ou un trimestre, quelle que soit la nationalité du propriétaire des moyens de production. Par exemple, la production des sociétés américaines basées en France entre dans le PIB de la France, et non dans celui des États-Unis. La plupart des pays considèrent le PIB comme le meilleur indicateur de l'activité économique ; cependant, jusqu'au début des années 1990, l'Allemagne, le Japon et les États-Unis utilisaient le produit national brut (PNB), qui totalise les revenus perçus par les résidents d'un pays, quelle que soit la localisation (sur le territoire national ou à l'étranger) de leurs actifs. Pour reprendre l'exemple précédent, les revenus perçus par une société américaine basée en France sont comptabilisés dans le PNB des États-Unis, et non dans celui de la France.

Le PIB est égal à la somme en valeur de la consommation privée, de l'investissement, des dépenses de l'État, des variations des stocks et des exportations, moins celle des importations. Ces éléments sont appelés « composantes » du PIB. Les différents secteurs de l'économie (l'agriculture, ou secteur primaire, l'industrie ou secteur secondaire, et les services, ou secteur tertiaire) contribuent au PIB à des degrés divers. Dans la plupart des pays développés, les services représentent entre 60 et 70 p. 100 du PIB, l'industrie entre 25 et 40 p. 100, et l'agriculture moins de 5 p. 100. Il existe bien sûr des exceptions. Ainsi, la contribution de l'agriculture est supérieure à 5 p. 100 en Irlande, la contribution des services aux États-Unis dépasse 70 p. 100 et celle de l'industrie au Japon dépasse 40 p.100.

Le PIB est généralement calculé à partir des prix du marché, mais on peut également le calculer à partir des coûts de production, en y soustrayant les impôts indirects et en y ajoutant les subventions, ce qui donne une idée plus précise du revenu attribuable aux facteurs de production. Le PIB peut être exprimé en valeur constante ou en valeur courante, qui tient compte de l'inflation. On peut mesurer le PIB de trois façons différentes : en faisant le total de la valeur de tous les biens et services produits, en faisant le total des dépenses en biens et en services au moment de leur vente, ou enfin en faisant le total des recettes des producteurs tirées de la vente des biens et services. En théorie, ces trois méthodes devraient aboutir au même résultat, la production étant égale aux dépenses, elles-mêmes égales au revenu. En réalité, il est impossible de mesurer le PIB avec précision, notamment à cause de la présence d'une économie souterraine (non déclarée au fisc) dans chaque pays. En Italie, cette économie souterraine a été évaluée officiellement à environ 20 p. 100 de l'activité économique totale et certains jugent ce chiffre nettement en dessous de la vérité.

Le niveau de vie dans un pays a souvent pour indicateur le PIB par habitant, qui est calculé en divisant le PIB du pays par le nombre d'habitants.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

développement humain, indice de (IDH)

développement humain, indice de (IDH)

1 INTRODUCTION

développement humain, indice de (IDH), indice synthétique élaboré par les agences de l’ONU afin de rendre compte de l’état de développement des nations.

2 DÉFINITION DE L’IDH

La mesure de la richesse des nations utilise le plus souvent des indicateurs statistiques élaborés à partir de données réelles et physiques quantifiables (produit intérieur brut, produit national brut, solde de la balance commerciale ou de la balance des paiements, etc.). L’indice de développement humain (IDH) s’efforce, quant à lui, de mesurer le bien-être des populations et d’intégrer dans la mesure du niveau de vie par pays des variables telles que le taux de mortalité infantile (voir taux de mortalité), l’espérance de vie à la naissance, l’accès à l’enseignement et le taux d’alphabétisation.

