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INTRODUCTION | Récession | inflation et déflation | crise économique | cycle économique | effets multiplicateurs | productivité | loi des débouchés | le multiplicateur | mondialisation | politique économique | politique industrielle | politique budgétaire | politique monétaire | économie de l'offre | chômage |

 

1 INTRODUCTION

crise économique, période de ralentissement de l'activité économique, caractérisée par une forte baisse de la production.

Les économistes décomposent les cycles de production en quatre phases successives. La première correspond à la phase de croissance ou d'expansion, qui s'accompagne d'une hausse de la production ; la deuxième correspond à la phase de crise proprement dite, caractérisée par un affaiblissement brutal du rythme d'accroissement de la production ; la troisième constitue une phase de dépression, marquée par une baisse de la production ; la quatrième, enfin, s'analyse comme une phase de reprise. Au sens strict du terme, la crise économique est le moment précis où s'opère le retournement brutal de la conjoncture économique qui annonce la fin d'une période d'expansion. Le terme a aujourd'hui acquis une dimension plus large et inclut souvent l'idée de dépression elle-même.

L'apparition d'une crise signifie que l'économie est entrée dans une période de diminution de la production et d'augmentation du chômage. Les contractions ou baisses effectives de la production sont aujourd'hui peu fréquentes dans les pays occidentaux. L'entrée en crise passe plutôt par un ralentissement de la croissance et une réduction du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), situation que l'on nomme récession (les spécialistes de la conjoncture donnent pour leur part un sens plus précis à ce terme en appelant récession toute période de plus de deux trimestres consécutifs durant laquelle une économie enregistre une croissance négative). La stagflation est pour sa part une situation caractérisée par la coexistence d'une stagnation de la production, d'une hausse du chômage et d'une hausse cumulative des prix, phénomène observé durant les années 1970.

2 LES CRISES DE SUBSISTANCE

Sous l'Ancien Régime, les difficultés économiques se manifestaient avant tout dans le secteur alors dominant de l'agriculture. Les guerres et les aléas climatiques réduisaient brusquement les récoltes, ce qui entraînait une chute des revenus de la population agricole et une hausse du prix des céréales qui gagnait progressivement les secteurs de l'industrie et du commerce. En raison de la diminution du pouvoir d'achat de la paysannerie, la demande de produits industriels accusait alors une diminution. Le chômage se développait dans les villes, déterminant la multiplication des troubles sociaux. Les économistes estiment que la crise de 1847-1848, marquée par la disette, fut la dernière grande crise de ce type dans les pays européens, et qu'elle représentait déjà par certains aspects (crise boursière, paralysie industrielle) l'entrée dans le type moderne des crises industrielles.

3 LES CRISES INDUSTRIELLES

Les crises industrielles sont des crises de surproduction, à l'inverse des précédentes. Elles apparaissent lorsqu'il y a excès de l'offre par rapport à la demande solvable et non lorsqu'il y a insuffisance de marchandises par rapport à la demande. La crise économique de 1929 en constitue certainement l'exemple le plus frappant. Précédée d'un krach boursier, elle est née de l'insuffisance de la demande par rapport à la quantité de biens produits par les entreprises. Des effets cumulatifs n'ont pas tardé à se manifester : inquiets de la mévente de leurs produits, les industriels ont réduit leurs activités et licencié des salariés, ce qui a entretenu un phénomène de surabondance des marchandises. Les crises industrielles ont souvent la particularité de se produire à la suite de perturbations boursières, puis bancaires. Le secteur commercial et le secteur industriel sont alors touchés et la production est affectée, les prix des produits s'effondrant avec les salaires tandis que le chômage s'accroît.

4 LES DEUX CHOCS PÉTROLIERS

Le quadruplement des prix du pétrole décidé par l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), a provoqué de nombreux déséquilibres dans les pays occidentaux, qui se sont manifestés notamment par une hausse des taux d'inflation, une aggravation des déficits commerciaux liés à la facture pétrolière, un ralentissement de la croissance imposé par la hausse des coûts de production et des déficits extérieurs, et par la montée du chômage. Mais l'augmentation des prix du pétrole n'a été que le facteur déclenchant de la crise ; en effet, les sources de déséquilibre étaient déjà visibles au début des années 1970, avec les dysfonctionnements du système monétaire international, la réduction de la profitabilité des entreprises et l'accélération de l'inflation.

La crise contemporaine, comme celle de 1929, a débuté avec un événement marquant (le krach boursier en 1929, le choc pétrolier en 1973). À l'image de la crise de 1929, on peut noter à propos de la crise contemporaine l'augmentation brutale du taux de chômage. Cependant, les deux crises présentent des différences essentielles. Après 1973, on a enregistré une réduction des taux de croissance (récession), et non une baisse de la production (dépression) ; en 1929, les prix n'avaient cessé de baisser (déflation), alors que l'inflation s'est accrue depuis 1973 (elle s'est ralentie depuis le milieu des années 1980) ; sur le plan des échanges commerciaux, il n'a pas été constaté une contraction du commerce qui serait dûe à un repli protectionniste ; enfin, la consommation a connu une progression, certes timide, mais réelle, depuis 1973, alors qu'elle s'était effondrée dans les années 1930. Si la crise de 1973 apparaît profondément différente de celle des années 1930, c'est qu'entre ces deux périodes l'État a accru sa participation et son rôle dans la vie économique et que des systèmes de protection sociale et de redistribution fiscale ont pu maintenir les revenus et la consommation.

5 LA THÉORIE DES CRISES

Face aux crises industrielles, les économistes ont developpé plusieurs types d'explications. Les théoriciens des cycles ont cherché l'origine des crises dans les phases d'expansion : son apparition ne traduit pas nécessairement l'existence de dysfonctionnements économiques, mais seulement l'alternance de périodes hautes et de périodes basses, ces dernières permettant à l'économie de connaître une certaine détente dans l'activité. Les partisans de Schumpeter voient dans les crises courtes une conséquence de l'aspect destructeur du progrès technique à court terme, et dans les crises longues une conséquence de l'insuffisance de ce progrès technique. Les analyses des continuateurs de Keynes soulignent quant à elles le rôle de la faiblesse de la demande dans les crises et préconisent l'intervention de l'État, chargé de relancer la demande globale en particulier par l'investissement public, mais également par le biais d'une politique monétaire agissant sur les taux d'interêt et la masse monétaire. Les néoclassiques font de l'inobservance des mécanismes spontanés du marché la cause des crises. Ils s'opposent à une politique keynésienne de relance par les dépenses publiques, à une politique de soutien des industries en difficulté, et recommandent une politique favorisant la restauration de la concurrence, la flexibilité des salaires et le contrôle de la progression de la masse monétaire. Les oppositions entre ces courants de pensée ne sont plus aujourd'hui aussi nettes qu'elles pouvaient le paraître dans les années 1960-1970. Des travaux macroéconomiques parviennent à concilier les apports keynésiens (le constat de l'impuissance du marché dans certaines circonstances, la nécessité de l'intervention de l'État pour débloquer cette situation, l'absence de neutralité de la monnaie) et les apports néoclassiques (la nécessité de laisser jouer le plus possible les mécanismes de marché).

Certaines écoles de pensée ont tenté de décrire les crises économiques à partir de facteurs non seulement économiques mais également institutionnels et sociaux. Ainsi, l'école française de la régulation a-t-elle souligné l'importance des règles et des rapports sociaux dans l'analyse du fonctionnement de l'économie : les modalités de la fixation des salaires, le droit du travail, les formes de la concurrence entre les entreprises, le rôle de l'État sont tour à tour mobilisés pour l'explication. Ces auteurs dessinent une opposition entre un mode de régulation concurrentielle, se développant durant la seconde moitié du XIXe siècle et s'effondrant avec la crise économique de 1929, et un mode de régulation monopoliste qui connut son apogée entre les années 1950 et 1970.

La régulation concurrentielle correspond à un capitalisme dur : le marché prédomine, les salaires ne s'accroissent que très modestement et la concurrence entre les entreprises est particulièrement sévère. Une crise prend la forme d'une baisse des salaires (en raison de la flexibilité parfaite sur le marché du travail) et d'une baisse de la production (les faillites sont immédiates et nombreuses car les débouchés diminuent avec les revenus). La régulation monopoliste est le fait des grandes institutions sociales (les oligopoles, l'État, la Sécurité sociale, les syndicats), et non seulement du marché. Les salaires sont indexés sur les gains de productivité et déterminés par la négociation collective. Les crises ont dans ce cas des conséquences beaucoup moins néfastes qu'autrefois, car la consommation se maintient grâce aux revenus de la protection sociale ; les récessions sont plus fréquentes que les dépressions. Le fordisme est le modèle de croissance qui correspond au mode de régulation monopoliste. Il suppose des revenus en augmentation (sous la pression des institutions sociales) et une consommation de masse qui assure à son tour l'écoulement d'une production de masse, donc la possibilité pour les industriels d'obtenir des gains de productivité élevés. Il y a un cercle vertueux, car ces gains de productivité peuvent être repercutés sur les salaires. La crise actuelle dans ce contexte traduit le passage à un cercle vicieux : ralentissement des gains de productivité, saturation relative de la demande et stagnation des revenus.

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récession

récession

récession, ralentissement de l'activité économique, corresponsant à une baisse significative de la production et de l'emploi. Pour déterminer une baisse « significative », on peut faire référence à la durée de ce déclin, et considérer qu'il y a récession lorsque le produit intérieur brut (PIB) a diminué durant trois mois consécutifs. On peut également se fonder sur l'importance du déclin observé, en estimant l'étendue de la baisse de production (ou d'emploi) constatée.

Selon une autre approche, on peut évaluer dans quelle mesure la production est tombée en dessous de son niveau « potentiel ». La méthode la plus couramment utilisée pour mesurer la production potentielle consiste à estimer l'évolution du taux de croissance de l'économie, afin de déterminer quel niveau la production aurait atteint si cette tendance était observée. Cependant, le choix de la période de référence permettant d'évaluer la tendance est arbitraire. De plus, même pour une période donnée, l'évolution du taux de croissance peut être évaluée de bien des manières.

L'étendue d'une récession peut être estimée à l'aide de statistiques portant sur le nombre de chômeurs ou de postes vacants répertoriés. Les chiffres obtenus peuvent néanmoins faire l'objet d'interprétations diverses.

Selon certains modèles formalisés du cycle économique, les récessions sont « endogènes » (elles ne sont pas provoquées par des événements extérieurs au modèle).

Une récession peut également être provoquée par des événements « exogènes » au modèle économique. Il peut s'agir, par exemple, de mesures délibérément prises par les autorités compétentes en vue d'éviter une « surchauffe » de l'économie, lorsque celle-ci présente des dangers inflationnistes (par exemple, lorsque l'emploi des facteurs de production est très élevé et que la demande continue de croître). La récession peut également être causée par un choc extérieur, tel que la montée brutale du prix du pétrole décidée par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 1972-1973. Ce choc, même s'il n'en est pas l'unique déterminant, déclencha la récession qui frappa l'Europe au milieu des années 1970.

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inflation et déflation

inflation et déflation

1 INTRODUCTION

inflation et déflation, termes utilisés pour décrire respectivement la diminution ou l'augmentation du pouvoir d'achat de la monnaie en biens et services.

L'inflation est une augmentation ample et soutenue du niveau général des prix, mesurée par un index du coût de différents biens et services. Une augmentation répétée des prix érode le pouvoir d'achat de la monnaie et des autres actifs financiers à valeur fixe, provoquant ainsi de graves distorsions et incertitudes économiques. L'inflation apparaît lorsque des pressions économiques et l'anticipation de certains événements font monter la demande en biens et en services au-delà de l'offre disponible aux prix existants, ou lorsque la production disponible est réduite par une productivité défaillante ou par les contraintes du marché.

La déflation est une baisse soutenue du niveau général des prix, comme celle qui est survenue au cours de la crise économique de 1929. Elle est généralement associée à une érosion prolongée de l'activité économique et à un niveau de chômage élevé. Néanmoins, les baisses de prix généralisées sont aujourd'hui très rares, et l'inflation est devenue la principale variable macroéconomique affectant la planification économique, publique ou privée.

2 LES DIFFÉRENTS TYPES D'INFLATION

Une inflation rampante, de quelques points de pourcentage par an, ne constitue pas une menace grave pour le progrès économique et social. Elle peut même stimuler l'activité économique. En effet, l'illusion d'une augmentation du revenu au-delà de la productivité réelle encourage la consommation, et l'investissement dans l'immobilier s'accroît par l'anticipation d'une future hausse des prix. Dans l'activité commerciale, l'investissement en usines et en équipements s'accélère car les prix montent plus vite que les coûts, et les particuliers, entreprises et organismes publics emprunteurs prennent conscience que les prêts seront remboursés avec de l'argent porteur de moins de pouvoir d'achat.

Plus grave est le modèle de l'inflation chronique, caractérisé par une hausse des prix plus importante atteignant des taux annuels compris entre 10 p. 100 et 30 p. 100 dans certains pays industrialisés et parfois même 100 p. 100 ou plus dans quelques pays du tiers-monde. L'inflation chronique tend à devenir permanente et installe un cercle vicieux. Pour s'adapter à l'inflation chronique, les activités économiques normales se dérèglent : les consommateurs achètent des biens et des services pour éviter de payer des prix encore plus élevés dans le futur ; la spéculation immobilière s'accroît ; les investissements commerciaux se concentrent sur le court terme ; les incitations à épargner, ou à souscrire à une assurance, à un plan de retraite ou à des obligations à long terme sont restreintes, car l'inflation réduit le pouvoir d'achat à terme de ces produits financiers ; les gouvernements accroissent rapidement leurs dépenses dans l'attente de revenus gonflés ; les nations exportatrices voient la compétitivité de leur commerce compromise et sont contraintes de recourir au protectionnisme et à un contrôle arbitraire de la monnaie.

