<< : >> |
Abel
Ferrara
Né dans
le Bronx, à New York, en 1952, Abel Ferrara se lance
dans la
production cinématographique dès l'adolescence, armé
d'une
caméra Super-8 et des conseils avisés de son scénariste
“à vie”
Nicholas Saint John. Il débute officiellement avec le
violentissime
Driller killer (dans lequel il tient le rôle
principal),
mais, un peu plus officieusement deux ans
auparavant,
avec la réalisation d'un porno intitulé The Nine
Lives
of a Wet Pussy, sous le pseudonyme de Jimmy Boy L.
Toujours
est-il que la trempe de Ferrara comme cinéaste des
bas-fonds
new-yorkais se confirme au début des années 80,
avec
L'ange de la vengeance, dans lequel une jeune aveugle
se
venge de son violeur, ou China girl, version modernisée de
"Roméo
et Juliette", où, en plein cœur de Manhattan, les
Chinois
s'opposent aux Italiens. Après un passage1994 Corps
inflammablesnnées
80 (il réalise quelques épisodes de "Deux
flics à
Miami" ainsi que les téléfilms "The Gladiator" et "Crime
Story"),
et les années 90 démarrent en fanfare pour Ferrara, qui
trouve
en Christopher Walken son acteur fétiche et en fait un
gros
bonnet de la drogue qui cherche à se racheter en
s'occupant,
en parallèle, d'un hôpital pour démunis. The King
of New
York reste pour beaucoup comme l'un des meilleurs
film de
Ferrara, et le film policier, nerveux et sanglant tout en
ayant
des résonances symboliques, voire mystiques, est dès lors
le
terrain d'élection du cinéaste, qui portera cette dichotomie à
son
summum avec le célébré Bad lieutenant, dans lequel
Harvey
Keitel incarnait un flic pourri rongé par un besoin de
rédemption.
Suit un film de commande, Body Snatcher,
deuxième
remake de L'invasion des profanateurs, et Abel
Ferrara
semble dès lors s'ancrer un peu plus dans le système
hollywoodien,
lui qui avait jusqu'alors été un personnage de la
marge.
Mais dès Snake eyes, qui met Madonna, star de
cinéma,
aux prises avec un réalisateur tyrannique, Ferrara
remet
les choses au point en inscrivant ses personnages dans un
contexte
introspectif, très noir et définitivement anti-
commercial.
The addiction, où Lili Taylor campe une vampire
moderne
à l'effrayante noirceur, en est la plus parfaite
illustration.
The blackout décevra néanmoins, qui reprend la
figure
de la star de cinéma en proie au gouffre existentiel avec
moins
de bonheur que Snake eyes, parce que l'on sent Ferrara
un peu
trop porté sur le coup médiatique (il fait tourner
Béatrice
Dalle et Claudia Schiffer) plutôt que concentré sur un
renouveau
d'inspiration. Entre-temps, Nos funérailles, dans
lequel
s'illustrait à nouveau Christopher Walken, avait marqué
une
vraie rupture de ton en apportant, dans une histoire de
vendetta
sur fond de traditions italo-américaines, une touche
nostalgique
qu'on ne connaissait pas encore au réalisateur. Et
l'on
retrouve aujourd'hui Christopher Walken dans le
cyberpolar
New Rose Hotel.
FILMOGRAPHIE
1977
The Nine Lives of a Wet Pussy
1979
Driller Killer (id.)
1981
Ms. 45 (L'ange de la vengeance)
1984
Fear City (New York, deux heures du matin)
1987
China Girl
1989
Cat Chaser
1990
King of New York (The king of New York)
1992
Bad Lieutenant (id.)
1993
Body Snatchers (id.)
Snake Eyes/Dangerous Game (Snake eyes)
1995
The Addiction (id.)
1996
The Funeral (Nos funérailles)
1997
The Blackout (id.)
1998
New Rose Hotel (id.)