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Chômage, pauvreté, le couple d'enfer ! Accueil du site sitécon>>

Comparaison Etats-Unis / France


Le lien chômage, pauvreté. / Le lien travail, pauvreté. / La précarisation ou la société de plein-chômage. / Les sous-smicards. / Cartographie de la pauvreté laborieuse. / La précarisation comme politique. / Les politiques de protection de l'emploi. / Les politiques et la pauvreté. / Conclusion


Le 14 décembre 2003.

CHÔMAGE-PAUVRETÉ, le couple d'enfer !

Article librement inspiré du n° 2833 de Problèmes économiques.

Le chômage peut entraîner une personne à la pauvreté mais le travail aussi avec le développement des emplois à bas salaires !

Précarisation, chômage, pauvreté, voilà bien un triangle infernal !

À qui profite le crime ?

A- Le lien chômage, pauvreté.

Les études et les chiffres montrent une corrélation positive entre pauvreté et chômage, lorsque ce dernier augmente la pauvreté fait de même (de 1990 à 1996 le taux de pauvreté a augmenté de 1 à 2 points).

Inversement moins de chômage fait baisser la pauvreté, ainsi de 1996 à 2000 le nombre de pauvres est passé de 4,1 millions à 3,7 millions de personnes, soit un taux de pauvreté monétaire ramené de 7,2 à 6,5 % (revenu < 50 % du revenu médian, c'est à dire 579 € par mois pour une personne seule en 2000 !).

Il existe parmi la population pauvre des inactifs, ce sont des étudiants, des retraités, mais aussi des familles monoparentales (une femme seule avec des enfants) et des handicapés. Au total ce sont 2,31 millions de personnes en 2000 !

Les actifs pauvres eux sont 1,44 million !

Mais si on ajoute au simple revenu, le revenu du patrimoine on constate une augmentation des inégalités et de la pauvreté (le taux de pauvreté est augmenté de 2 à 3 points !).

B- Le lien travail, pauvreté.

S'il y a un lien évident entre chômage et pauvreté, il en existe un plus complexe entre travail et pauvreté, c'est que l'on appelle les travailleurs pauvres (traduction de l'expression étasunienne working poor) ou la pauvreté laborieuse !

C- La précarisation ou la société de plein-chômage.

La montée du chômage est liée à une " pénurie " d'emplois, sur le marché du travail, ce sont les offreurs (les employeurs) qui sont en position de force pour imposer leurs conditions aux demandeurs (les travailleurs).

Cet état de fait aura généré plusieurs changements radicaux :

  1. Une pression à la baisse sur les salaires, ainsi de 1989 à 1998 la moitié des emplois crées soit 1,3 million, l'ont été pour des salaires inférieurs au S.M.I.C mensuel (1 091,51 € par mois pour 35 h par semaine)

  2. La création d'emplois précaires :

D- Les sous-smicards.

En France il existe un salaire minimum interprofessionnel de croissance, le S.M.I.C à 7,19 € brut de l'heure.

Dans le droit français le contrat de travail de droit commun, c'est à dire celui qui devrait être la règle, est le contrat de travail à durée indéterminée à temps complet, le C.D.I.

On peut donc en déduire que toute personne travaillant pour un salaire inférieur au S.M.I.C mensuel (1 091,51 €) est un travailleur pauvre !

Sur cette base, il y avait en France en 2001, 3,4 millions de travailleurs pauvres, si on y ajoute les chômeurs cela fait environ 6 millions de personnes !

E- Cartographie de la pauvreté laborieuse.

Qui sont ces actifs pauvres ?

Ce sont à 80 % des femmes qui pour la plupart travaillent à temps partiel (3/4 des actifs pauvres).

Les postes occupés sont peu qualifiés (ouvriers pour les hommes et employées pour les femmes).

Contrairement à une " croyance ", les salaires de ces femmes ne sont pas des salaires d'appoint, ainsi dans 56 % des cas ils représentent plus des 2/3 de celui des conjoints !