3 CALCUL DE L’IDH

L’élaboration de cet indice, qui apparaît dans les statistiques annuelles du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) depuis 1990, doit beaucoup aux travaux de l’économiste Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998. L’IDH est composé de trois indicateurs — la longévité mesurée par l’espérance de vie à la naissance, le taux d’alphabétisation des adultes et le niveau de vie mesuré par le PIB par habitant —, chacun d’eux étant calculé dans un premier temps en fonction de l’écart existant entre un minimum et un maximum déterminé au niveau mondial, puis intégré dans une moyenne arithmétique de ces trois éléments.

La mesure de l’espérance de vie se calcule par exemple comme suit :

— le minimum défini de 25 ans ;
— le maximum défini de 85 ans ;
— l’écart entre les deux est donc de 60 ans ;
— une année d’espérance de vie supplémentaire au-delà du minimum vaut donc 1/60e, soit 0,0167 (après arrondi) ;
— un pays où l’espérance de vie est de 75 ans est alors affecté d’un coefficient qui résulte de l’opération suivante : 0,0167 × (75 – 25), soit 0,835.

Le résultat ainsi obtenu est interprété selon une grille de lecture qui attribue aux résultats supérieurs à 0,8 la mention « élevée », les résultats « moyens » étant ceux situés entre 0,799 et 0,5, tandis que les résultats dits « faibles » sont inférieurs à 0,5.

4 L’INDICE DE PAUVRETÉ HUMAINE (IPH)

La mesure du développement humain s’est enrichie d’un indicateur nouveau, l’indice de pauvreté humaine (IPH). Alors que l’IDH mesure le progrès général d’un pays, l’IPH s’attache à la répartition de ce progrès et tente de déchiffrer les formes de dénuement qui subsistent. Il est décliné en deux sous-catégories : un premier IPH mesure la pauvreté des pays en développement en prenant en compte le pourcentage de la population dont l’espérance de vie (voir taux de mortalité) est inférieure à 40 ans, le pourcentage d’adultes analphabètes ainsi que l’accès au système de soins ; un second IPH mesure, pour sa part, la pauvreté dans les pays industrialisés avec toutefois des seuils de dénuement différents, tant il est vrai que la pauvreté tout comme la richesse sont susceptibles d’être hiérarchisées. L’IPH recense alors, pour ce « groupe » de pays, la population dont l’espérance de vie est inférieure à 60 ans, les individus dont l’aptitude à lire et écrire est insuffisante — l’illettrisme remplace l’analphabétisme —, ainsi que le niveau de revenus.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

productivité

productivité

productivité, en science économique, rapport de la production de biens ou de services à la quantité de facteurs de production (le capital et le travail) utilisés pour produire ces biens ou services. La productivité du capital est le rapport de la valeur ajoutée au capital fixe productif en volume. La productivité du travail, le rapport de la valeur ajoutée au nombre d'heures travaillées. La productivité globale des facteurs, enfin, est le rapport de la valeur ajoutée au volume des deux facteurs capital et travail.

Pour calculer son évolution, on utilise souvent des indices (liés à la production et aux heures travaillées, par exemple). C'est l'industrie manufacturière qui fournit les données les plus fiables pour construire de tels indices, dans la mesure où il est plus facile de mesurer la production réalisée sur une chaîne de montage que celle d'une activité de service (par exemple, de services financiers).

La maximisation de la productivité est la clé du succès de l'entreprise. Il est important de tenir compte de la productivité de tous les facteurs de production et non uniquement de la productivité du travail. Accroître la contribution du capital dans la production (par des investissements en biens d'équipement, par exemple) dans le but de réduire le facteur travail (et par conséquent d'accroître sa productivité) doit avoir pour objectif final d'augmenter la productivité globale des facteurs. Cette productivité est difficile à évaluer, car il n'est pas aisé de déterminer quelle part de la variation de la production revient aux différents facteurs, d'autant que leur quantité respective varie. Il faut donc faire preuve de circonspection lors de l'interprétation des chiffres concernant la productivité : il est possible qu'une augmentation à court-terme des indices de productivité soit le reflet d'une meilleure utilisation des capacités de production plutôt que d'une tendance éprouvée à la hausse.