Dans sa forme extrême, la hausse chronique des prix devient de l'hyperinflation et provoque la chute du système économique entier. Par exemple, l'hyperinflation qui frappa l'Allemagne après la Première Guerre mondiale eut pour effet de multiplier le volume de la monnaie en circulation par plus de 7 millions et les prix par 10 millions sur les seize mois qui précédèrent novembre 1923. D'autres exemples d'hyperinflation se produisirent aux États-Unis et en France à la fin du XVIIIe siècle, en URSS et en Autriche après la Première Guerre mondiale, en Hongrie, en Chine et en Grèce après la Seconde Guerre mondiale, et dans quelques pays du tiers-monde au cours de ces dernières années. Au cours d'une période d'hyperinflation, la monnaie et le crédit s'accroissent à un rythme exponentiel, détruisant tous les liens existant entre valeur réelle et valeur nominale et rendant nécessaires des systèmes complexes de troc. Les gouvernements recourent à la planche à billets pour financer l'augmentation des programmes de dépenses, et ces financements inflationnistes des déficits budgétaires (voir Budget) détruisent la stabilité économique, sociale et politique.

À l'époque du bimétallisme ou de l'étalon or, une forme importante d'inflation était l'adultération de la monnaie, qui consistait pour un souverain à réduire la quantité de métal précieux contenue dans les pièces de monnaie. Si cette opération assurait des profits à court terme à l'État, qui pouvait frapper plus de monnaie pour la même quantité de métal précieux, elle faisait monter les prix à long terme, en raison de la loi de Gresham, qui veut que la « mauvaise monnaie chasse la bonne ». Ces adultérations servaient souvent à financer l'effort de guerre, ce qui explique en partie la corrélation qui existe entre l'inflation et les soulèvements politiques. En Europe, l'afflux d'argent venu du Nouveau Monde à partir du XVIe siècle aurait également contribué à la croissance progressive de l'inflation à partir de cette époque, la valeur du métal précieux tendant à diminuer. Les gouvernements actuels procèdent à de telles adultérations lorsqu'ils impriment plus de monnaie ou en modifient la valeur par un autre moyen.

3 HISTOIRE

On trouve de nombreux exemples d'inflation et de déflation à travers l'histoire, mais aucun document détaillé ne permet de quantifier ces tendances avant le Moyen Âge. Les historiens ont identifié une longue période d'inflation entre le XVIe et le début du XVIIe siècle en Europe, quoique à un taux annuel moyen de 1 p. 100 à 2 p. 100 bien modeste pour notre époque. Un important changement eut lieu pendant la guerre de l’Indépendance américaine, avec une hausse moyenne des prix de 8,5 p. 100 par mois aux États-Unis et, pendant la Révolution française, avec un taux d'inflation mensuel moyen de 10 p. 100. Ces crises relativement brèves furent suivies de longues périodes d'inflations et de déflations mondiales liées à des événements politiques et économiques particuliers.

Par rapport aux autres périodes de l'histoire, celle qui suit la Seconde Guerre mondiale est caractérisée par des niveaux relativement élevés d'inflation dans de nombreux pays et, vers le milieu des années 1960, une tendance à l'inflation chronique s'est installée dans la plupart des pays industrialisés. Ainsi, de 1965 à 1978, les prix à la consommation ont-ils augmenté à un taux moyen annuel de 5,7 p. 100 aux États-Unis, avec un pic de 12,2 p. 100 en 1974. Au Royaume-Uni, l'inflation a également atteint un record de 25 p. 100 en 1974, après le quadruplement des prix mondiaux du pétrole. Plusieurs autres pays ont subi une accélération comparable de la hausse des prix, mais certains, comme la République fédérale d'Allemagne (alors limitée à l'Allemagne de l'Ouest), ont échappé à une inflation chronique. Si l'on considère le niveau d'intégration de nombreux pays à l'économie mondiale, ces résultats disparates révèlent la relativement bonne efficacité des politiques économiques nationales.

Cette tendance inflationniste a été renversée dans la plupart des pays industrialisés vers le milieu des années 1980. Des mesures budgétaires et des politiques monétaires audacieuses engagées au début de la décennie, combinées à la baisse brutale du prix du pétrole et des matières premières, ont permis de retrouver des taux annuels d'inflation de moins de 4 p. 100.

4 CAUSES

L'inflation par la demande se produit lorsque le total de la demande excède l'offre disponible, entraînant des hausses de prix et faisant monter les salaires, le coût des matériaux, ainsi que les coûts d'exploitation et de financement. L'inflation par les coûts se produit lorsque les prix montent pour couvrir le total des coûts et maintenir les marges bénéficiaires. Une spirale coûts-prix finit par se développer lorsque tous les groupes d'intérêt et toutes les entités économiques répercutent chaque augmentation. Une déflation se produit lorsque les effets de la spirale sont inversés.

Pour expliquer comment les composantes de base de l'offre et la demande peuvent varier, les économistes ont proposé trois théories différentes : la quantité de monnaie disponible, le niveau général des revenus, ainsi que la productivité et les coûts comme variables de l'offre. Pour les partisans du monétarisme, les modifications du niveau des prix reflètent les fluctuations de la monnaie disponible, définie traditionnellement par l'argent en numéraire et les comptes de dépôt à vue. Selon eux, pour que les prix soient stables, la masse monétaire doit s'accroître à un rythme stable adapté à la capacité de production réelle de l'économie. Les adversaires de cette théorie rétorquent que les modifications de la masse monétaire sont une conséquence, non une cause, des variations du niveau des prix.

La théorie du niveau général des ressources est fondée sur l'œuvre de l'économiste britannique John Maynard Keynes, publiée au cours des années 1930. Selon ce dernier, la consommation et l'investissement sont déterminés par les modifications du revenu national. Ainsi les dépenses budgétaires et la politique fiscale d'un gouvernement doivent-elles être utilisées pour maintenir des niveaux optimaux de production et d'emploi. Ensuite seulement, la masse monétaire doit être ajustée de manière à financer le niveau désiré de croissance économique tout en évitant des crises économiques et des taux d'intérêt élevés qui décourageraient la consommation et l'investissement. Ainsi, selon cette théorie, les dépenses publiques et la politique fiscale peuvent être utilisées pour compenser l'inflation et la déflation par un ajustement de l'offre et de la demande.

La troisième théorie se concentre sur les éléments relatifs à l'offre. Ceux-ci incluent le rythme à long terme de l'investissement en capital et le progrès technologique, les modifications de la composition et de l'âge de la force de travail, le déplacement des activités industrielles, la rapide prolifération des réglementations nationales, le détournement de l'investissement vers des usages non productifs, la rareté croissante de certaines matières premières, les événements sociaux et politiques qui ont réduit les incitations à travailler, ainsi que des chocs économiques divers tels que problèmes monétaires et commerciaux, augmentations importantes du prix du pétrole et récoltes désastreuses dans l'une ou l'autre partie du monde. Ces problèmes relatifs à l'offre peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration de politiques monétaires et budgétaires.

5 CONSÉQUENCES

Les effets spécifiques de l'inflation ou de la déflation se mêlent et varient dans le temps. La déflation est généralement causée par le ralentissement de la production économique et le chômage. Des prix bas peuvent finir par encourager la consommation, l'investissement et le commerce extérieur, mais seulement à condition que les causes fondamentales de la détérioration initiale aient été corrigées.

L'inflation commence par accroître les bénéfices commerciaux, car les salaires et les autres coûts augmentent moins vite que les prix, ce qui permet plus d'investissements et de plus gros paiements de dividendes et d'intérêts. De plus, les dépenses personnelles augmentent parfois grâce à une anticipation des augmentations futures et, dans l'immobilier, l'espoir de voir monter les prix peut également attirer des acheteurs. L'inflation intérieure peut améliorer provisoirement la balance commerciale dans la mesure où le même volume d'exportations peut être vendu plus cher. Enfin, les dépenses publiques augmentent parce que de nombreux programmes sont, officiellement ou non, indexés sur l'inflation pour maintenir la valeur réelle des services publics et des transferts de ressources. L'État peut également anticiper le paiement de budgets plus importants avec les recettes fiscales provenant de revenus gonflés par l'inflation.

Néanmoins, malgré tous ces avantages temporaires, l'inflation finit par dérégler les activités économiques normales, surtout si son rythme varie. Les taux d'intérêt tiennent généralement compte du rythme d'inflation anticipé qui alourdit les coûts de production, décourage la consommation et fait baisser la valeur des actions et des obligations. La hausse des taux des prêts hypothécaires et l'envolée des prix de l'immobilier découragent la construction. L'inflation érode le pouvoir d'achat réel des revenus et des actifs financiers, ce qui réduit la consommation, surtout si les consommateurs ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser leur épargne ou accroître leurs dettes personnelles. L'investissement souffre du déclin général de l'activité économique et les profits sont limités dans la mesure où les employés demandent à ce que l'inflation qui frappe leurs revenus soit compensée par des mécanismes automatiques de hausse des salaires. La plupart des matières premières et des coûts d'exploitation réagissent très rapidement aux signaux inflationnistes. Des prix plus élevés finissent par nuire aux exportations, provoquant des déficits dans le commerce extérieur et entraînant des problèmes de taux de change. L'inflation est un élément essentiel dans les booms et récessions des cycles économiques, qui provoquent des distorsions indésirables dans les prix et l'emploi, ainsi qu'une incertitude généralisée quant aux performances futures de l'économie.

Les effets de l'inflation sur chaque individu dépendent de nombreux facteurs. Les catégories de population dont les revenus sont relativement fixes, particulièrement dans les catégories de bas revenus, souffrent de l'inflation, alors que celles dont le revenu est plus flexible ou négociable peuvent le maintenir, voire l'accroître. Ceux qui dépendent d'avoirs à valeur nominale fixe, tels que comptes d'épargne, pensions, assurances ou titres de créance à long terme, souffrent de l'érosion de la richesse réelle. En revanche, ceux dont les avoirs ont une valeur fluctuante, comme les biens immobiliers, les objets d'art, les matières premières et les biens permanents, peuvent maintenir ou accroître la valeur de leur patrimoine. Les salariés du secteur privé luttent pour introduire des indexations sur le coût de la vie dans leurs contrats de travail. Les emprunteurs bénéficient de l'inflation alors que les prêteurs en souffrent, car les prêts hypothécaires, personnels et commerciaux ainsi que les emprunts d'État sont remboursés avec de l'argent déprécié et les taux d'intérêt parviennent rarement à rattraper les taux d'inflation. Une « psychologie inflationniste » finit par inspirer toutes les décisions économiques, publiques ou privées.

6 MESURES DE STABILISATION

Tout effort réel de lutte contre l'inflation ne peut être que difficile, risqué et long, parce que la rigueur tend à réduire la production réelle et l'emploi avant même que son efficacité se manifeste, alors que les mesures de relance budgétaires et monétaires commencent au contraire par faire augmenter l'activité économique avant de faire monter les prix. Ce phénomène explique la prédominance des politiques de relance.

Les efforts de stabilisation tentent d'annuler les distorsions produites par l'inflation et la déflation en restaurant une activité économique normale. Pour être efficaces, ces efforts doivent être soutenus et ne pas se limiter à des mesures d'ajustement occasionnelles, qui souvent ne font qu'amplifier les variations cycliques. Une condition essentielle de succès est une croissance stable de la monnaie et du crédit ajustée à la croissance réelle et aux besoins des marchés financiers. À long terme, la banque centrale peut influer sur la disponibilité et le coût de l'argent et du crédit en faisant varier le seuil des réserves financières obligatoires des banques, mais également par d'autres mesures. Lors des phases cycliques d'expansion, la rigueur monétaire réduit la pression inflationniste. Dans les phases cycliques de récession, au contraire, une politique accommodante contribue à la remise sur pied des finances. Mais les autorités monétaires ne peuvent restaurer la stabilité économique de façon unilatérale si la consommation et l'investissement privés provoquent des pressions inflationnistes ou déflationnistes ou si d'autres mesures prises par le gouvernement ont un effet opposé aux leurs. Les dépenses publiques et la politique fiscale doivent être cohérentes avec la politique monétaire pour parvenir à créer la stabilité et éviter des revirements exagérés dans la politique économique.

Les déficits budgétaires importants des gouvernements doivent notamment être financés par l'emprunt ou par la planche à billets. Le recours à cette dernière méthode entraîne inévitablement une pression inflationniste. Pour être efficaces, les efforts de stabilisation doivent comprendre des mesures monétaires et budgétaires cohérentes et soutenues.

Pour combattre l'inflation et éviter la stagnation que crée une déflation, il est important d'agir également sur l'offre. Les moyens d'action comprennent une augmentation des incitations à l'épargne et à l'investissement, des efforts financiers dans la recherche et le développement de la technologie, l'amélioration des techniques de gestion et de la productivité du travail par la formation, des efforts importants pour entretenir les sources de matières premières et en développer de nouvelles, ainsi que la réduction des réglementations superflues.

Certains analystes préconisent l'utilisation de diverses mesures sur les revenus pour combattre l'inflation. Ces mesures vont des cadres de réglementation obligatoires fixés par le gouvernement pour les salaires, les prix, les loyers et les taux d'intérêts à de simples propositions facultatives, en passant par des incitations ou des dissuasions fiscales. Les partisans de ces actions considèrent qu'une intervention de l'État peut compléter les mesures monétaires et budgétaires de base. Leurs adversaires soulignent l'inefficacité des programmes de contrôle engagés par les nations industrialisées dans le passé et mettent en question l'aspect positif d'un accroissement des interventions de l'État dans les décisions économiques privées. Il est probable que, dans le futur, les mesures de stabilisation se concentreront sur une coordination des mesures monétaires et budgétaires et sur un renforcement des actions sur l'offre pour restaurer la productivité et développer de nouvelles technologies.

Tous les problèmes nationaux d'inflation et de déflation, ainsi que les politiques relatives à ces problèmes, prennent une importance accrue dans le contexte de mobilité des investissements et de la spéculation des marchés déréglementés et mondialisés de la fin du XXe siècle. Lorsque les milieux financiers internationaux peuvent changer en quelques minutes la valeur d'une monnaie ou plonger un pays dans la récession parce qu'ils fuient des mesures inflationnistes, la stabilité économique ne peut être préservée que par une gestion rigoureuse.