Le salaire des femmes est même le principal apport du ménage dans 35 % des situations !

Contrairement à une autre " croyance ", les sans domicile ne sont pas coupés de l'emploi, puisqu'en 2001, 1/3 travaillent et parmi les autres, 36 % recherchent un travail !

F- La précarisation comme politique.

La précarisation des emplois n'est pas une fatalité, mais une véritable politique d'exploitation !

Les politiques d'incitation pour les emplois précaires sont bien réelles, ainsi des aides de l'Etat, ainsi des exonérations de charges, soit autant d'encouragements pour les entreprises ou les administrations à créer des emplois précaires !

1. Cela permet de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage en créant un chômage déguisé, car la plupart des salariés à temps partiel désirent travailler plus ! Et l'essentiel des C.D.D ou des intérimaires préfèreraient un C.D.I !

2. Les entreprises gagnent une grande souplesse, en particulier avec le temps partiel, par exemple les caissières se voient imposées des horaires flexibles et des heures complémentaires (heures supplémentaires rémunérées au même taux que les autres !), ce qui provoque une " destruction maximale de la vie privée " !

3. Les coûts des entreprises sont diminués, puisque les CDD ou intérimaires sont préférés aux CDI (moins de périodes de paie et moins de primes d'ancienneté par exemple). Les temps partiels sont rémunérés à un taux horaire inférieur aux même emplois à temps plein, soit 71 % pour la France (source Eurostat 1997).

G- Les politiques de protection de l'emploi.

Ces politiques sont contre productives et ont peu d'incidences sur le taux de chômage.

Par contre elles augmentent la durée du chômage et diminuent les flux sur le marché du travail (les entreprises hésitent à embaucher pour un emploi " non durable ").

Par exemple une entreprise préfèrera renouvelée un CDD plutôt que de le transformer en CDI.

Le CDD crée un marché du travail dual et inégalitaire.

Il serait sans doute plus efficace de revenir à un système unique de contrat de travail, par exemple un CDI avec période d'essai. Il y aurait une augmentation progressive des droits des licenciés et des devoirs des entreprises, en fonction de l'ancienneté dans l'entreprise et de l'expérience acquise sur le marché du travail.

A ce titre le système étasunien de l'experience rating pourrait être adapté, le but étant de faire payer le coût de l'assurance chômage versée aux licenciés par l'entreprise responsable !

H- Les politiques et la pauvreté.

Tout d'abord trois constats :

1. C'est dans les pays où la part des prestations sous conditions de ressources est la plus faible que le taux de pauvreté est le plus faible également !

2. L'impact sur la pauvreté dépend du volume des aides, or celui-ci est faible pour les pauvres !

3. Plus les prestations sont ciblées vers les pauvres plus la réduction des inégalités est faible ! D'ailleurs les bénéficiaires de l'aide sociale recherchent avant tout un vrai travail !

C'est donc la politique sociale dans son ensemble qui doit lutter contre la pauvreté par des mesures plus généralistes. Par exemple c'est l'ancienne réforme des retraites (revalorisation) qui a permis de faire reculer la pauvreté chez les retraités !

Le niveau des dépenses sociales en % du revenu national a surtout augmenté entre 1973 et 1983 (+ 8 points), alors qu'entre 1983 et 2000 l'augmentation est inférieure à 2 points !

Il y a donc une relative stabilisation, d'autant plus que dans le même temps les besoins sociaux ont augmenté (chômage, vieillesse, santé), d'ailleurs le taux de pauvreté n'a pas vraiment baissé !

Conclusion

Sous prétexte de vouloir aider les pauvres, les chômeurs et les peu qualifiés, ont stigmatise ces populations, les rejetant encore plus loin dans l'exclusion !

S'il y avait une vraie volonté politique, des solutions seraient possibles.

Un contrat de travail unique, le CDI, une responsabilisation des entreprises aux coûts sociaux engendrés par leurs licenciements, un salaire au moins égal au SMIC, une couverture sociale en rapport avec les vrais besoins.