Les augmentations de salaire dépendent de la productivité. De nombreuses entreprises calculent, au moins pour partie, les salaires en fonction de la productivité des travailleurs. L'entreprise a en effet intérêt à ce que le salaire soit fixé au niveau de la productivité marginale du travailleur, soit la valeur produite pendant la dernière heure travaillée. Cependant, de nombreux mécanismes, autres que la productivité, contribuent à la détermination des salaires (législations sur les salaires minimums, poids des syndicats dans les négociations salariales, etc.).

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Étapes de la croissance économique

Étapes de la croissance économique

LES DIFFÉRENTES ÉTAPES LES CARACTÉRISTIQUES DES ÉTAPES DE LA CROISSANCE
Société traditionnelle Société agricole, stationnaire, où la terre constitue l’unique source de richesses.
Les perspectives de changement sont inexistantes.
La structure sociale est très hiérarchisée.
Phase des conditions préalables au décollage Les notions de changement et de progrès se diffusent largement.
L’épargne et l’investissement augmentent.
Décollage ou « take off » Phase de courte durée au cours de laquelle les branches motrices émergent.
La croissance devient régulière et crée un processus cumulatif, auto-entretenu.
Passage à la maturité Diffusion du décollage à l’économie dans son ensemble.
De nouvelles industries se substituent aux anciennes; les productions se diversifient.
Ère de la consommation de masse Les besoins essentiels sont satisfaits.
Politique sociale de bien-être ou de puissance économique.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)

Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)

Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), banque multilatérale créée en 1991 pour fournir une assistance financière aux pays d’Europe de l’Est et centrale de l’ancien bloc communiste qui s’engagent sur la voie d’une transition de leurs économies sur le modèle de l’économie de marché. Son siège se trouve à Londres.

Par son action (prêts, garanties d’emprunt, aides à l’investissement, etc.), elle encourage une politique de privatisation des entreprises, favorise les prises de participation des entreprises occidentales au capital des entreprises privées et publiques, initie des politiques d’investissements, ainsi que d’autres formes de soutien, en faveur d’un développement économique durable. La BERD, inaugurée le 15 avril 1991, a été créée à l’instigation du président de la République française François Mitterrand, et présidée par Jacques Attali de 1991 à 1993. Elle comprenait à l’origine quarante et un membres — dont des institutions internationales comme la Banque européenne d’investissement (BEI) —, des États parmi lesquels on trouve l’ensemble des pays membres de l’Union européenne (UE) et de l’Association européenne de libre-échange (AELE) — hormis le Liechtenstein —, les pays d’Europe centrale et de l’Est — à l’exception de l’Albanie —, ou encore des institutions représentant un regroupement d’États comme la Commission européenne. En 1999, la banque compte soixante membres, l’Albanie ayant adhéré en octobre 1991, ainsi que les États issus de l’ex-URSS depuis mars 1992. Le montant des capitaux ayant permis la création de la banque s’élève à 10 milliards d’ECU. Les pays de l’Union européenne, la Commission européenne et la BEI détiennent 51 p. 100 de ce capital, les États-Unis 10 p. 100, le Japon 8,5 p. 100 et les pays d’Europe centrale et de l’Est 11,9 p. 100. Le capital restant est détenu par les autres membres de la BERD. Plus de 60 p. 100 des fonds sont attribués aux entreprises privées ou aux entreprises publiques destinées à être privatisées. Les emprunteurs peuvent se voir attribuer au maximum 35 p. 100 de leur besoin global en capital. La BERD accorde, par ailleurs, des prêts destinés à l’assistance technique et à la formation par l’intermédiaire de son Programme de fonds de contribution doté d’un capital d’environ 90 millions de dollars. En 1999, la BERD intervient dans 26 pays

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

développement, pays en voie de

développement, pays en voie de

1 INTRODUCTION

développement, pays en voie de, pays dont les structures économiques, politiques et sociales ne permettent pas de satisfaire les besoins fondamentaux des populations et qui se caractérisent principalement par une pauvreté massive ainsi qu’une faible insertion dans l’économie mondiale.