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crise économique

crise économique

1 INTRODUCTION

crise économique, période de ralentissement de l'activité économique, caractérisée par une forte baisse de la production.

Les économistes décomposent les cycles de production en quatre phases successives. La première correspond à la phase de croissance ou d'expansion, qui s'accompagne d'une hausse de la production ; la deuxième correspond à la phase de crise proprement dite, caractérisée par un affaiblissement brutal du rythme d'accroissement de la production ; la troisième constitue une phase de dépression, marquée par une baisse de la production ; la quatrième, enfin, s'analyse comme une phase de reprise. Au sens strict du terme, la crise économique est le moment précis où s'opère le retournement brutal de la conjoncture économique qui annonce la fin d'une période d'expansion. Le terme a aujourd'hui acquis une dimension plus large et inclut souvent l'idée de dépression elle-même.

L'apparition d'une crise signifie que l'économie est entrée dans une période de diminution de la production et d'augmentation du chômage. Les contractions ou baisses effectives de la production sont aujourd'hui peu fréquentes dans les pays occidentaux. L'entrée en crise passe plutôt par un ralentissement de la croissance et une réduction du taux de croissance du produit intérieur brut (PIB), situation que l'on nomme récession (les spécialistes de la conjoncture donnent pour leur part un sens plus précis à ce terme en appelant récession toute période de plus de deux trimestres consécutifs durant laquelle une économie enregistre une croissance négative). La stagflation est pour sa part une situation caractérisée par la coexistence d'une stagnation de la production, d'une hausse du chômage et d'une hausse cumulative des prix, phénomène observé durant les années 1970.

2 LES CRISES DE SUBSISTANCE

Sous l'Ancien Régime, les difficultés économiques se manifestaient avant tout dans le secteur alors dominant de l'agriculture. Les guerres et les aléas climatiques réduisaient brusquement les récoltes, ce qui entraînait une chute des revenus de la population agricole et une hausse du prix des céréales qui gagnait progressivement les secteurs de l'industrie et du commerce. En raison de la diminution du pouvoir d'achat de la paysannerie, la demande de produits industriels accusait alors une diminution. Le chômage se développait dans les villes, déterminant la multiplication des troubles sociaux. Les économistes estiment que la crise de 1847-1848, marquée par la disette, fut la dernière grande crise de ce type dans les pays européens, et qu'elle représentait déjà par certains aspects (crise boursière, paralysie industrielle) l'entrée dans le type moderne des crises industrielles.

3 LES CRISES INDUSTRIELLES

Les crises industrielles sont des crises de surproduction, à l'inverse des précédentes. Elles apparaissent lorsqu'il y a excès de l'offre par rapport à la demande solvable et non lorsqu'il y a insuffisance de marchandises par rapport à la demande. La crise économique de 1929 en constitue certainement l'exemple le plus frappant. Précédée d'un krach boursier, elle est née de l'insuffisance de la demande par rapport à la quantité de biens produits par les entreprises. Des effets cumulatifs n'ont pas tardé à se manifester : inquiets de la mévente de leurs produits, les industriels ont réduit leurs activités et licencié des salariés, ce qui a entretenu un phénomène de surabondance des marchandises. Les crises industrielles ont souvent la particularité de se produire à la suite de perturbations boursières, puis bancaires. Le secteur commercial et le secteur industriel sont alors touchés et la production est affectée, les prix des produits s'effondrant avec les salaires tandis que le chômage s'accroît.

4 LES DEUX CHOCS PÉTROLIERS

Le quadruplement des prix du pétrole décidé par l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), a provoqué de nombreux déséquilibres dans les pays occidentaux, qui se sont manifestés notamment par une hausse des taux d'inflation, une aggravation des déficits commerciaux liés à la facture pétrolière, un ralentissement de la croissance imposé par la hausse des coûts de production et des déficits extérieurs, et par la montée du chômage. Mais l'augmentation des prix du pétrole n'a été que le facteur déclenchant de la crise ; en effet, les sources de déséquilibre étaient déjà visibles au début des années 1970, avec les dysfonctionnements du système monétaire international, la réduction de la profitabilité des entreprises et l'accélération de l'inflation.

La crise contemporaine, comme celle de 1929, a débuté avec un événement marquant (le krach boursier en 1929, le choc pétrolier en 1973). À l'image de la crise de 1929, on peut noter à propos de la crise contemporaine l'augmentation brutale du taux de chômage. Cependant, les deux crises présentent des différences essentielles. Après 1973, on a enregistré une réduction des taux de croissance (récession), et non une baisse de la production (dépression) ; en 1929, les prix n'avaient cessé de baisser (déflation), alors que l'inflation s'est accrue depuis 1973 (elle s'est ralentie depuis le milieu des années 1980) ; sur le plan des échanges commerciaux, il n'a pas été constaté une contraction du commerce qui serait dûe à un repli protectionniste ; enfin, la consommation a connu une progression, certes timide, mais réelle, depuis 1973, alors qu'elle s'était effondrée dans les années 1930. Si la crise de 1973 apparaît profondément différente de celle des années 1930, c'est qu'entre ces deux périodes l'État a accru sa participation et son rôle dans la vie économique et que des systèmes de protection sociale et de redistribution fiscale ont pu maintenir les revenus et la consommation.

5 LA THÉORIE DES CRISES

Face aux crises industrielles, les économistes ont developpé plusieurs types d'explications. Les théoriciens des cycles ont cherché l'origine des crises dans les phases d'expansion : son apparition ne traduit pas nécessairement l'existence de dysfonctionnements économiques, mais seulement l'alternance de périodes hautes et de périodes basses, ces dernières permettant à l'économie de connaître une certaine détente dans l'activité. Les partisans de Schumpeter voient dans les crises courtes une conséquence de l'aspect destructeur du progrès technique à court terme, et dans les crises longues une conséquence de l'insuffisance de ce progrès technique. Les analyses des continuateurs de Keynes soulignent quant à elles le rôle de la faiblesse de la demande dans les crises et préconisent l'intervention de l'État, chargé de relancer la demande globale en particulier par l'investissement public, mais également par le biais d'une politique monétaire agissant sur les taux d'interêt et la masse monétaire. Les néoclassiques font de l'inobservance des mécanismes spontanés du marché la cause des crises. Ils s'opposent à une politique keynésienne de relance par les dépenses publiques, à une politique de soutien des industries en difficulté, et recommandent une politique favorisant la restauration de la concurrence, la flexibilité des salaires et le contrôle de la progression de la masse monétaire. Les oppositions entre ces courants de pensée ne sont plus aujourd'hui aussi nettes qu'elles pouvaient le paraître dans les années 1960-1970. Des travaux macroéconomiques parviennent à concilier les apports keynésiens (le constat de l'impuissance du marché dans certaines circonstances, la nécessité de l'intervention de l'État pour débloquer cette situation, l'absence de neutralité de la monnaie) et les apports néoclassiques (la nécessité de laisser jouer le plus possible les mécanismes de marché).

Certaines écoles de pensée ont tenté de décrire les crises économiques à partir de facteurs non seulement économiques mais également institutionnels et sociaux. Ainsi, l'école française de la régulation a-t-elle souligné l'importance des règles et des rapports sociaux dans l'analyse du fonctionnement de l'économie : les modalités de la fixation des salaires, le droit du travail, les formes de la concurrence entre les entreprises, le rôle de l'État sont tour à tour mobilisés pour l'explication. Ces auteurs dessinent une opposition entre un mode de régulation concurrentielle, se développant durant la seconde moitié du XIXe siècle et s'effondrant avec la crise économique de 1929, et un mode de régulation monopoliste qui connut son apogée entre les années 1950 et 1970.

La régulation concurrentielle correspond à un capitalisme dur : le marché prédomine, les salaires ne s'accroissent que très modestement et la concurrence entre les entreprises est particulièrement sévère. Une crise prend la forme d'une baisse des salaires (en raison de la flexibilité parfaite sur le marché du travail) et d'une baisse de la production (les faillites sont immédiates et nombreuses car les débouchés diminuent avec les revenus). La régulation monopoliste est le fait des grandes institutions sociales (les oligopoles, l'État, la Sécurité sociale, les syndicats), et non seulement du marché. Les salaires sont indexés sur les gains de productivité et déterminés par la négociation collective. Les crises ont dans ce cas des conséquences beaucoup moins néfastes qu'autrefois, car la consommation se maintient grâce aux revenus de la protection sociale ; les récessions sont plus fréquentes que les dépressions. Le fordisme est le modèle de croissance qui correspond au mode de régulation monopoliste. Il suppose des revenus en augmentation (sous la pression des institutions sociales) et une consommation de masse qui assure à son tour l'écoulement d'une production de masse, donc la possibilité pour les industriels d'obtenir des gains de productivité élevés. Il y a un cercle vertueux, car ces gains de productivité peuvent être repercutés sur les salaires. La crise actuelle dans ce contexte traduit le passage à un cercle vicieux : ralentissement des gains de productivité, saturation relative de la demande et stagnation des revenus.

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cycle économique

cycle économique

1 INTRODUCTION

cycle économique, en science économique, l’expression désigne les successions de phases de hausse et de baisse de l’activité économique (niveau de la croissance, de la production, ou de l’emploi).

2 PHASES DU CYCLE ÉCONOMIQUE

S’il est difficile de prévoir la durée d’un cycle, il est en revanche plus aisé d’en déterminer les phases. Nombreux sont les économistes qui s’accordent pour en dénombrer quatre — prospérité, récession, crise et reprise — utilisant les concepts initialement développés par l’économiste américain Wesley Mitchell, qui a consacré la majeure partie de ses travaux à l’étude des cycles économiques.

La phase de prospérité est marquée par une hausse de la production. L’emploi, les salaires et les bénéfices augmentent en proportion. Les entrepreneurs expriment un optimisme de nature conjoncturelle par le biais de l’investissement destiné à accroître le niveau de production futur. Cependant, à mesure que la reprise se confirme, se dressent des obstacles qui barrent la route à une nouvelle expansion : hausse des coûts de production, pénurie de matières premières, hausse des taux d’intérêt, des prix, et baisse de la consommation en réaction aux hausses de prix. La consommation ne suivant pas la production, les stocks s’accumulent, provoquant une chute des prix. Les industriels réduisent alors leurs dépenses et procèdent à des licenciements. Ces événements cumulatifs conduisent à une phase de récession. L’optimisme laisse alors place à un pessimisme qui affecte les décisions des agents économiques (entrepreneurs et consommateurs) qui voient chuter leurs revenus. Chacun thésaurise ou constitue une épargne de précaution, aux dépens de l’investissement et de la consommation. On assiste à une réduction de la production. Le chômage se développe : ces éléments ont pour effet de propager la crise.

Plusieurs facteurs peuvent alors amorcer une nouvelle phase d’expansion : parmi eux signalons « le remède keynésien » axé autour de la reprise de la consommation, stimulée par une action des pouvoirs publics. Généralement lente et inégale au début, la relance s’accélère. Les prix augmentent plus vite que les coûts. L’emploi reprend et participe à l’amélioration du pouvoir d’achat, ce qui permet d’accroître les débouchés des entreprises. L’optimisme gagnant l’économie, de nouvelles anticipations des agents se font jour, qui viennent entretenir le déroulement de la croissance : un nouveau cycle se prépare.

En réalité, les cycles économiques se déroulent rarement selon une mécanique de « schéma idéal » : l’ampleur des phénomènes et leur périodicité varient d’un cycle à l’autre, en régularité et en amplitude.

3 DIVERSITÉ DES CYCLES ÉCONOMIQUES
1 Un cycle saisonnier et naturel

Parmi les cycles spécifiques identifiés par les économistes, il en existe de particuliers liés à l’activité de certaines industries. Ces cycles, qualifiés de saisonniers, se situent toutefois à la marge de la théorie des cycles, dans la mesure ou ils sont déterminés, en grande partie, par des événements extérieurs à l’activité économique elle-même. Il en est ainsi de tous les métiers affectés par le déroulement du rythme des saisons, qu’ils soient agricoles ou liés à des activités touristiques. L’existence de ces cycles qualifiés de « purs » n’est cependant pas forcément encadrée par une limite temporelle courte. Les activités du bâtiment obéissent à des cycles de longue durée, qui se reproduisent selon un schéma temporel plus ou moins identique.

2 Des cycles de longue et de courte période

À l’opposé, certains économistes ont mis en lumière l’existence de cycles longs, d’environ un demi-siècle. Les études de l’économiste russe Nikolaï Kondratieff qui portent sur une longue période (XIXe siècle et début du XXe siècle), ont eu pour objet de caractériser les grandes phases qui ont marqué les étapes du développement des nations qui ont été les protagonistes de la révolution industrielle. Selon Kondratieff, les éléments collectés et analysés semblent prouver l’existence de cycles longs. Les « vagues » d’expansion et de contraction se décomposent en trois grandes périodes : 1792-1850, 1850-1896, et 1896-1940. À l’intérieur de chacune d’elles, Kondratieff distingue une phase de croissance des prix et de la production à laquelle succède une période de récession. À l’intérieur de ces cycles longs, certains ont tenté d’isoler certaines périodes qui constitueraient à elles seules des cycles significatifs de croissance / dépression : tel est le résultat des travaux menés par Kitchin ou le Français Clément Juglar, qui ont tous deux identifié des cycles d’une périodicité différente (de l’ordre de 40 mois pour le premier, de 8 à 11 ans pour le second). La pluralité de ces périodes n’exclut pas l’interaction que chacune d’elles est susceptible d’avoir sur les autres.

4 CAUSES DES CYCLES

Les économistes n’ont cherché à déterminer les causes des cycles économiques qu’à partir du moment où ces crises sont devenues un sujet de préoccupation majeure de la science économique.

1 Les anticipations des agents

Une théorie psychologique des cycles économiques, formulée par l’économiste anglais Arthur Pigou, affirme que l’optimisme ou le pessimisme des agents économiques peut influer sur la tendance économique. Cette explication attribue un rôle causal aux anticipations des entrepreneurs, des consommateurs, ainsi que des autorités politiques. Les décisions des uns interagissent sur le comportement des autres et sont de nature à influer sur l’évolution du cycle.

