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Benoît Poelvoorde
Né à Namur, en Belgique, Benoît
Poelvoorde n'a reçu aucune formation de comédien : la comédie, c'est dans
ses gênes ! Parti faire des études à Bruxelles avec comme idée de
travailler dans la publicité, il se lie d'amitié avec une bande de potes férus
de cinéma, avec lesquels il co-réalise et interprète dans un premier temps un
court métrage intitulé Pas de C4 pour Daniel-Daniel, en 1988. L'aventure
continue avec une drôle d'aventure baptisée C'est arrivé près de chez nous.
La suite est connue : le film le plus scandaleux de ces dix dernières
années (un serial-killer commet ses – immondes – forfaits dans le bonheur
et devant une équipe de télévision) devient un film culte instantané et sort
dans le monde entier en dépit de moyens de production dérisoires. Poelvoorde y
campe son personnage fétiche : le gentil blagueur qui cache un monstre de
cynisme, de veulerie et de cruauté. Refusant par la suite toutes les
propositions avec flingues pour ne pas se laisser enfermer dans ce créneau, le
comédien passe au théâtre avec "Modèle déposé", un monologue écrit
par Bruno Belvaux (un de ses complices sur C'est arrivé près de chez vous),
Jean Lambert et lui-même. Le spectacle tournera trois ans en Belgique et six
mois au Café de la Gare, à Paris. C'est alors pour Benoît le moment de
retourner au cinéma, où il tient la vedette des Randonneurs, dans le
rôle d'un guide qui entraîne une bande de copains sur les chemins de grande
randonnée corses. Inutile de dire qu'il s'agit d'une comédie, qui plus est très
bien reçue par le public. Dans la foulée d'une nouvelle reconnaissance
publique, Poelvoorde investit Canal+ avec "Les carnets de Monsieur
Manatane", la chronique d'un personnage qui donne son avis sur tout et
rien dans une incompétence absolue. Dans la lignée de "La minute de
Monsieur Cyclopède" de Desproges, c'est une réussite. Mais Poelvoorde
n'abandonne pas le cinéma pour autant, puisque après avoir tourné dans le court
métrage Le signaleur, de Benoît Mariage, il investit le premier long métrage
de ce dernier, Les convoyeurs attendent, avec une nonchalance toute
belge, dans le rôle d'un père qui ne veut que le bien de son fils en lui
imposant de figurer dans le "Livre des records", section “plus grand
nombre d'ouverture de portes en vingt-quatre heures”. Poursuivant son
exploration de la connerie humaine, le blagueur blond devient alors un vendeur
d'encyclopédies fumeuses au porte-à-porte dans Les portes de la gloire,
dans lequel il s'essaye au port du string ficelle avec panache, et un coureur
cycliste qui rêve de gloire et de strass dans la comédie douce-amère Le vélo
de Ghislain Lambert. Un film dans lequel il a pour partenaire José Garcia,
qu'il retrouve peu après dans Le boulet, comédie où, maton pernicieux,
il va s'acharner à ruiner l'existence de son prisonnier, incarné par Gérard
Lanvin. Toujours aux côtés de Garcia, il enchaîne alors avec Rire et
châtiment où il incarne, le temps d'un petit rôle comme toujours hilarant,
un maître nageur prof de secourisme. Le feu d'artifices se prolonge et
s'accomplit en grande pompe avec Podium, premier long de Yann Moix, où
dans la peau d'un clone ringard et lyrique de Claude François, Poelvoorde
assure au chant, à la danse et réussit le grand écart entre burlesque et
tendresse. Le César du meilleur acteur lui échappe pour cette fois, mais le
public est en liesse et la "légitimité" d'acteur conquise une bonne
fois pour toutes. Pour autant, son appétit pour les univers ubuesques et
dézingués ne faiblit pas : en tandem avec Vanessa Paradis, le voilà parti
dans le délire des frères Poiraud, Atomik circus - Le retour de James
Bataille, dans le grinçant Aaltra, où il s'offre une apparition
d'emmerdeur, puis dans le turbulent Akoibon d'Edouard Baer, où il côtoie
une faune invraisemblable gravitant autour d'un Jean Rochefort impérial. De
tous ces dérapages plus ou moins contrôlés, on retiendra surtout Narco
pour son inventivité visuelle et pour Poelvoorde, copain fourbe de Guillaume
Canet, métamorphosé en "karatéka approximatif", fan de Van Damme.
Encore un petit rôle du côté de chez Philippe Harel (Tu vas rire mais je te
quitte), et voilà l'acteur jouant à
fond le registre dramatique dans Entre ses mains : en potentiel
serial-killer et tombeur avéré, il creuse davantage son côté sombre et la mort
lui va rudement bien. Prochaines étapes, Selon Charlie de Nicole Garcia,
kalédioscope de portraits campés par une belle brochette d'acteur, dont
Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon et Benoît Magimel, tandis qu'aujourd'hui, il
nous présente Du jour au lendemain, une comédie signée Philippe Le Guay
où il voit sa vie pourtant pas facile étrangement devenir simple. Ça ne devait
pas durer… Son ultime défi devrait être olympique puisque l'acteur devrait
incarner un certain Brutus dans le troisième volet des aventures du petit
Gaulois moustachu, Astérix aux Jeux Olympiques. Pas mal !
FILMOGRAPHIE
1992 C'est arrivé près de chez
vous (Belvaux, Poelvoorde, Bonzel)
1996 Pour rire ! (Belvaux)
1997 Les randonneurs (Harel)
1998 Les convoyeurs attendent
(Mariage)
2000 Les portes de la gloire
(Merret-palmair)
2001 Tarte ou vivant – La vie
politique des Belges (Bucquoy)
Le
vélo de Ghislain Lambert (Harel)
Le
boulet (Berbérian)
2003 Rire et châtiment (Doval)
2004 Podium (Moix)
Atomik
circus - Le retour de James Bataille (D. & T. Poiraud)
Narco
(Aurouet, Lellouche)
Aaltra
(Delépine)
2005 Tu vas rire mais je te quitte
(Harel)
Cinéastes
à tout prix (Sojcher)
Akoibon
(Baer)
Entre
ses mains (Fontaine)
2006 Selon Charlie (Garcia)
Du
jour au lendemain (Le Guay)
Astérix
aux Jeux Olympiques (Langmann)