Historiquement, la distinction entre pays du tiers-monde, selon une expression, recouvrant également une dimension politique, popularisée par l’économiste Alfred Sauvy en 1954, et pays développés, riches et anciennement industrialisés, s’est opérée avec le mouvement de décolonisation amorcé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Depuis, les premiers se sont engagés de manière inégale dans la voie du développement, enjeu majeur des rapports Nord-Sud. Le monde en voie de développement, où vivent plus des trois quarts de la population mondiale, recouvre aujourd’hui une réalité très contrastée.

2 INDICATEURS ET INDICES DU DÉVELOPPEMENTS
1 Des évolutions contrastées

Depuis le début des années 1960, le développement du Sud s’est effectué à un rythme extrêmement rapide : les progrès économiques et sociaux réalisés sont à la mesure de ceux que connurent en un siècle les nations aujourd’hui les plus riches. Après une période de décollage économique, une rupture est cependant intervenue en 1973, avec le premier choc pétrolier. Le processus de développement s’est en grande partie enrayé avec la crise de la dette, en 1982, qui provoqua un tarissement des financements privés et qui fut aggravée par une détérioration continue des termes de l’échange. Après cette « décennie perdue du développement », la croissance économique a certes repris, mais le retard accumulé explique que l’écart entre Nord et Sud ait globalement continué de s’accroître.

Les situations sont cependant très différentes d’une région à l’autre, comme le souligne le rapport 1996 de la Banque mondiale. L’ensemble constitué par l’Asie de l’Est et le Pacifique, bénéficiant d’une forte croissance économique et de la majeure partie des flux de capitaux privés, est aujourd’hui davantage intégré à l’économie mondiale tandis que recule la pauvreté. Ces avancées globales dissimulent toutefois le fait que 80 p. 100 de la population de cette vaste région vit dans des pays à faible revenu, confrontés à des problèmes de développement importants. Le contraste est le même en Amérique latine et dans les Caraïbes, ensemble le plus lourdement endetté : au sein même des nouveaux pays industrialisés (NPI) comme le Brésil ou l’Argentine, les inégalités économiques et sociales n’ont cessé de se creuser. Le continent africain, malgré une récente amélioration en terme de croissance du produit intérieur brut (PIB), cumule les handicaps : sur fond d’extrême pauvreté, tous les indicateurs sociaux y demeurent inférieurs à ceux des autres régions ; l’investissement et l’épargne y sont toujours insuffisants pour susciter un développement endogène, et l’aide internationale, en recul ces dernières années, ne suffit pas à pallier ces carences.

2 Pauvreté et endettement

Le revenu constitue le premier indicateur de développement (ou de sous-développement). Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les habitants des pays en développement, soit 76 p. 100 de la population mondiale, se partagent seulement 16 p. 100 du revenu mondial. Si le rythme d’accroissement du revenu par tête est plus rapide au Sud qu’au Nord, l’inégalité se perpétue en raison d’un décalage mécanique : l’écart de revenu, entre les 20 p. 100 les plus pauvres et les 20 p. 100 les plus riches, a doublé entre 1960 et 1990. En 1996, un habitant des pays riches avait en moyenne un revenu dix-huit fois supérieur à celui d’un habitant des pays pauvres.