2 Le comportement des agents économiques

La théorie de la sous-consommation, attribuée en particulier à l’économiste anglais John Hobson, postule que l’inégalité des revenus constitue l’une des causes des crises économiques. Le marché est alors saturé de marchandises qui ne sont pas consommées. Par conséquent, les détenteurs de revenus importants accumulent de l’épargne qu’ils ne réinvestissent pas dans la production, en raison d’une trop faible demande en marchandises. Cette accumulation d’épargne rompt l’équilibre économique et marque le début d’un cycle de réduction de la production.

Les explications qui sont le plus couramment privilégiées aujourd’hui soulignent le rôle du progrès technique, de la demande, et de la productivité dans les fluctuations que connaissent les cycles économiques. À chaque fois qu’une innovation majeure apparaît, un processus de « destruction créatrice » des activités économiques se met en place. La concurrence entraîne une baisse des prix, et le chômage s’accroît. Seules les entreprises les plus innovantes survivent. Au bout d’un certain temps, les gains de productivité rendus possibles par ces innovations profitent à l’ensemble de l’économie, qui entre dans une phase de croissance de la production. L’économiste autrichien Joseph Schumpeter, théoricien de l’innovation économique, rapproche le déroulement du cycle économique du rythme auquel l’industrie intègre les effets de ce progrès technique. C’est parce que les inventions surviennent inopinément que l’économie doit traverser des phases d’expansion et de récession. Dès les années quatre-vingt, la croissance de l’économie mondiale est tirée par de nouvelles technologies (l’informatique, par exemple) qui sont venues se substituer aux secteurs qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, étaient générateurs de croissance.

Les économistes d’origine autrichienne Friedrich von Hayek et Ludwig von Mises ont présenté, eux, une théorie explicative des cycles qui prend pour point de départ l’investissement. Ils émettent l’idée que l’instabilité est la conséquence logique de l’accroissement de production. Les coûts de production augmentent, et si cette augmentation ne peut être répercutée sur le consommateur, le producteur réduit sa production et licencie.

Une théorie monétaire des cycles économiques met en relief le rôle de la masse monétaire dans l’économie. Les sociétés sont obligées d’emprunter pour financer leurs investissements, ce qui conditionne leur niveau de production, et donc le niveau d’emploi. C’est alors le niveau des taux d’intérêts qui détermine les anticipations des entrepreneurs.

5 EFFETS MULTIPLICATEURS ET ACCÉLÉRATEURS

À la base de toutes les théories sur les fluctuations et les causes du cycle économique se trouve la relation entre investissement et consommation. De nouveaux investissements induisent un effet multiplicateur : en permettant une relance de la production, donc de l’emploi, cela permet de distribuer un supplément de revenus, qui une fois consommé, permet à son tour d’alimenter une nouvelle hausse de la production. L’effet cumulatif joue cette fois en faveur de la croissance. Cette politique contra-cyclique fondée sur la dépense est au cœur des mécanismes keynésiens de sortie de crise.

De la même façon, l’augmentation des dépenses de consommation a un effet d’accélérateur sur l’investissement. Une plus forte demande encourage encore la hausse des investissements dans la production afin de répondre à cette demande. Ces deux facteurs peuvent agir en sens inverse : moins d’investissement réduit fortement le revenu global, et une plus faible demande à la consommation diminue les dépenses d’investissement.

6 MESURES POUR RÉGULER LES CYCLES

Depuis la crise de 1929, les économies occidentales se sont dotées d’outils destinés à empêcher de brusques baisses de l’activité économique. L’intervention des pouvoirs publics est au centre de ces mesures régulatrices destinées à compenser les effets des cycles récessifs. L’instrument monétaire, et plus encore budgétaire, sont utilisés dans le but de maîtriser l’équilibre économique.

La préférence de certains, dont Milton Friedman et d’autres avocats du monétarisme appartenant à l’école de Chicago, va à la politique monétaire. Elle consiste, à titre principal, dans le contrôle, par la Banque centrale, de la progression de la masse monétaire et des taux d’intérêt. Ceux-ci fixent la quantité disponible ainsi que le coût des crédits susceptibles d’être accordés aux entreprises. En principe, la contraction de la masse monétaire permet de juguler l’inflation. Lorsqu’il y a simultanément inflation et récession — phénomène souvent nommé stagflation —, il est difficile de savoir quelle politique monétaire appliquer. L’économie keynésienne, pour sa part, privilégie la variable du budget national et recommande une hausse des dépenses en cas de récession, afin de faire jouer les effets de multiplicateurs bénéfiques à l’économie. L’opposition entre ces deux approches, qui a marqué idéologiquement les années soixante-dix et quatre-vingt, s’efface progressivement avec l’apparition des théories privilégiant une approche synthétique. Il est à noter que, depuis 1991, les économies occidentales connaissent une quasi-déflation et une croissance comprise entre 2 p. 100 et 5 p. 100.

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productivité

productivité

productivité, en science économique, rapport de la production de biens ou de services à la quantité de facteurs de production (le capital et le travail) utilisés pour produire ces biens ou services. La productivité du capital est le rapport de la valeur ajoutée au capital fixe productif en volume. La productivité du travail, le rapport de la valeur ajoutée au nombre d'heures travaillées. La productivité globale des facteurs, enfin, est le rapport de la valeur ajoutée au volume des deux facteurs capital et travail.

Pour calculer son évolution, on utilise souvent des indices (liés à la production et aux heures travaillées, par exemple). C'est l'industrie manufacturière qui fournit les données les plus fiables pour construire de tels indices, dans la mesure où il est plus facile de mesurer la production réalisée sur une chaîne de montage que celle d'une activité de service (par exemple, de services financiers).

La maximisation de la productivité est la clé du succès de l'entreprise. Il est important de tenir compte de la productivité de tous les facteurs de production et non uniquement de la productivité du travail. Accroître la contribution du capital dans la production (par des investissements en biens d'équipement, par exemple) dans le but de réduire le facteur travail (et par conséquent d'accroître sa productivité) doit avoir pour objectif final d'augmenter la productivité globale des facteurs. Cette productivité est difficile à évaluer, car il n'est pas aisé de déterminer quelle part de la variation de la production revient aux différents facteurs, d'autant que leur quantité respective varie. Il faut donc faire preuve de circonspection lors de l'interprétation des chiffres concernant la productivité : il est possible qu'une augmentation à court-terme des indices de productivité soit le reflet d'une meilleure utilisation des capacités de production plutôt que d'une tendance éprouvée à la hausse.

Les augmentations de salaire dépendent de la productivité. De nombreuses entreprises calculent, au moins pour partie, les salaires en fonction de la productivité des travailleurs. L'entreprise a en effet intérêt à ce que le salaire soit fixé au niveau de la productivité marginale du travailleur, soit la valeur produite pendant la dernière heure travaillée. Cependant, de nombreux mécanismes, autres que la productivité, contribuent à la détermination des salaires (législations sur les salaires minimums, poids des syndicats dans les négociations salariales, etc.).

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débouchés, loi des

débouchés, loi des

1 INTRODUCTION

débouchés, loi des, loi économique formulée par Jean-Baptiste Say selon laquelle « l’offre crée sa propre demande ».

2 LOI DES DÉBOUCHÉS ET DE MACROÉCONOMIE

Formulée en 1803 par l’économiste classique Jean-Baptiste Say, la loi des débouchés stipule, de manière a priori surprenante, que le processus même de production ouvre des débouchés aux produits. Cette loi possède une valeur macroéconomique, Say ne nie en effet à aucun moment que telle ou telle entreprise, voire un secteur d’activité pris dans son ensemble, connaisse des difficultés pour écouler sa production, comme en témoignent les crises agricoles du xviiie siècle liées tant à une surproduction qu’à une sous-consommation ; raisonnant au niveau de l’économie dans son ensemble, il affirme toutefois que l’offre globale de produits ne peut jamais excéder la demande globale car l’une découle de l’autre, les produits s’échangeant contre d’autres produits (voir offre et demande).

3 LA LOI DES DÉBOUCHÉS DANS UNE ÉCONOMIE DÉMONÉTISÉE

Dans son ouvrage Trait d’économie politique, Jean-Baptiste Say écrit : « En effet, lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de l’argent que lui procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas non plus. Or, on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à acheter un produit quelconque. On voit donc que le seul fait de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres produits. »

La loi de Say repose ainsi sur une analyse particulière du rôle de la monnaie dans les échanges. Pour lui, comme pour l’ensemble des économistes classiques de cette époque (voir science économique), la monnaie n’est qu’un « voile » permettant de faciliter les transactions et ne saurait par conséquent être détenue pour elle-même par les agents économiques : tout revenu trouve nécessairement à s’employer dans une dépense, la production étant équivalente à la consommation.

Dès lors, si certains marchés connaissent une situation de déséquilibre d’offre et de demande, le mécanisme d’ajustement des prix permet de corriger ces déséquilibres qui, par nature, sont temporaires eu égard à la neutralité de la circulation monétaire.

4 LES DÉBATS AUTOUR DE LA LOI DE SAY : DE MALTHUS À KEYNES
1 Malthus : épargne et taux d'intérêt

Malthus est le premier économiste à tenter d’apporter une contradiction à la loi des débouchés, en faisant observer que tout revenu trouve effectivement à s’employer dans les circuits de consommation, mais également dans l’épargne, part de revenu qui par nature ne peut constituer un débouché pour la production. L’argumentation de Say pour effacer cette critique s’effectue en deux temps. Pour lui, l’épargne ne saurait créer un déficit de demande, car elle se « concrétise » dans l’investissement, qui lui-même alimente une demande future ; à défaut, l’épargnant se priverait en effet du revenu que peut lui procurer son épargne. Entrent alors en jeu les considérations liées au rôle du taux d’intérêt, Malthus ajoutant qu’il n’existe, a priori, aucune raison pour que le volume d’épargne des uns soit strictement égal aux dépenses d’investissement des autres : tout excès d’épargne sur l’investissement crée donc un déséquilibre défavorable à la consommation, par voie de conséquence aux débouchés. Say répond que le taux d’intérêt équilibre nécessairement épargne et investissement, car en cas de surplus d’épargne, la baisse du taux d’intérêt relance l’investissement.

2 Keynes : loi des débouchés et monnaie

La cohérence de l’argumentation de Jean-Baptiste Say rend malaisée la critique de sa loi : à la suite de Malthus, l’argumentation de Sismondi, axée sur les décalages temporels entre perception du revenu et cycle de dépense, n’aboutit pas à infirmer de façon radicale la loi des débouchés. Il faut attendre Keynes, plus d’un siècle plus tard, pour voir cet édifice intellectuel vaciller avec la prise en compte de la réalité du phénomène monétaire.

Contrairement aux classiques, Keynes démontre que la détention de monnaie ne répond pas seulement à un motif de transaction, mais qu’elle peut être désirée pour elle-même, comme n’importe quel bien, soit à titre de précaution, soit à titre de spéculation. Ces deux derniers motifs, qui déterminent ce que Keynes appelle « la préférence pour la liquidité », confèrent à la monnaie un rôle actif qui exerce une influence sur le taux d’intérêt. La détention de monnaie peut ainsi mobiliser des encaisses stériles car non investies — Keynes parle de « trou de l’épargne » —, invalidant alors la loi des débouchés.

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multiplicateur (économie)

multiplicateur (économie)

multiplicateur (économie), notion économique élaborée par Keynes, dans le cadre de sa théorie de la croissance, analysant l’effet d’une dépense d’investissement sur la croissance du revenu.

Le multiplicateur constitue un outil essentiel pour comprendre l’analyse de la croissance développée par Keynes et légitimer les politiques budgétaires contre-cycliques (voir cycle économique) de sortie de crise qu’il préconise.

Pour l’auteur de la Théorie générale, l’épargne ne précède pas l’investissement mais en est la conséquence, puisque l’investissement, en créant un revenu supplémentaire, engendre l’épargne. Le multiplicateur mesure l’effet de l’investissement sur la croissance du revenu. Cette notion, qui fait l’objet d’une formalisation mathématique, peut schématiquement se présenter ainsi : l’accroissement des dépenses d’investissement, obtenu notamment par un déficit public, entraîne une hausse du revenu des agents économiques (entrepreneurs, salariés) ; cette variation positive du revenu engendre un supplément de consommation car une part de ce revenu supplémentaire (dont l’importance est fonction de la propension à consommer) alimente une consommation nouvelle qui, elle-même, provoque une hausse de la demande adressée aux entreprises ; par un effet de retour, cette dernière augmentation procure aux entrepreneurs un revenu supplémentaire qui vient financer de nouvelles dépenses d’investissement. Cette relation symétrique est mesurée par l’effet dit d’accélérateur. C’est donc l’importance de la dépense qui engendre un effet plus ou moins important du multiplicateur, effet proportionnel à la propension à consommer, cette dernière notion étant définie, par Keynes, comme la part du revenu consacrée à la consommation, le « résidu » étant consacré à l’épargne.

La dynamique du multiplicateur a, depuis sa formulation, fait l’objet de développements nouveaux mettant en lumière d’autres mécanismes de multiplicateur, notamment le multiplicateur du commerce extérieur qui s’intéresse à la répartition entre consommation intérieure et demande de biens importés.

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mondialisation

mondialisation

1 INTRODUCTION

mondialisation, mouvement d’internationalisation des économies et des sociétés induit par le développement des échanges dans le monde. On dit aussi « globalisation » (de l’anglais globalization).

La mondialisation traduit l’extension géographique des échanges, mais également l’extension du domaine de ces échanges : la mondialisation ne concerne plus seulement les marchandises, mais englobe les capitaux, la main-d’œuvre, les services, la propriété intellectuelle, les œuvres d’art. Le rôle des sociétés multinationales dans ce processus est déterminant, car elles apparaissent comme les principaux acteurs de cette internationalisation des relations économiques et culturelles, en particulier par les acquisitions et fusions qu’elles opèrent. Ce constat ne doit cependant pas conduire à négliger le poids des modifications institutionnelles qui ont accompagné ou favorisé ce mouvement. Les analystes mettent également en avant les progrès techniques intervenus dans le domaine des transports et des communications. Jusqu’à un certain point, cette mondialisation ne constitue que le prolongement de l’ouverture des économies que l’on observe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les mutations de l’organisation internationale qu’elle engendre depuis les années 1990 ont fait franchir une nouvelle étape à l’interdépendance des économies et des sociétés du monde.