Force est de constater que ce sont plutôt les entreprises qui sont le sujet de plus d'attention de la part des politiques (aides, exonérations, flexibilité etc.).

Les femmes dans ce jeu de dupes, ne servent-elles pas de paravent à la grossesse du chômage !

Les femmes objet de toutes les discriminations (salaires inférieurs, temps partiel subit, emplois peu qualifiés, absence des conseils d'administration etc.).

Le retour au foyer est en marche !

Lorsqu'un premier ministre, M. Raffarin rend visite aux restos du cœur, c'est avouer son absence de volonté de lutter contre la misère !

 

La rédaction de sitécon.

 


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A la une du numéro du 26 novembre 2003 (Problèmes économiques n° 2833)

- Les politiques anti-pauvreté ont-elles réussi ?

- Pauvreté et marché du travail

- Les working poor version française

- Les procédures de licenciement en question

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TRAVAIL, FORMATION, EMPLOI

PAUVRETE ET MARCHE DU TRAVAIL

Les politiques anti-pauvreté ont-elles réussi ?

D'après l'Insee, le pourcentage de personnes pauvres en France, 7,9 %, soit 4,5 millions de personnes, serait stable depuis vingt ans. Il semble cependant que ces statistiques ne fournissent qu'une image imparfaite de la réalité. Au cours des vingt dernières années - et particulièrement depuis la fin de la décennie quatre - vingt - la hausse du chômage et du sous-emploi ont en effet pesé lourdement sur la pauvreté et en ont quelque peu redessiné les contours. Les politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la pauvreté se sont en outre, selon l'auteur, révélées globalement inefficaces. Par Pierre Concialdi (Sociétal)

Les trappes d'inactivité revisitées

La mise en œuvre de politiques d'indemnisation plus restrictives ramènerait - elle davantage d'individus sur le marché du travail ? Tel est le présupposé du concept de trappes à inactivité. À l'aide de plusieurs entretiens, l'auteur montre au contraire que les décisions des agents de se tenir en dehors de l'emploi sont liées à des motivations complexes, qui dépasse le simple intérêt financier. Par Yolande Benarrosh (Travail et Emploi)

Les working poor version française

L'expression working poor a été créée aux États-Unis pour désigner la population des travailleurs américains qui vivent sous le seuil de pauvreté. Si l'expression trouve son origine outre-Atlantique, le phénomène de la pauvreté laborieuse est devenu après des années de hausse du chômage et de développement de la précarité, une réalité hexagonale. Le mode d'évaluation de la pauvreté laborieuse qui prévaut actuellement en France sous-évalue en outre la paupérisation d'une partie du salariat - en particulier du salariat féminin - engendrée par le sous-emploi et le faible niveau des revenus du travail. Par Margaret Maruani (Droit social)

Les sans-domicile ne sont pas coupés de l'emploi

En janvier 2001, un tiers des sans-domicile travaillent ; dans la plupart des cas, ils sont ouvriers ou employés. Leur durée hebdomadaire de travail atteint en moyenne 32 heures mais l'ancienneté dans leur emploi, en revanche, est faible. À la même date, parmi les sans-domicile privés d'emploi, 36 % recherchent un travail et la majorité de ceux-ci a, dans ce sens, effectué au cours du mois précédent des démarches actives. Par Bernadette de la Rochère (INSEE Première)

PROTECTION SOCIALE ET MARCHE DU TRAVAIL

Les procédures de licenciement en question

Un bref état des lieux de la protection de l'emploi et des procédures de licenciements permet de souligner les forces et les faiblesses du système français en la matière. Si les coûts directs de licenciement restent limités, les procédures sont en revanche souvent longues et lourdes. Les auteurs avancent alors quelques pistes de réformes. Les entreprises devraient être soumises à une plus grande responsabilisation financière. En contre - partie, le processus administratif serait simplifié et les démarches judiciaires réduites. Par Olivier Blanchard et Jean Tirole (Conseil d'analyse économique)

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Revue : Problèmes économiques

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