Les institutions financières et les organismes économiques intergouvernementaux opèrent une classification des pays en développement à partir du produit national brut (PNB) par habitant, sur la base de l’année 1992. En 1996, celui-ci était inférieur à 675 dollars dans 64 pays à faible revenu (PFR), parmi lesquels la Chine, l’Égypte et l’Inde, la majorité des pays les moins avancés (PMA) se situant en Afrique subsaharienne. Une cinquantaine de pays d’Afrique, du Proche-Orient, d’Amérique du Sud et des Antilles se situent dans la tranche inférieure des pays à revenu intermédiaire, pour lesquels le PNB par habitant est supérieur à 676 dollars et inférieur à 2 695 dollars. Trente pays, dont l’Argentine et l’Arabie Saoudite, et de nombreux pays d’Asie de l’Est, se classent dans la tranche supérieure de cette catégorie, avec un PNB par habitant compris entre 2 696 dollars et 8 355 dollars. Quinze pays figurent parmi les pays à revenus élevés, dont le PNB par habitant dépasse 8 355 dollars.

Ne disposant pas des ressources en capitaux nécessaires à leur développement, ces pays l’ont en grande partie financé en s’endettant à l’extérieur. À la fin de l’année 1995, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) chiffrait la dette extérieure totale des pays en développement à 1 940 milliards de dollars. Cette dette, qui a augmenté plus rapidement dans la seconde moitié des années 1990, est inégalement répartie, l’Amérique latine et les Caraïbes en supportant près du tiers, l’Asie et le Pacifique 22,9 p. 100.

L’endettement constitue une entrave à la poursuite du développement. Outre le fait que les sommes consacrées au remboursement de la dette sont détournées de l’investissement productif, les pays endettés sont contraints de privilégier les secteurs économiques tournés vers l’exportation au détriment de la satisfaction des besoins internes, notamment en ce qui concerne l’agriculture. Depuis 1983, en raison du remboursement de la dette, les flux financiers entre le Nord et le Sud se sont inversés, les pays en voie de développement transférant en moyenne vers leurs créanciers du Nord une somme nette de 40 milliards de dollars par an. En 1996, ils consacraient globalement un cinquième de leurs recettes d’exportation au service de la dette.

3 Place dans l’économie mondiale

Les structures de production reflètent également le décalage entre pays anciennement industrialisés et pays en développement, où le secteur agricole, peu productif, employait encore, en 1995, 60 p. 100 de la population. Entre 1960 et 1990, la contribution de l’agriculture au PIB des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, les moins industrialisés, a diminué d’un tiers, au profit du secteur secondaire.

L’essor de l’industrie manufacturière a permis aux pays d’Asie d’améliorer leur insertion dans le commerce mondial. En vingt ans, leur poids dans les échanges internationaux a doublé, essentiellement grâce aux exportations de produits manufacturés. Dans le même temps, la part des pays les moins avancés, toujours spécialisés à l’exportation dans les produits agricoles et les matières premières, dont le prix n’a cessé de baisser depuis le début des années 1980, était divisée par deux. Or, la participation aux échanges commerciaux constitue un facteur nécessaire du développement. Mais le commerce mondial demeure dominé par les pays de l’OCDE, à l’origine des deux tiers des échanges internationaux, dont ils définissent également les règles. Les exportations des pays en développement ne représentent qu’un cinquième du total des exportations mondiales, mais la moitié pour les produits primaires.

4 Mesure du développement humain

Les indicateurs économiques ne donnent qu’une vision partielle de la situation des pays du Sud. Aussi, le PNUD calcule-t-il, depuis 1990, un indice de développement humain (IDH), qui prend en compte non seulement le niveau de revenu, mais également l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’alphabétisation des plus de quinze ans. Les progrès sanitaires et sociaux ont permis de resserrer l’écart entre Nord et Sud : depuis les années 1960, l’espérance de vie moyenne a augmenté de dix-sept ans dans les pays en voie de développement, et le taux de scolarisation dans le primaire et le secondaire a été multiplié par 1,5, ce qui a provoqué un recul relatif de l’analphabétisme.