2 LA MONDIALISATION : ACTUALITÉ D’UN PHÉNOMÈNE ANCIEN.

Les historiens signalent plusieurs phases dans le phénomène d’internationalisation de l’économie mondiale, depuis la période d’ouverture des échanges avec le commerce au long cours et la conquête coloniale (XVIe siècle). Chaque phase est marquée par des progrès techniques dans la navigation maritime puis aérienne, le développement des télécommunications couplé à l’informatique (marine à voile, à vapeur, train à grande vitesse, télégramme, téléphone, Internet…). Les volumes de marchandises échangés et de données transmises ont été à chaque phase multipliés d’un facteur élevé et la croissance des échanges a systématiquement dépassé la croissance de la production intérieure : entre 1990 et 1998 le commerce mondial a « explosé » en augmentant de 55 p. 100. La mondialisation financière a aussi progressé de façon spectaculaire en raison de l’accroissement rapide des flux de capitaux (investissements directs ou de portefeuille) et du développement des bourses de valeurs, dont une bonne partie des transactions se fait désormais « en ligne », c’est-à-dire à peu près en temps réel (immédiateté de la transmission de l’ordre). Enfin, dans la dernière phase, la mondialisation semble se déplacer vers le domaine de la vie courante, affecter les modes de vie et les œuvres de l’esprit, par une mise en relation directe des parties du monde en un même moment et la possibilité d’interactivité. Ce phénomène, dynamique, souvent exalté par le discours suggestif de certains entrepreneurs, ou de certains journalistes se prête à des extrapolations vers un futur rêvé plus que réel.

3 LE POIDS DES SYMBOLES : LA COMPRESSION DU TEMPS ET DE L’ESPACE.

L’accumulation rapide des nouvelles, certaines terribles (guerres, catastrophes…), la multiplication de l’offre de consommation informatique, mais aussi ludique, sportive, artistique, donne une impression d’accélération du temps, déjà signalée par P. Valéry, mais répétée par beaucoup d’analystes de la mondialisation. Dans le domaine des relations internationales, certains ont pu de même prévoir avec la mise entre parenthèses des frontières, la « fin des territoires » (B. Badie), parce qu’ils pensent que l’Etat-nation est définitivement dépassé et que la référence spatiale (territoriale) traditionnelle est en voie d’être remplacée par des réseaux supranationaux ou infranationaux. Ces représentations, même si elles ont probablement exagérées, ne sont pas sans intérêt. Les symboles ne sont pas à négliger, car ils expliquent, pour une large part, la nature du débat — qui n’est pas seulement d’ordre économique, mais également politique et idéologique — qui se cristallise autour de cette notion de mondialisation, tantôt présentée comme une panacée capable de résoudre les problèmes du monde, tantôt comme un spectre menaçant les emplois, engendrant les crises et touchant gravement à la souveraineté des peuples et des nations.

Pour relativiser cette notion de l’accélération du temps et de l’annihilation de l’espace géographique, il n’est que de constater l’hétérogénéité des niveaux économiques et techniques à la surface du globe, citer les chiffres de la Banque Mondiale sur l’étendue de la pauvreté et bien signaler que les phénomènes exacerbés de compression de « l’espace-temps » ne sont valides que pour une toute petite partie de l’espace développé, et encore, parmi cet ensemble, seulement pour des secteurs restreints (société politique, monde de la haute finance, monde de l’art, recherche de pointe…). Par ailleurs, l’annonce de la suppression des frontières est pour le moins prématurée.

4 LA MONDIALISATION ET SES CONTRADICTIONS
1 La mondialisation : facteur de croissance pour les économies industrielles.

La libéralisation des échanges commerciaux est en constante progression au niveau mondial depuis 1945 et a été à l’origine des taux de croissance importants qu’ont connus la plupart des pays industrialisés pendant la période dite des Trente Glorieuses (malgré quelques alertes au protectionnisme et quelques « guerres commerciales » limitées).

L’institution du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) devenu en 1994 l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a été le principal instrument de libéralisation du commerce mondial. La croissance du volume des échanges a dynamisé les économies des pays participants, et entraîné la croissance des industries manufacturières de production. Les années soixante et soixante-dix ont ainsi constitué une période de forte ouverture des marchés vers l’extérieur et de mondialisation qui s’est accompagnée de taux de chômage très bas.

Bien plus, ce multilatéralisme des échanges s’est accompagné d’une intégration régionale des marchés, qui s’est opérée dans le respect des règles du GATT. La création de la Communauté Économique Européenne, qui deviendra l’Union européenne, une union douanière devenue une union économique et monétaire, reposait sur un fondement clair : constituer un vaste marché susceptible d’offrir de nouveaux débouchés aux entreprises européennes. Plus récemment, la constitution de vastes zones de libre-échange est venue structurer le commerce mondial dans quelques régions du monde : l’Alena associe les États-Unis, le Mexique et le Canada et le Mercosur quatre pays du continent sud-américain, dont le vaste Brésil. La dynamique de ce type d’intégration a également eu des effets bénéfiques en termes de croissance dont nul ne vient contester le bien-fondé. Enfin, les sociétés multinationales sont dans l’ensemble favorables à cette ouverture des marchés, parce que cela leur permet de faire des économies d’échelle et de rationaliser leurs investissements (souvent au prix de restructurations et de réductions d’effectifs).

2 Le cas de la France

Si l’on examine le seul cas français, il apparaît que le pays a profité largement des effets de la mondialisation. La France reste le quatrième exportateur mondial et jouit d’un excédent positif de ses échanges. Le niveau des importations rapporté au produit intérieur brut (PIB) n’a que peu progressé dans les deux dernières décennies : il était de 18 p. 100 en 1975, il est de 24 p. 100 en 1999. La structure des échanges de la France montre qu’une grande part de ceux-ci se font avec ses partenaires de l’Union européenne, et que la part qui s’effectue avec les pays dont on redoute la concurrence reste faible : en ce qui concerne les pays asiatiques, la balance commerciale est excédentaire. La France s’accommode donc bien des contraintes et des effets de la mondialisation.

La concurrence des pays émergents n’est, en réalité, le fait que d’un nombre réduit de pays et les contraintes ne sont pas homogènes, tant au niveau géographique, qu’au niveau des secteurs d’activité concernés. À travers l’échange international, ce sont surtout les régions très spécialisées (textile des Vosges et du Nord) et les industries employant un fort pourcentage de main-d’œuvre peu qualifiée qui souffrent de ce type de concurrence.

5 LA MONDIALISATION CULTURELLE ET LES MOUVEMENTS « ANTI-MONDIALISATION »
1 Homogénéisation de la culture mondiale

La mondialisation se manifeste aussi sur le plan culturel par une certaine homogénéisation des modes de consommation, ce que les sociologues appellent parfois par dérision la macdonalisation du monde (du nom des restaurants rapides McDonald qui se sont implantés dans pratiquement tous les pays du monde). La jeunesse voit les mêmes films, danse sur les mêmes rythmes, au moins dans la partie occidentalisée du monde. Des canons communs tendent à devenir une norme, où certains dénoncent une « américanisation » des sociétés contemporaines, qui serait caractérisée par exemple par la consommation de films d’Hollywood, l’adoption d’une sous-culture anglo-saxonne et une pratique instrumentale de la langue anglaise. D’autre sociologues montrent d’une manière plus subtile que l’homogénéisation s’accompagne parallèlement d’éléments de différenciation et de revendications identitaires (ethniques, religieuses, régionales…) qui méritent d’être relevées, sans y voir nécessairement des tendances à l’intégrisme (J. Cesari).

2 La naissance des mouvements anti-mondialisation

Le processus de mondialisation est l’objet de critiques de nature et d’origine très diverses : les religions renâclent devant une idéologie universaliste qui leur échappe, les syndicats craignent des disparitions d’emplois, les nationalistes redoutent des pertes de « souveraineté » au profit d’entités politiques supérieures, les mouvements écologistes voient dans l’influence mondialiste un risque pour l’équilibre de la planète. Toutes ces mouvements diffus d’opposition, déjà présents lors des négociations sur le traité de l’ALENA en 1992-1993, ou lors de l’adoption du traité de Maastricht en Europe en 1992, se sont retrouvés réunis, en compagnie de mouvements politiques plus classiques, dans de grandes manifestations, lors des assemblées de la Banque Mondiale. Les scènes d’émeute lors de la Conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce convoquée à Seattle en novembre-décembre 1999 ont marqué l’opinion publique et l’échec et le report de cette Conférence ont semblé donner raison aux groupes anti-mondialisation. Cependant ces mouvements, tiraillés entre des tendances idéologiques diverses, semblent avoir des difficultés à articuler un plan de propositions concrètes. Leur opposition et leurs manifestations, bien coordonnée sur le plan logistique, grâce aux moyens d’information et de communication, offre en fait, un nouveau témoignage de la mondialisation en cours, témoignage renforcé par la récente tenue (janvier 2001) du premier Forum social mondial qui s’est tenu à Porto Alegre au Brésil, réunion au cours de laquelle l’ensemble des opposants à une mondialisation par trop libérale ont pu faire contrepoids aux global leaders réunis au même moment à Davos en Suisse.

6 LE NÉCESSAIRE CONTRÔLE DE LA MONDIALISATION.

La mondialisation, en tant que telle, ne suffit pas à expliquer les maux dont souffrent les économies modernes. L’importance de ce mouvement comporte cependant des dangers qu’il ne faut pas négliger. Certaines craintes sont légitimes : ce sont les mêmes qui s’adressent aux excès des politiques libérales fondées sur la déréglementation et la privatisation de biens publics naturels ou patrimoniaux. Une étude de la Banque Mondiale sur la pauvreté (2000) montre par exemple que la tendance actuelle de l’économie mondiale va dans le sens d’une augmentation des inégalités entre pays industriels et pays sous-développés. A l’intérieur des pays sous-développés eux-mêmes, des disparités économiques et sociales sont de plus en plus évidentes. Ces phénomènes de concentration de la richesse, déjà annoncés par les auteurs marxistes, sont maintenant admis par tous les économistes. L’objectif doit donc être d’atténuer ou même de réduire ces contrastes par des politiques sociales ou des politiques de redistribution (par exemple, les fonds structurels de l’Union Européenne, qui ont donné des résultats spectaculaires).

L’accord multilatéral portant sur les investissements (AMI), négocié en 1999 sous l’égide de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), est une autre illustration des dangers d’une mondialisation non contrôlée. Ce projet avait pour objet de consacrer l’absolue priorité de l’investissement international direct par rapport au droit international des affaires et même par rapport au droit national. Il a dû être retiré sous la pression des Etats et en raison des représentations faites par des intellectuels et certains groupes d’action, dont en France l’Association pour la Taxation des transactions Financières (ATTAC). Ces exemples montrent que le processus de mondialisation, auquel l’époque ne peut échapper sous peine de régression, doit être surveillé et contrôlé, chaque fois que ses manifestations sont de nature à porter atteinte à l’exercice des droits fondamentaux des individus et des peuples.

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économique, politique

économique, politique

1 INTRODUCTION

économique, politique, ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics en vue de peser sur les structures et l’évolution de l’économie d’un pays. L’utilisation du budget public permet de jouer sur l’ensemble du circuit, dans une optique macroéconomique ; d’autres mesures concernent des secteurs particuliers et relèvent ainsi du domaine microéconomique. D’une façon plus générale, on distingue les politiques conjoncturelles des politiques structurelles. Les politiques conjoncturelles ont pour objectif de favoriser la stabilité de l’économie afin d’assurer une croissance régulière ; elles sont le plus souvent contracycliques, c’est-à-dire expansionnistes pendant les phases de récession et restrictives durant les phases d’expansion. Les politiques structurelles sont pour leur part des politiques de long terme qui visent à agir sur les variables stables à court terme, comme le rapport entre taux de profit et investissement ou la part du salariat dans la population active.

2 TENDANCES DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE

La politique économique, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, est une notion relativement récente. L’économie politique du XIXe siècle subordonnait en effet l’intervention économique à des fins exclusivement politiques, la politique économique restant limitée à la recherche des moyens que l’État devait mettre en œuvre pour assurer l’exercice de la libre concurrence. Cette attitude s’inscrivait dans le cadre du libéralisme, doctrine postulant que l’équilibre se réalise spontanément, par le jeu des forces du marché. Cependant, l’action de l’État était tolérée, voire sollicitée, pour protéger l’économie en cas de mutation à grande échelle, comme lors du passage, consécutif à la révolution industrielle, d’un stade agricole à un stade manufacturier.

Dès lors, hormis les remises en cause d’inspiration marxiste qui touchent aux structures mêmes du régime capitaliste, à savoir la propriété privée des moyens de production, il fallut attendre l’entre-deux-guerres pour qu’une théorie alternative à la théorie classique, le keynésianisme, soit formulée de manière cohérente, dans le contexte de la crise économique de 1929.

Son fondateur, John Maynard Keynes, préconisait une véritable intervention de l’État (consistant à soutenir la demande déficiente et à minorer l’offre excédentaire) pour juguler la crise déflationniste qui touchait les économies capitalistes, et face à laquelle les forces du marché avaient fait la preuve de leur impuissance. L’intervention de la puissance publique, l’un des fondements de la politique du New Deal pratiquée aux États-Unis dans les années 1930, fit l’objet d’un consensus massif en Europe occidentale, alors que le continent, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, devait faire face au problème de la reconstruction ; des politiques de lutte contre la pénurie par des mesures d’accroissement de l’offre et contre l’inflation par le contrôle de la croissance de la masse monétaire furent alors mises en place, tandis que le rôle de l’État s’affirmait dans tous les domaines, poursuivant l’objectif ambitieux d’une politique de redistribution très ambitieuse.

