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Dominique Blanc
Née à Lyon le 25 avril 1959 d'un père accoucheur et
d'une mère infirmière, Dominique Blanc vient à Paris avec une passion chevillée
au corps : le théâtre. Elle exerce alors divers petits métiers afin de
pouvoir financer ses études d'art dramatique au cours Florent, où elle est
admise, en 1979, en classe libre. En 1981, elle paraît pour la première fois
sur scène dans "Peer Gynt", que Patrice Chéreau met en scène au TNP
de Villeurbanne. Puis, tout en poursuivant sa carrière sur les planches (une
dizaine depièces à ce jour, et le Prix Arletty décroché en 1989), elle se
consacre un peu à la télévision ("Shanghaï skipper" en 1985) mais se
fait surtout remarquer au cinéma où elle est bouleversante, dès son tout
premier rôle, celui d'une jeune alcoolique dont la vie est transformée par un
violoniste rencontré aux Alcooliques Anonymes. Elle est nommée au César du
Meilleur espoir féminin pour ce film, La femme de ma vie, puis enchaîne
alors les seconds rôles dans plusieurs films d'auteur qui ne rencontrent
malheureusement pas beaucoup de succès : même Régis Wargnier, qu'elle
retrouve sur Je suis le seigneur du château (un sombre drame sur des
rapports de domination et de soumission entre enfants), est un échec
commercial. Pourtant, l'actrice est à nouveau nommée aux César du Meilleur
espoir féminin, mais une fois encore passe à côtés.
Il faudra Milou en mai, en 1989, pour que
Dominique Blanc, dans le rôle d'une lesbienne versée dans le sado-masochisme,
renoue avec le grand public via cette comédie au charme acidulé. C'est le
nouveau début d'une carrière définitivement exigeante, qui passe d'un
chassé-croisé amoureux sous l'œil de Nelly Kaplan (Plaisir d'amour), au
drame campagnard (L'affût), à la chronique provinciale d'une jeune femme
dont le mari décède suite à un accident du travail (Faut-il aimer Mathilde ?)
puis à la saga romantique au cœur d'une Indochine subtilement
reconstituée par Régis Wargnier, qui voit cette fois en Dominique une chanteuse
de cabaret, rôle pour lequel elle décroche finalement son premier César
(Meilleur second rôle). Une statuette pour laquelle est sera à nouveau nominée
deux ans plus tard à l'occasion de sa composition d'Henriette de Nevers dans La
reine Margot, pour lequel elle retrouve son mentor Patrice Chéreau, lequel
la redirigera quelques années plus tard dans le drame familial Ceux qui
m'aiment prendront le train. Michel Piccoli en fait également une
interprète privilégiée pour ses deux films derrière la caméra, les sombres et
âpres Alors voilà et La plage noire.
Mais derrière ses grands yeux noirs un peu tristes,
la comédienne sait aussi retrouver la ressource nécessaire pour jouer la
comédie, comme elle le prouve aux côtés d'Antoine de Caunes dans C'est pour
la bonne cause !, ou bien en femme soumise au bon vouloir de son mari
dans le cinglant et misogyne Les acteurs de Bernard Blier. Le drame
reste cependant son terrain de prédilection : elle est particulièrement
éblouissante dans Stand-by, dans le rôle d'une femme abandonnée par son
mari dans un aéroport, que, traumatisée, elle ne quitte plus et où elle finit
par se prostituer. Malgré l'insuccès public du film, la comédienne décroche son
premier César de la Meilleure actrice pas volé. Au total, quatre statuettes
dorées décorent désormais la cheminée de l'une des comédiennes les plus
récompensées de sa génération, et que l'on a revue plus récemment en bonne à
tout faire portugaise dans La fille d'un soldat ne pleure jamais, en
voisine au grand cœur d'une jeune femme en pleine crise dans Le lait de la
tendresse humaine, en femme libérée dans l'Algérie du début du siècle (Avec
tout mon amour), en bonne sœur à l'âme charitable dans Peau d'ange
et en executive-woman de choc dans C'est le bouquet !
Aujourd'hui, Dominique Blanc démontre une nouvelle
fois son incroyable capacité à endosser les rôles de composition les plus
extrêmes avec la trilogie de Lucas Belvaux Un couple épatant, Cavale
et Après la vie : dans le rôle d'Agnès, prof et morphinomane,
épouse d'un flic qui la fournit en drogue depuis quinze ans, elle est encore
bouleversante. Comme d'habitude. Dominique Blanc est une grande actrice, mais
c'est depuis longtemps devenu un lieu commun.
FILMOGRAPHIE
1986 La femme de ma vie (Wargnier)
Terre
étrangère (Bondy)
1987 Natalia (Cohn)
Quelques
jours avec moi (Sautet)
Savannah
(Pico)
1988 Une affaire de femmes (Chabrol)
Je
suis le seigneur du château (Wargnier)
1989 Milou en mai (Malle)
1990 Plaisir d'amour (Kaplan)
1991 Indochine (Wargnier)
L'affût
(Bellon)
1992 Faut-il aimer Mathilde ? (Baily)
1993 Loin des barbares (Bégéja)
La
reine Margot (Chéreau)
1995 Total Eclipse (Rimbaud/Verlaine) (Holland)
1996 C'est pour la bonne cause ! (Fansten)
1997 Alors voilà, (Piccoli)
Ceux
qui m'aiment prendront le train (Chéreau)
1998 A Soldier's Daughter Never Cries (La fille d'un
soldat ne pleure jamais) (Ivory)
1999 Stand-by (Stéphanik)
Les
acteurs (Blier)
2000 Le pornographe (Bonello)
Le
lait de la tendresse humaine (Cabréra)
2001 Avec tout mon amour (Escriva)
La
plage noire (Piccoli)
2002 Peau d'ange (Pérez)
Un
couple épatant (Belvaux)
Cavale
(Belvaux)
Après
la vie (Belvaux)
C'est
le bouquet ! (Labrune)