En 1996, cependant, l’IDH atteignait 0,916 pour les pays industrialisés contre 0,570 pour les pays en développement. Cette moyenne masque à nouveau de fortes disparités, entre d’une part l’Afrique subsaharienne (0,389) et l’Asie du Sud (0,453), d’autre part l’Amérique latine et Caraïbes (0,823), et l’ensemble constitué par l’Asie de l’Est et le Pacifique (0,874 sans la Chine).

L’ensemble des pays en voie de développement connaît un accroissement démographique, rapide et soutenu, même si les prévisions pour le XXe siècle ont récemment été revues à la baisse. Si un certain nombre de pays, tels les « dragons » asiatiques, la Chine ou le Brésil ont amorcé leur transition démographique, la baisse de la fécondité accompagnant celle de la mortalité, le taux de fécondité demeure très élevé dans les pays à revenu faible et intermédiaire. En Afrique subsaharienne, il atteint ainsi 6,1 enfants par femme.

Cette croissance de la population engendre des coûts supplémentaires en matière de développement humain et accroît la pression sur les ressources naturelles, alors même que les pays en développement ne sont pas encore parvenus à l’autosuffisance alimentaire et que les infrastructures sanitaires et sociales demeurent défaillantes. Plus des deux tiers des enfants sont aujourd’hui frappés de maladies ou d’incapacités dues à la malnutrition ou aggravées par elle, et le taux de mortalité infantile est de 3 à 10 fois supérieur à celui des pays industrialisés ; près de 40 p. 100 des habitants des pays en développement n’ont toujours pas accès à l’eau potable.

L’insuffisance des structures sanitaires est particulièrement frappante dans les grandes villes du Sud, qui se développent de manière anarchique, attirant en masse des paysans chassés par la raréfaction des terres cultivables ou pâturables. Entre 1950 et 1990, la population urbaine des pays en développement a quadruplé lorsque celle des pays industrialisés doublait.

3 THÉORIES ET POLITIQUES DU DÉVELOPPEMENT
1 Approches économistes

Théories et politiques du développement ont longtemps négligé les facteurs socioculturels, le développement étant essentiellement pensé en termes de croissance du revenu. La révolution industrielle servait de référence. Pour des économistes tels Walt Rostow ou Arthur Lewis, le retard du tiers-monde par rapport aux pays riches s’analysait par une insuffisance de l’épargne intérieure, entraînant celle de l’investissement productif.

Rostow proposa ainsi dans les années 1950 un modèle du processus de développement en cinq étapes, de la société traditionnelle à celle de la consommation de masse. Le décollage de l’économie ne pouvait intervenir qu’après une période de transition, correspondant à l’accumulation de capital et à la diffusion des connaissances technologiques. Dans ce contexte, l’aide internationale devait se substituer à l’épargne intérieure et fournir les ressources nécessaires au décollage. Elle s’orienta en priorité vers les infrastructures économiques et les « industries industrialisantes ».

Les théoriciens du dualisme et de la dépendance, tels Raul Prebisch ou François Perroux, ne remirent pas en cause la nécessité de l’aide internationale. Mais celle-ci constituait un juste retour de ressources vers des pays dont les matières premières étaient achetées à bas prix par les pays industrialisés, qui les transformaient en produits finis revendus à des prix supérieurs. Cette thématique de l’échange inégal fonda la revendication d’un nouvel ordre économique international, qui domina les rapports Nord-Sud durant les années 1970.

Ces économistes mettaient également l’accent sur la spécificité des économies du Sud, caractérisée par un dualisme entre un secteur traditionnel négligé et un secteur moderne tourné vers l’extérieur, renforçant la dépendance à l’égard du Nord. Pour mettre fin à cette inégalité et à cette dépendance, les pays du Nord devaient accepter d’ouvrir largement leurs marchés et contribuer à la stabilisation du prix des matières premières ; les ressources dégagées par des échanges plus équitables devaient être consacrées à un développement autocentré, afin de permettre la substitution progressive de produits nationaux aux importations.