L’instauration de ce que l’on appela l’État-providence permit alors d’offrir des dispositifs protecteurs (salaire minimum, minima sociaux), d’assurer à tous une protection contre les risques de la maladie et du chômage, tout en entourant d’un ensemble de règles protectrices l’exercice du travail salarié (poursuite de l’élaboration d’un droit du travail d’origine conventionnelle et législative, fixation de la durée du travail, indemnisations en cas de maladie ou de maternité et d’accident de travail) et en s’employant à mettre en place des aides à la famille ou au logement, entre autres.

Rendue possible par la croissance continue de l’après-guerre, cette politique d’interventionnisme étatique, qui n’excluait pas, pourtant, que d’autres instances puissent participer à la conduite de la politique économique, s’est révélée trop dispendieuse pour les pays qui en avaient fait le choix après le premier choc pétrolier de 1973. L’incapacité des politiques conjoncturelles à enrayer la crise en favorisant une diminution des recettes de l’État a fait apparaître la difficulté de concilier un haut niveau de protection sociale avec la baisse de la croissance.

Dénonçant les effets des politiques d’inspiration keynésienne, les économistes néolibéraux ont mis l’accent sur un ensemble de mesures censées agir en faveur de l’offre, passant par des mécanismes susceptibles de favoriser la libre concurrence, l’esprit d’innovation et l’esprit d’entreprise, de rendre l’économie nationale plus attractive pour des investissements étrangers et d’améliorer le niveau d’éducation des salariés et la flexibilité du travail. Certains pays, comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, se sont alors tournés vers des politiques de dérégulation destinées à diminuer les contraintes pesant sur les entreprises : baisse de la pression fiscale, assouplissement des règles du droit du travail, jugées trop contraignantes, baisse du niveau de la protection sociale, notamment pour ce qui concerne l’assurance maladie (maîtrise de la prescription, suppression de certains remboursements).

Cette définition d’un nouveau libéralisme se heurte cependant dans de nombreux pays à la volonté de préserver les acquis sociaux alors que, après une décennie marquée par les discours ultralibéraux, on observe aujourd’hui la résurgence d’une demande de services publics dans les pays occidentaux.

3 MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE

La politique économique n’est pas un ensemble de mesures isolées mais un système de décision intégrant les différentes variables sur lesquelles il est possible d’intervenir. Sa formulation passe par plusieurs étapes successives : la fixation d’objectifs et de priorités en terme de croissance, d’emploi, d’inflation et d’équilibre extérieur (mesuré, notamment, par le solde de la balance des paiements) ; l’analyse des interdépendances entre objectifs, nécessitant l’élaboration de modèles macroéconomiques qui mettent en évidence les relations entre les variables ; le choix des moyens d’action.

Les relais privilégiés de la politique économique sont en premier lieu la politique monétaire, la politique budgétaire et l’action sur la fiscalité. La politique monétaire a recours à différents instruments dont les principaux sont l’action sur le niveau du taux d’escompte, la fixation du montant des réserves obligatoires que les banques doivent déposer auprès de la banque centrale et l’encadrement du crédit, de manière à contrôler la croissance de la masse monétaire. La politique budgétaire et fiscale fixent pour leur part les niveaux de recettes et dépenses et leur répartition dans le circuit économique : elles déterminent donc le choix du système d’imposition, la place à accorder à l’impôt direct et à l’impôt indirect et l’affectation des recettes entre les différents secteurs économiques.

Outre ces moyens classiques, l’État peut aussi recourir à des politiques structurelles, dont la formulation est déterminée par des choix idéologiques. Il en est ainsi des politiques sociales qui visent à favoriser une meilleure répartition des richesses au nom de la cohésion nationale et de la solidarité entre générations, et qui se traduisent par la mise en place d’infrastructures financées par l’impôt (comme les hôpitaux, les crèches, les maisons de retraite) et par la distribution de prestations sociales financées par des cotisations perçues sur les revenus. Les politiques de nationalisation ou de privatisation traduisent pour leur part la volonté des pouvoirs publics de peser sur les structures de l’appareil de production. Enfin, les politiques industrielles cherchent à adapter cet appareil à l’évolution de la demande mondiale.

4 POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET MONDIALISATION

Aujourd’hui, les faibles résultats de l’interventionnisme public face à la crise, mais également les lacunes du modèle libéral, notamment en matière sociale, nourissent une réflexion sur les contraintes auxquelles sont soumises les économies contemporaines. Avec l’intégration croissante des économies nationales au sein de l’économie mondiale et la mobilité de plus en plus importante des capitaux, il semble que la latitude des politiques économiques de chaque pays ne cesse de se réduire, comme le montre, entre autres, l’échec de la politique d’expansion menée en France par le gouvernement Mauroy entre 1982 et 1983, alors que tous les autres pays d’Europe menaient une politique restrictive.

Il apparaît ainsi que, pour enregistrer des résultats significatifs, les politiques des différents États doivent faire l’objet d’une véritable coordination, ce qui explique l’accent mis sur la concertation entre responsables économiques au sein d’organismes internationaux tels que l’Union européenne (UE), l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) ou le FMI (Fonds monétaire international).

L’autonomie dont jouissent les instances décisionnaires des différents pays en matière économique est donc réduite, constat qui ne manque pas de susciter certaines interrogations sur la souveraineté des États ; le projet d’Union économique et monétaire renforce la probabilité de voir la politique monétaire de l’ensemble de l’Union européenne (UE) décidée à un échelon supranational. Or, du fait des contraintes imposées par le traité de Maastricht, principalement en matière de limitation des déficits, la marge de manœuvre en matière de politique budgétaire est considérablement réduite ; la politique sociale qui est intimement dépendante du solde budgétaire peut s’en trouver durablement affectée.

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industrielle, politique

industrielle, politique

1 INTRODUCTION

industrielle, politique, ensemble des interventions de l’État dans les activités productives, visant à orienter les structures de l’industrie manufacturière en fonction des intérêts de la collectivité.

Depuis le début des années 1970, la crise économique, caractérisée par un ralentissement durable de la croissance et par la progression du chômage, a conduit les gouvernements des pays développés à renouveler leurs modes d’intervention dans l’économie. Outre l’utilisation des instruments classiques de la politique économique, les politiques industrielles se sont étoffées, afin de faire face aux mutations structurelles du secteur secondaire, intervenant dans un contexte de compétition internationale croissante.

Il s’agissait à la fois de répondre aux effets, économiques comme sociaux, du déclin des branches traditionnelles, et d’encourager les nouvelles industries de haute technologie, l’objectif ultime étant de parvenir à relancer une croissance équilibrée. S’inscrivant dans le cadre d’une économie libérale, la politique industrielle tend non pas à se substituer au marché, mais à corriger le jeu des forces du marché. L’intervention de l´État est généralement admise dès lors que l’économie n’évolue pas spontanément en convergence avec les intérêts collectifs.

2 INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE

L’État dispose en matière de politique industrielle de nombreux instruments, dont l’utilisation n’est pas exclusive et varie selon le degré de l’intervention publique. À un premier niveau, cette intervention peut simplement consister en des mesures visant à améliorer la fluidité des marchés, notamment par une meilleure information des agents économiques. Au-delà, l’action des pouvoirs publics vise couramment à définir les règles du jeu du marché : elle s’exprime alors par la normalisation des produits, la réglementation de l’activité industrielle afin de minimiser les coûts sociaux externes de celle-ci (la pollution, par exemple), la politique de la concurrence et la législation.

En fonction des objectifs de sa politique industrielle, qui peuvent être définis dans le cadre d’une planification souple, le gouvernement peut également adopter des mesures incitatives, visant à modifier le comportement des agents économiques ou à orienter leurs décisions. Les aides financières (subventions ou prêts bonifiés, aide publique à l’exportation et à l’investissement productif) sont traditionnellement concentrées au profit des activités en difficultés ou de quelques groupes producteurs de biens d’équipement. Les instruments de la fiscalité (crédits d’impôts, baisse des taux, amortissement accéléré) et l’allègement des charges sociales permettent une intervention plus large et moins directive.

La politique des prix entre également dans cette catégorie de mesures, de même que les marchés publics. Les commandes publiques assurent une régulation non négligeable de l’activité des entreprises. En France, elles ont notamment porté le développement du secteur « régalien » (nucléaire, armement) et des télécommunications.

L’intervention de l’État peut passer par la gestion du secteur nationalisé ; elle se fera plus directive par l’adoption de mesures contractuelles, des avantages particuliers étant accordés aux entreprises qui s’engagent à réaliser les objectifs fixés par le plan. L’État peut enfin se substituer au marché par une politique de fixation autoritaire des prix ou de contingentement de l’activité industrielle.

3 ÉVOLUTION RÉCENTE DES POLITIQUES INDUSTRIELLES

Au cours des trente dernières années, la France, où la tradition interventionniste est forte, est passée d’une politique industrielle relativement directive, très sélective, à une politique d’accompagnement, privilégiant l’action sur l’environnement des entreprises.

La planification a connu un important renouveau sous les premiers gouvernements socialistes, après 1981, alors que, dans le même temps, les nationalisations tendaient à la constitution d’un secteur productif par le biais duquel pouvait s’exercer plus directement l’intervention de l’État. Celle-ci, jusqu’au milieu des années 1980, privilégiait les industries des secteurs porteurs et se voulait une politique volontariste axée sur les filières d’activité.

La redéfinition des politiques industrielles, en France comme dans l’ensemble des pays industrialisés à économie de marché, s’est opérée dans un contexte de remise en cause de l’intervention de l’État et de « mondialisation de l’économie ». Elle a également été rendue nécessaire par la mutation industrielle elle-même : si une politique sélective d’aide peut donner des résultats, d’ailleurs toujours difficiles à évaluer, lorsqu’elle porte sur des secteurs dont la production se renouvelle lentement et dont l’activité peut être plus facilement prévue, elle apparaît inopérante dans le cas des secteurs à forte innovation technologique (l’informatique notamment) et à forte rotation des produits.

La politique industrielle est davantage aujourd’hui une politique d’ajustement positif des structures, selon les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). L’intervention de l’État vise à créer un environnement favorable au jeu du marché, à améliorer la flexibilité des entreprises, et à diffuser les technologies nouvelles. L’un des instruments privilégiés de cette politique d’accompagnement est la fiscalité. Il s’agit également de simplifier l’environnement juridique des petites et moyennes entreprises, dont le rôle en matière d’innovation, d’exportation et de création d’emploi est reconnu comme essentiel. L’aide publique donne également la priorité à la recherche et à la valorisation industrielle de celle-ci, ainsi qu’à la formation d’une main-d’œuvre qualifiée.

Privilégiant les industries compétitives, cette politique ne peut cependant faire l’économie d’une réduction des déséquilibres, sectoriels ou régionaux, qui ne cessent de se creuser. La plupart des États continuent donc de mettre en œuvre des mesures de protection des secteurs les plus fragiles et d’utiliser des instruments plus directifs pour corriger les effets sociaux négatifs des mutations. Ces politiques mixtes, non exemptes de contradictions, se révèlent souvent incompatibles avec les règles édictées par les accords internationaux et les structures intergouvernementales, qui veillent à ce que le jeu du marché ne soit pas faussé. Cette incompatibilité ne peut se résoudre que par une coopération accrue. La tendance est ainsi à l’unification des politiques nationales, notamment dans le cadre de l’Union européenne.

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budgétaire, politique

budgétaire, politique

1 INTRODUCTION

budgétaire, politique, politique économique du gouvernement, qui utilise les dépenses et les recettes de l’État (le budget) pour atteindre certains objectifs macroéconomiques. Elle est, avec la politique monétaire, l’un des deux grands moyens de politique économique conjoncturelle conduite par un gouvernement.

2 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE OU LA GESTION DES DÉFICITS

Le budget n’a pas toujours été utilisé à des fins de politique économique, en qualité d’instrument d’intervention. Jusqu’aux années trente, le budget de l’État était destiné à financer le bon fonctionnement de ses seules prérogatives. Ce n’est qu’après la crise économique de 1929 que l’on a utilisé le budget afin d’influer sur la situation économique générale d’un pays. John Maynard Keynes est à l’origine des théories permettant de justifier la conduite de ce type de politique, en montrant comment la variation des dépenses publiques peut exercer une action sur le comportement des agents économiques.

La régulation de la conjoncture visée par la politique budgétaire peut s’opérer dans un sens expansionniste, mais aussi dans un sens restrictif. Lorsque le gouvernement réduit les taux d’imposition, ou lorsqu’il augmente les dépenses publiques, dans le but par exemple de stimuler la demande, on parle de politique budgétaire expansionniste. Lorsque, au contraire, il alourdit la fiscalité ou réduit les dépenses publiques (par exemple pour répondre à une situation d’inflation ou de déficits extérieurs importants), on parle de politique budgétaire restrictive.

Les instruments de la politique budgétaire sont nombreux. Du côté des recettes, le gouvernement peut utiliser l’arme fiscale. En agissant sur le niveau de l’imposition directe qui frappe les ménages (comme l’impôt sur le revenu) ou les entreprises (l’impôt sur les sociétés), ou sur le niveau des impôts indirects tels que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ou encore sur le montant des prélèvements obligatoires, la politique budgétaire exerce une influence sur le comportement des agents économiques. Par exemple, réduire l’impôt, c’est distribuer un supplément de revenu qui, s’il est dépensé augmente les débouchés des entreprises, qui si elles vendent davantage peuvent accroître leur production, et donc, par exemple, créer des emplois. Du côté des dépenses, l’État peut tout autant mener une politique expansionniste, par exemple en créant des emplois publics, que restrictive lorsqu’est conduite une politique d’austérité.

Si, au terme de l’exécution de la loi de finances, les recettes sont inférieures aux dépenses, il y a un déficit budgétaire. Par le passé, lorsqu’une conjoncture défavorable entraînait un déficit (recettes fiscales inférieures au montant prévu), le gouvernement avait tendance à augmenter immédiatement les impôts afin de rétablir l’équilibre budgétaire. Cependant, depuis l’application généralisée des théories keynésiennes, les gouvernements ont cessé de considérer l’équilibre budgétaire comme une nécessité absolue. Keynes a montré comment, en période de conjoncture défavorable, des dépenses publiques supplémentaires permettaient une relance de l’économie. Cette relance engendre des recettes fiscales supplémentaires à venir, et permet donc le rétablissement de l’équilibre.

