<< : >> |
Alain Resnais
Alain Resnais est né le 3 juin 1922 à Vannes dans le Morbihan. Nourri
très jeune de cinéma, de littérature et de théâtre, il commence à tourner des
petits films amateurs avec sa caméra 8 mm dès l’âge de 13 ans. En 1943, il
s’installe à Paris et accède à l’IDHEC en section montage. Il réalise plusieurs
courts métrages dont Van Gogh en 1948, Guernica en 1950 et Les statues meurent
aussi en 1953 avec Chris Marker, films salués par la critique tant par leur
qualité d’analyse esthétique que par leur sensibilité. Parallèlement, il
participe au montage des films de Nicole Védrès, Paul Paviot et Agnès Varda.
Mais c’est en 1955 qu’Alain Resnais se fait remarquer par la force de son
documentaire Nuit et brouillard, bouleversant chant funèbre sur les camps
d’extermination nazis. A la fois pionnier et marginal du mouvement de la
Nouvelle Vague propulsé par Jean-Luc Godard et François Truffaut, il réalise
son premier long métrage en 1959, Hiroshima mon amour en s’appuyant sur un
texte de Marguerite Duras. Le leitmotiv du film repose sur un constat lucide et
surprenant : “Non, tu n’as rien vu à Hiroshima”. Ce film révolutionne les
conceptions classiques de narration et lui vaut une renommée internationale. Sa
réflexion sur la mémoire et l’Histoire se prolonge avec L’année dernière à
Marienbad en 1961, une œuvre expérimentale écrite en collaboration avec le
romancier Alain Robbe-Grillet qui a obtenu le Lion d’or à la Biennale de
Venise. Il y explore ses principales problématiques : l'oubli, le temps immobile,
son goût pour le réalisme de la pensée. S’en suit un film clé sur la mémoire et
la quête du temps perdu, Muriel ou le temps du retour écrit avec Jean Cayrol.
Il fut l’un des premiers cinéastes à dénoncer la torture pendant la guerre
d’Algérie. Trois ans plus tard, il s’empare du scénario de Jorge Semprún sur la
résistance antifranquiste en Espagne et réalise La guerre est finie. Il
approfondit une nouvelle fois le thème de la mémoire avec un film
d’anticipation insolite, écrit par Jacques Sternberg Je t'aime, je t'aime. Il
part ensuite aux Etats-Unis et tente de monter le projet “Les aventures de
Harry Dickson” d’après les fascicules populaires de Jean Ray, sans succès.
Après avoir collaboré à l’œuvre collective L’an 01 d’après la bande dessinée de
Gébé, il réalise de nouveau un film à partir du scénario de Jorge Semprún,
Stavisky avec Jean-Paul Belmondo. S’en suit le film Providence, sous-tendu par
une métaphore antifasciste, accompagné de la partition musicale de Miklos
Rosza. Il s'inspire des travaux du professeur Laborit pour réaliser un
mélodrame scientifique, Mon oncle d’Amérique avec Gérard Depardieu et Nicole
Garcia et remporte le Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes. Ancré
dans sa quête d’imaginaire, il s’aventure sur les routes de l’abstraction, de
l’humour et d’une réconciliation entre cinéma et théâtre à partir de La vie est
un roman en 1983. Avec Mélo, Resnais accède à une sorte de détachement amusé.
Mais il reçoit un mauvais accueil public et critique avec I Want to Go Home en
1989 malgré la présence de Gérard Depardieu et s’éloigne furtivement de la
réalisation. Quatre ans plus tard, il revient avec un film à sketches,
modernisant son image en s’associant au couple de scénaristes en vogue Bacri /
Jaoui et réalise Smoking / No Smoking, série de variations sur les potentiels
narratifs, avec Pierre Arditi et Sabine Azéma qui incarnent à eux seuls neuf
personnages. Fort de ce souffle retrouvé, il accède au succès public avec son
enthousiasmant film chanté On connaît la chanson en 1997, et poursuit dans
l’atmosphère musicale en signant Pas sur la bouche en 2003 d’après l’opérette
homonyme. Cœurs marque une nouvelle collaboration pour le réalisateur,
puisqu’il fait appel au dramaturge Jean-Michel Ribes pour adapter la pièce
d’Alain Ayckbourn “Private fears in public places” et retrouve sa “troupe”
habituelle, Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, etc.
FILMOGRAPHIE
1955 Nuit et brouillard
1959 Hiroshima mon amour
1961 L’année dernière à
Marienbad
1963 Muriel ou le temps d’un
retour
1966 La guerre est finie
1967 Loin du Vietnam
1968 Je t’aime, je t’aime
1973 L’an 01
1974 Stavisky
1977 Providence
1980 Mon oncle d’Amérique
1983 La vie est un roman
1986 Mélo
1989 I Want to Go Home
1992 Gershwin
1993 Smoking / No Smoking
1997 On connaît la chanson
2003 Pas sur la bouche
2006 Cœurs