Le courant tiers-mondiste, représenté par Samir Amin ou Gunter Frank, défendait une politique plus radicale de rupture avec le capitalisme, considéré comme un modèle imposé par le Nord dominant, et de déconnexion du marché mondial. Les pays qui adoptèrent le modèle socialiste développèrent en priorité l’industrie lourde.

Dès les années 1960, des critiques avaient été émises à l’encontre des deux types de théorie. Albert Hirshman avait ainsi mis en doute la capacité d’absorption de l’aide par les économies sous-développées. En l’absence de cadre institutionnel adéquat, une grande partie de l’aide fut en effet gaspillée, et la priorité absolue donnée aux infrastructures lourdes donna parfois le jour à des complexes coûteux et parfaitement improductifs.

En Asie, l’accent avait davantage été mis sur l’amélioration de la production agricole, avec pour double objectif de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur et de dégager, par l’augmentation du niveau de vie paysan, une épargne mobilisable pour l’industrialisation. Si une politique protectionniste permit, dans la phase de décollage, de protéger les industries nationales naissantes, la réussite des « dragons asiatiques », confrontée à l’échec des expériences autarciques, a démontré que l’insertion dans l’économie mondiale était une condition essentielle du développement.

2 Pour un développement de qualité

L’échec des politiques fondées sur une vision mécaniste du développement, le renforcement des inégalités, y compris celles engendrées par la croissance économique dans certains pays en voie de développement, contribuèrent à réorienter la réflexion en la matière. À partir des années 1970, les programmes de développement, sous l’impulsion du PNUD, prirent davantage en considération les spécificités culturelles et sociales des pays concernés ainsi que leurs structures institutionnelles.

L’accent fut mis sur la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Il ne pouvait y avoir de développement sans que fût résolu le problème de l’insécurité alimentaire et sanitaire, sans élévation du niveau d’éducation des hommes et des femmes, acteurs du développement local. À la notion d’un modèle imposé de l’extérieur se substitua l’idée que le développement devait être un processus endogène, favorisé par la mise en place d’un cadre politique, financier et juridique favorable à l’initiative économique. Les populations devaient être plus étroitement associées aux projets de développement : leur participation fut notamment encouragée par les organisations non gouvernementales (ONG), de plus en plus impliquées sur le terrain.

La mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel, à partir des années 1980, a cependant marqué un retour à la primauté de l’économie. Elle a eu pour conséquence immédiate de renforcer l’influence des institutions financières intergouvernementales au détriment des organismes spécialisés des Nations unies. Ces politiques ont incontestablement contribué, en Amérique latine et en Asie, à rétablir les grands équilibres financiers, et partant, à restaurer la confiance des investisseurs et prêteurs étrangers. Mais elles ont eu un coût social extrêmement élevé. Leur efficacité est davantage contestée dans les pays les moins avancés, notamment africains. Là, le processus d’industrialisation et de diversification de l’économie est à peine amorcé. Les possibilités de croissance sont hypothéquées par l’existence de multiples goulets d’étranglement (infrastructures inconsistantes ou défaillantes, segmentation des marchés internes et absence d’intégration régionale), handicaps aggravés par la corruption, la bureaucratie et l’instabilité politique.

En fait, ces facteurs de blocage sont désormais mieux intégrés aux stratégies de développement et au cours des années 1990, les approches de la Banque mondiale, voire du Fonds monétaire international, ont tendu à rejoindre celles d’organismes tels que le PNUD. Un consensus tend à se dégager quant aux priorités : la transformation des modes de production, que doivent accélérer les transferts de technologie, doit s’accompagner d’une réforme de l’État et d’un changement des structures sociales. Il n’en demeure pas moins que l’évolution des pays en voie de développement dépend étroitement du contexte international, à plus forte raison lorsque s’opère une mondialisation de l’économie.

Encyclopédie Microsoft ® Encarta ® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.




Bibliographie


Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2002. © 1993-2001 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.