Le déficit budgétaire peut être financé soit par des avances de l’institut d’émission monétaire (la banque centrale), soit par l’emprunt. Si ce financement est assuré par émission de monnaie, l’inflation risque de s’accroître : l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation est une des causes de la hausse des prix. Afin d’éviter la soumission des autorités monétaires aux gouvernements, tentés de « monétiser » leur dette, le système européen de banques centrales (SEBC) impose une règle d’indépendance pour chaque banque centrale des États membres, comme le prévoient les dispositions du traité de Maastricht. Si le déficit est financé par l’emprunt, l’endettement de l’État peut entraîner une hausse des taux d’intérêt et un « effet d’éviction ». Lorsque l’État emprunte, les ressources d’épargne qu’il mobilise cessent d’être disponibles pour les autres agents économiques. Cette hausse des taux due à l’accroissement de la demande de capitaux, contraint l’État à proposer une rémunération de l’épargne plus attractive, en augmentant le taux de l’intérêt. Cette hausse produit un effet négatif sur le niveau des investissements du secteur privé, dont les coûts sont renchéris. Un cycle de ralentissement de l’activité est ainsi amorcé. Cependant, il existe bien d’autres facteurs qui influent sur la fixation des taux d’intérêts (comme l’action relative à la défense de la parité d’une monnaie par rapport à d’autres devises qui se concrétise dans la politique des taux de change), et qui peuvent atténuer les effets précédemment décrits.

Enfin, le déficit budgétaire, s’il est reconduit d’année en année, entretient un phénomène d’accumulation de la dette publique. Si celle-ci devient trop importante, on entre dans le cercle vicieux de l’effet « boule de neige » de la dette. Le mécanisme d’endettement s’autoentretient : un déficit accroît le montant de la dette, qui si elle ne peut être remboursée conduit à la nécessité d’emprunter de nouveau afin d’en régler une partie, ce qui alourdit d’autant la charge de remboursement. Mené à son terme, ce cercle vicieux peut conduire à une situation dans laquelle un État peut contracter un emprunt, dans le seul but d’en rembourser, non pas le capital, mais les seuls intérêts de cet emprunt.

3 LES CONTRAINTES DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE

Une première limite de la politique budgétaire, qui s’applique d’ailleurs à toute politique économique, tient à la capacité d’anticipation des agents. Observant une augmentation des dépenses publiques et l’accroissement du déficit budgétaire, ils peuvent anticiper une augmentation future des impôts (ou une réduction des dépenses), de sorte qu’ils épargnent le supplément de ressources qu’ils considèrent, à terme, comme éphémère. Dans ce cas, l’effet escompté de relance de la production par la politique budgétaire est annulé. Ce phénomène, mis en avant par les économistes néoclassiques, est appelé « équivalence ricardienne ».

La politique budgétaire connaît, en second lieu, des limites qui tiennent compte du degré d’ouverture des économies entre elles, c’est-à-dire leur niveau de participation aux échanges internationaux. La conduite d’une politique budgétaire qui serait menée sans tenir compte des effets de la contrainte extérieure peut engendrer des effets pervers, car contraires aux buts qu’elle entend se fixer. Il en est ainsi des politiques expansionnistes de relance de la consommation. Si les agents disposent d’un supplément de revenu qu’ils entendent dépenser, alors que les entreprises nationales ne peuvent faire face à cette nouvelle demande, ce sont les entreprises étrangères qui tirent profit de cette demande excédentaire. L’effet négatif est ici double, puisqu’au déficit premier s’ajoute celui qui est consécutif à l’augmentation du volume des importations (si toutefois, le niveau des exportations reste stable).

Pour prolonger cette même idée, on peut observer que si, depuis les années quatre-vingt, les politiques budgétaires menées par les pays occidentaux sont placées sous le signe de la rigueur, c’est qu’elles prennent également en compte les effets institutionnels qui accompagnent l’ouverture des économies entre États. Pour nous en tenir au seul cas des pays européens, les « critères de convergence » définis par le traité de Maastricht, en vue de l’adoption de la monnaie unique, contraignent les membres de l’Union européenne à conduire des politiques budgétaires, et plus largement monétaires, restrictives. Les ratios relatifs au niveau de l’endettement public des États qui souhaitent entrer dans la zone Euro, interdisent toute manipulation budgétaire qui aurait pour effet de contredire les objectifs définis par le traité qui instaure l’Union économique et monétaire (UEM).

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monétaire, politique

monétaire, politique

1 INTRODUCTION

monétaire, politique, ensemble des instruments que la banque centrale (voir Banque de France) utilise pour faire varier la quantité de monnaie présente dans l'économie afin d'agir indirectement sur la valeur de la devise nationale, sur la production, l'investissement, la consommation et l'inflation. La politique monétaire, qui a pour objectif de soutenir l'activité économique en fournissant des liquidités et des crédits indispensables aux agents pour consommer, investir et produire, ne doit pas se révéler trop restrictive, car elle risquerait alors de bloquer la croissance économique, ni trop expansionniste, dans la mesure où une telle situation favoriserait l'augmentation de l'inflation (la hausse généralisée des prix) en injectant trop de pouvoir d'achat dans une économie qui ne dispose pas de suffisamment de biens pour satisfaire la demande.

2 LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Les banques centrales disposent de plusieurs armes pour mettre en œuvre la politique monétaire correspondant à leurs objectifs. Certaines sont devenues ses instruments privilégiés d'intervention, d'autres sont tombées en désuétude. L'encadrement du crédit, qui était au cœur de la politique monétaire française avant les années 1980, et qui consistait dans une obligation faite aux banques de ne pas dépasser un volume précis de prêts auprès des entreprises et des particuliers, a été abandonné en 1987 : cette technique était jugée trop directive et ne correspondait plus à une économie ouverte sur le monde et soumise à la concurrence financière internationale. Pour les mêmes raisons, la politique de variation des réserves obligatoires n'est plus véritablement employée par la Banque centrale depuis cette époque, mais demeure une arme potentielle, rarement utilisée. Elle consiste dans une obligation imposée aux banques de déposer sur un compte non rémunéré de la banque centrale une proportion de leurs dépôts à vue et à terme, qui constituent les réserves obligatoires, montant de dépôts qu'elles ne peuvent employer librement et donc utiliser pour augmenter les crédits dans l'économie. En modifiant le taux de réserves obligatoires, la banque centrale encourage le crédit ou le pénalise. Aujourd'hui, les instruments les plus couramment employés sont l'intervention sur le marché monétaire et l'opération de réescompte : puisque les banques doivent se refinancer auprès de la banque centrale (acheter de la monnaie dont elles ne disposent pas en quantités illimitées), elles sont obligées d'accepter le coût de ce refinancement qui varie en fonction de la politique définie par les autorités monétaires. En augmentant ce coût, le taux de réescompte, celles-ci amènent les banques à augmenter leurs propres taux d'intérêt auprès de leurs clients, ce qui ralentit l'activité de crédit (l'effet inverse est observé si l'on abaisse ce coût). L'intervention sur le marché monétaire, marché financier servant aux banques à se refinancer directement, en évitant la banque centrale, permet à cette dernière de contrôler le coût de la monnaie de manière indirecte. En achetant ou en vendant des titres sur ce marché ouvert (ces opérations sont dites d'open market), elle modifie les conditions du crédit.

3 LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE

Les objectifs ultimes de la politique monétaire sont la croissance économique, la maîtrise de l'inflation et la défense de la valeur de la devise nationale par rapport à celle des autres devises. Dans la pratique, il est nécessaire pour atteindre ces buts de fixer des objectifs intermédiaires, directement contrôlables par l'institut d'émission. La masse monétaire est l'objectif quantitatif le plus surveillé. La banque centrale fixe chaque année un taux de croissance de l'un de ses agrégats (l'agrégat choisi varie avec les pays, en France il s'agit par exemple de M2) et utilise les instruments à sa disposition pour que ce taux ne soit pas dépassé. Les taux d'intérêt sont également des éléments essentiels d'une politique monétaire. Leurs mouvements à la hausse ou à la baisse ont des conséquences sur l'investissement et sur la consommation, par le biais des crédits. Grâce à la politique d'open market et à la politique de réescompte, il est possible d'influencer leurs mouvements pour les taux à court terme, même si les marchés financiers restent en dernier ressort les seuls juges des taux d'intérêt à long terme : ils apprécient en effet la valeur des obligations et fixent eux-mêmes leurs taux de rémunération, qui constituent de fait les taux d'intérêt à long terme.

4 LE DÉBAT ENTRE KEYNÉSIENS ET MONÉTARISTES

Il existe une controverse entre deux écoles de pensée pour déterminer si l'objectif le plus important de la politique monétaire est la croissance du revenu national ou la maîtrise de l'inflation. Pour les représentants du monétarisme, la seule cause de l'inflation est la hausse inconsidérée de la masse monétaire dans l'économie, dont l'évolution, supérieure à celle du revenu national, a pour conséquence immédiate la hausse des prix. Cet accroissement indu de la quantité de monnaie est néfaste pour la croissance parce qu'il oblige à lutter contre l'inflation en ralentissant l'activité économique. Pour les keynésiens, en revanche, la cause de l'inflation n'est pas nécessairement monétaire et une hausse importante de la quantité de monnaie ne produit pas automatiquement de l'inflation. Elle peut contribuer à créer du pouvoir d'achat supplémentaire dans une économie où les capacités de production sont en partie inemployées pour cause de chômage et de faible augmentation des revenus. Dans certains cas, la politique d'accroissement de la masse monétaire peut provoquer une stimulation de l'activité économique et être ainsi justifiée a posteriori, sans pour autant qu'une quelconque hausse des prix ne se manifeste. Keynes n'était pas un partisan inconditionnel de ce type de politique, mais il estimait que les variations de la masse monétaire et des taux d'intérêt n'étaient pas centrales pour expliquer les comportements des entrepreneurs, qui fondent en fait leurs choix d'investissement sur des anticipations sur l'activité économique et non sur le coût de l'investissement. La plupart des grandes banques centrales des pays occidentaux, aujourd'hui indépendantes des pouvoirs politiques (en France, aux États-Unis, en Allemagne), privilégient une vision monétariste en s'assignant comme objectif principal la lutte contre l'inflation.

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offre, économie de l'

offre, économie de l'

1 INTRODUCTION

offre, économie de l', courant économique libéral (voir libéralisme) développé en réaction au keynésianisme.

Après des décennies d’un interventionnisme étatique qui, depuis l’après-guerre, repose sur l’enseignement de John Maynard Keynes, les promoteurs de l’économie de l’offre entendent rétablir dans ses droits l’économie de marché.

2 DANGERS ET LIMITES DE L’ÉTAT-PROVIDENCE

S’opposant à deux des principales idées keynésiennes — d’une part l’État doit, par son intervention, se substituer aux défaillances du marché au niveau de la production et de la politique de redistribution des revenus et, d’autre part, les autorités publiques doivent, grâce aux instruments de la politique monétaire et budgétaire, agir sur la conjoncture —, les tenants de l’économie de l’offre dénoncent le jeu de l’État dans l’économie. Selon eux, les effets pervers de l’action publique supplantent la pureté des intentions originelles : le poids des dépenses d’intervention, qui se traduit par une pression fiscale accrue, mobilise en effet une part toujours plus importante de capitaux (via les déficits budgétaires et les emprunts contractés en vue de leur remboursement) qui ne trouvent pas leur place dans le circuit économique. La courbe de Laffer (voir monétarisme), fondement théorique de cette argumentation, démontre qu’au-delà d’un certain taux d’imposition, l’effet dissuasif est tel qu’il décourage le travail et réduit les recettes de l’État.

Les néo-libéraux privilégient donc, dans le cadre de la devise « laisser faire, laisser aller » défendue par Adam Smith — De la richesse des nations (1776) —, le retour à un État « minimal » qui se cantonnerait à assurer des fonctions régaliennes (police et sûreté), qu’il assumerait ainsi d’une manière plus efficace. Les vertus du marché apparaissent en outre plus adaptées à l’économie moderne dans un contexte où les préceptes keynésiens sont impuissants à résoudre la crise qui touche les pays industrialisés depuis les années soixante-dix (déficits des comptes publics, fort taux de chômage, inflation élevée).

3 RÉDUCTION DES DÉPENSES PUBLIQUES ET REFUS DES POLITIQUES MACRO-ÉCONOMIQUES

La stratégie de l’économie de l’offre s’articule autour de la diminution des impôts pesant sur les particuliers et les entreprises, et de la réduction des dépenses d’intervention économiques et sociales. L’effet attendu est d’une triple nature :

— relancer l’investissement et l’activité grâce à une augmentation de l’offre d’épargne due à l’allégement fiscal ;
— responsabiliser ceux que ce courant présente volontiers comme des « assistés » attendant trop de la sollicitude de l’État par une réduction du volume des dépenses publiques à vocation sociale (indemnisation du chômage, poids des allocations versées aux plus démunis). On retrouve ici l’argument, avancé par les classiques du XVIIIe siècle, de l’effort naturel que chacun doit consentir pour améliorer sa propre condition, l’intérêt général s’analysant comme la somme des intérêts individuels ;
— enfin, restaurer les conditions de concurrence qui optimisent l’allocation des ressources, mettant ainsi fin aux gaspillages des deniers publics, par la réduction des dépenses à caractère économique.

En outre, les tenants de l’économie de l’offre condamnent l’action de l’État sur la conjoncture, la politique budgétaire étant, à leurs yeux, sans effets sur l’activité économique. Ils « combattent » ainsi la théorie keynésienne de l’effet multiplicateur de la demande publique sur la demande globale (« effet revenu »), pour lui substituer un « effet prix » dans la plus pure tradition classique.

4 LA PRATIQUE DE L’ÉCONOMIE DE L’OFFRE : LE CAS DES PAYS ANGLO-SAXONS DANS LES ANNÉES QUATRE-VINGT
1 Déréglementation

La théorie de l’économie de l’offre a fortement influencé la politique conduite par Ronald Reagan (voir États-Unis) et Margaret Thatcher (voir Royaume-Uni) respectivement aux États-Unis en 1981 et en Grande-Bretagne dès 1979. L’économie de l’offre s’y est incarnée dans une politique qui tient en un mot : déréglementation (ou dérégulation). Qu’elle concerne l’organisation générale des marchés (les diverses réglementations publiques sont accusées de fausser les conditions d’entrée sur le marché et de déformer la structure des prix) ou certaines activités (le transport aérien, les télécommunications, l’énergie), la déréglementation passe essentiellement par un vaste mouvement de privatisations, dont le gouvernement français s’est inspiré entre 1986 et 1988 (voir France).

2 Privatisations

Il convient toutefois de remarquer que, si les privatisations peuvent améliorer la compétitivité des entreprises concernées, les sociétés « privatisables » ne deviennent pas ipso facto bénéficiaires du seul fait de leur passage du secteur public au secteur privé ; ce sont en effet bien souvent des entreprises déjà rentables et concurrentielles qui ont été cédées au privé, certains observateurs ayant fait remarquer que l’État se privait de recettes plutôt qu’il ne réduisait ses dépenses. En outre, quelques opérations de privatisation ont été précédées de recapitalisations effectuées avec des fonds publics au nom du devoir d’actionnaire de l’État-entrepreneur, engendrant ainsi une dépense supplémentaire. Enfin, le mouvement de dérégulation a, le plus souvent, suivi une démarche empirique dénuée de logique sectorielle, privatisant ce qui était privatisable.

Ces quelques éléments montrent que les analyses économiques font rarement l’objet d’applications « pures ». Ainsi, la politique reaganienne a pu faire l’objet de critiques de la part des économistes de l’offre et les partisans du monétarisme (réduction des dépenses publiques mal maîtrisée, diminution des impôts trop tardive, politique monétaire trop peu restrictive), alors même qu’elle revendiquait ouvertement son appartenance à l’idéologie néolibérale de l’économie de l’offre.

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chômage

chômage

1 INTRODUCTION

chômage, période d’inactivité forcée qui caractérise la situation de personnes capables, disponibles et désireuses de travailler mais qui ne parviennent pas à trouver un emploi. À l’époque contemporaine, l’importance du chômage, qui entraîne de graves conséquences humaines et économiques, a justifié l’adoption de mesures d’indemnisation, puis d’aide et d’assistance aux chômeurs.

2 MESURE DU CHÔMAGE

La méthode de mesure du chômage la plus utilisée a été développée aux États-Unis dans les années trente  ; elle est utilisée par de nombreux autres pays selon les recommandations de l’Organisation internationale du travail. À partir d’une enquête mensuelle menée sur un échantillon représentatif de la population active, des informations sont obtenues à propos de l’activité de chaque personne en âge de travailler. Est chômeur, au sens de cette organisation, toute personne âgée de plus de quinze ans, sans travail, immédiatement disponible pour occuper un emploi, qui recherche activement du travail, c’est-à-dire qui a effectué au moins un acte positif de recherche. Pour calculer le taux de chômage, on établit le rapport entre les chômeurs et la population active occupée, l’ensemble formant ce que l’on appelle la population active. En France, le chômage est calculé à partir de l’enquête sur l’emploi de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui est réalisée chaque année au mois de mars et qui retient les critères définis par le Bureau international du travail ; le ministère du Travail dispose d’un indicateur différent, fondé sur les demandes d’emploi en fin de mois, qui recense les seules personnes inscrites à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) à la fin d’un mois donné, recherchant un emploi à temps plein et à durée indéterminée. Le taux de chômage s’élève en 1998, en France, à 12,5 p. 100 de la population active.

3 TYPOLOGIE ET FORMES DU CHÔMAGE

Les économistes établissent des typologies quant aux formes du chômage en fonction de ses manifestations et de ses caractéristiques.

Le chômage dit frictionnel correspond au temps nécessaire qui sépare la cessation volontaire d’une activité et la reprise d’une autre activité professionnelle. Ce type de chômage résiduel est en réalité — et au-delà de la contradiction — un chômage de plein emploi. Il ne concerne que l’hypothèse, aujourd’hui rare, du salarié qui quitte un poste pour un autre poste qu’il sait prochainement disponible.

Le chômage saisonnier concerne, quant à lui, l’ensemble des activités qui se déroulent selon un cycle qui n’est pas constant dans le temps. Ce type de chômage concerne par exemple les activités liées au tourisme, ou encore certaines activités agricoles.

Le chômage conjoncturel est celui qui résulte d’un ralentissement, plus ou moins durable, de l’activité économique. Lorsque le cycle économique connaît un ralentissement, celui-ci peut être cause de chômage. C’est le cas, par exemple, lorsque le volume de production excède la demande des consommateurs. L’entreprise qui ne peut plus écouler ses produits peut être contrainte de licencier faute de débouchés. Si cette situation frappe non pas une seule entreprise mais un ou plusieurs secteurs d’activité, le volume de chômage peut être important. Ce type de crise survenue dans le passé — la crise des années trente en est un exemple — peut être en partie résolue, comme Keynes l’a montré, par une politique publique de soutien de la demande, consistant à utiliser le déficit budgétaire afin d’injecter un supplément de pouvoir d’achat, pour que les entreprises puissent vendre leur production, augmenter celle-ci et, pour cela, embaucher à nouveau.

Le chômage structurel provient, pour sa part, d’un déséquilibre durable du fonctionnement du marché du travail, qui excède les difficultés conjoncturelles, par nature temporaires. Ce type de chômage caractérise la situation d’un grand nombre de pays industrialisés depuis le début des années quatre-vingt. L’évolution récente des chiffres du chômage révèle qu’il est devenu tout à la fois massif (bien qu’en constante régression depuis 1997, le taux de chômage s’élève en France à 8,6 % de la population soit plus de 2 millions de personnes) et permanent (le nombre de chômeurs de longue durée est de plus en plus important). La crise contemporaine frappe surtout par sa durabilité par rapport à la plupart des crises du passé. Si celles-ci pouvaient être extrêmement brutales, elles ne duraient que le temps d’une récession, un nouveau cycle de croissance assurant la reprise de l’emploi. La situation actuelle est bien différente : une rupture durable avec la croissance qui, lorsqu’elle existe, reste très faible, s’accompagne d’une progression toujours plus forte du nombre de sans-emploi. Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur les causes de ce fort taux de chômage.

4 LES CAUSES DU CHÔMAGE

Au-delà des querelles théoriques relatives aux causes du chômage, qui opposent libéraux et keynésiens, les éléments factuels et historiques qui expliquent le chômage que connaît l’ensemble des pays industrialisés sont nombreux. Le chômage actuel n’a pas pour seule cause le ralentissement de la croissance : il est également — et surtout — la conséquence d’une rupture des liens, que l’on pensait éternels, entre production et emploi. Le système de production, qui fait de plus en plus appel à l’innovation technique, substitue, plus encore que par le passé, les machines aux hommes. L’évolution est telle, que le progrès technique ne recrée pas au stade de sa conception les emplois qu’il supprime au stade de son utilisation. L’utilisation de machines toujours plus sophistiquées entraîne le recours toujours moins important à la main d’œuvre. En cela, le chômage actuel revêt une spécificité historique : c’est la crise et le dépassement du modèle fordiste de production qui, en opérant une mutation dans l’organisation du système productif, engendre le chômage. Cette évolution a mis l’accent sur le déficit existant entre les compétences demandées par les entreprises et le niveau de formation moyen de la population active. Alors que les exigences professionnelles, techniques et intellectuelles de ceux qui proposent un emploi sont élevées, le niveau de qualification de ceux qui sont à la recherche d’un travail n’est pas nécessairement apte à y répondre. Cette inadéquation entre qualifications proposées et demandées joue comme un facteur aggravant sur le marché de l’emploi. Elle explique pour une large part le chômage des jeunes qui quittent le système scolaire en n’étant pas ou peu qualifiés.

À cela s’ajoute le fait, avancé par beaucoup afin d’expliquer la persistance d’un chômage important, que les charges sociales supportées par les entreprises qui embauchent seraient trop lourdes, et auraient un effet dissuasif sur la création d’emplois. Cet argument est fréquemment invoqué, à l’appui du précédent, pour expliquer le fort taux de chômage que connaît la frange de la population active privée de qualification professionnelle et / ou universitaire. Ce dernier élément d’explication est utilisé par ceux qui relèvent que ce sont les « rigidités du marché du travail » qui expliquent l’absence de création d’emplois. Parmi ces rigidités, outre celles mentionnées plus haut, les tenants de cette analyse avancent que l’existence d’un salaire minimum, en deçà duquel l’entreprise ne peut embaucher, associé au poids relatif des charges qui pèsent sur les salaires, empêche la création de nouveaux emplois. Il s’agirait alors pour soutenir l’emploi de rendre le marché du travail plus flexible. Cette flexibilité exigerait, par exemple, de réduire les salaires, au motif que l’entreprise, en réduisant ses coûts salariaux unitaires, pourrait utiliser cette marge de manœuvre afin de créer davantage d’emplois. Il s’agit en clair de payer moins pour payer plus de monde. Cette notion de flexibilité a servi, et sert encore, de critère aux politiques de l’emploi visant à lutter contre le chômage.

5 LES POLITIQUES DE L'EMPLOI

Depuis une dizaine d’années, les politiques de lutte contre le chômage ont été conduites dans le but de remédier aux dysfonctionnements du marché du travail. Elles se sont articulées principalement autour de deux objectifs. Elles ont consisté pour une part à agir sur l’environnement de l’entreprise. On peut inclure ici l’ensemble des mesures visant à réduire le coût du travail : réduction des charges sociales sur les salaires (notamment les plus faibles), octroi de subventions aux entreprises qui embauchent, déréglementation sociale rendant plus aisé le recours aux emplois précaires (contrats à durée déterminée, travail intérimaire, etc). Ces mesures participent à ce que l’on dénomme le traitement économique du chômage. Parallèlement, et cela constitue le second axe d’intervention des politiques de relance de l’emploi, les pouvoirs publics ont consenti un effort financier dirigé vers des catégories de chômeurs présentées comme les plus vulnérables face au risque d’inactivité. Ce traitement social du chômage concerne principalement les jeunes, les personnes de plus de cinquante ans, ainsi que les chômeurs de longue durée. En faveur des premiers, on recense depuis une dizaine d’années un ensemble varié de mesures qui ont pour objet de faciliter l’insertion sur le marché du travail : des pactes pour l’emploi aux plans avenir-jeunes, en passant par les récents emplois jeunes, ces nombreuses mesures n’ont à ce jour pas réglé le problème de l’inactivité de ceux qui postulent pour la première fois à un emploi. En faveur des seconds, l’intervention des pouvoirs publics a porté sur les retraits anticipés d’activité, principalement par l’incitation aux départs en préretraite. Il faut noter le lien entre ces deux politiques qui repose sur l’idée que le départ d’un salarié expérimenté, bénéficiant par définition d’une rémunération conséquente, peut permettre l’embauche d’un ou plusieurs jeunes pour un coût identique. Enfin, la politique de l’emploi s’oriente vers l’insertion des chômeurs de longue durée : les stages d’accès à l’emploi, le crédit-formation, les contrats de retour à l’emploi, constituent quelques-unes des mesures initiées dans ce but.

6 LE MARCHÉ DU TRAVAIL AUJOURD'HUI

La persistance d’un chômage massif et durable a profondément modifié la structure du marché du travail, caractérisé aujourd’hui par sa segmentation. Au côté d’un marché dit primaire, qui regroupe l’ensemble de ceux qui disposent d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée, s’est développé un marché secondaire du travail. Celui-ci regroupe l’ensemble des situations précaires d’activité : contrats à durée déterminée, contrats à temps partiel, contrats d’insertion ou de réinsertion rémunérés en deçà du SMIC, dont les titulaires alternent périodes d’activité et période de chômage. Au-delà, et cet aspect apparaît aujourd’hui comme le plus grave et le plus discriminant, le marché du travail fonctionne comme un marché d’exclusion. Exclusion des chômeurs de longue durée, dont le nombre ne cesse de croître, exclusion des jeunes dépourvus d’expérience professionnelle, exclusion des femmes, dont le taux de chômage est supérieur à celui des hommes, exclusion des salariés les plus âgés qui peinent à retrouver un emploi. Ces caractéristiques expliquent que les politiques orientées vers l’emploi assurent davantage que par le passé une fonction d’assistance envers les plus démunis.

Cela n’est pas sans conséquences. Le principal effet est ressenti au niveau de l’équilibre des comptes sociaux de la nation. L’indemnisation du chômage représente un coût toujours plus lourd à assumer, surtout pour les pays qui, comme la France, ont conçu un système d’indemnisation qui repose sur la répartition. Ceci signifie que les actifs contribuent à financer l’indemnisation de ceux qui sont privés d’emploi. Dans une conjoncture dans laquelle le nombre de ceux qui travaillent reste, peu ou prou, constant, alors que le nombre de chômeurs augmente, la charge de l’indemnisation apparaît de plus en plus coûteuse. En outre, sur le plan social, la persistance de cette situation aggrave ce qu’il est convenu d’appeler la « fracture sociale », en opposant ceux qui ont un emploi à ceux qui en sont privés.

En vue de remédier à ce type de situation, les pays qui y sont confrontés réagissent de manière différente. La France, par exemple, tout comme l’Italie, oriente sa politique vers un mouvement de réduction de temps de travail généralisé. L’idée qui sous-tend cette pratique est simple : il s’agit de faire travailler moins afin de faire travailler davantage de personnes. D’autres, comme l’Angleterre ou les États-Unis qui, il est vrai, connaissent un taux de chômage moins élevé que la France, poursuivent une politique visant à réduire le coût du travail afin de renforcer l’employabilité de la main-d’œuvre. Toutefois, il est clair que les uns comme les autres doivent faire face à des situations de chômage aggravé, durable et massif, qui sont source de difficultés économiques, et plus encore sociales, graves.

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Bibliographie


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