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30 janvier 2004 - Controverses Lettre ouverte de Federico Fasano
Mertens
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![]() Federico Fasano Mertens Directeur du quotidien urugayen La República. |
Il y a, bien évidemment, des différences. La
première consiste en ce que le criminel de guerre, auteur du massacre du
peuple juif et du peuple soviétique, avait gagné les élections avec une
large majorité, alors que l'autre criminel de guerre, auteur du massacre
du peuple irakien, est arrivé au pouvoir de manière frauduleuse, à travers
le plus grand scandale électoral de toute l'histoire américaine.
D'un
point de vue théorique, la comparaison entre Bush et Hitler est correcte.
Les spécialistes ont défini le nazisme comme étant la dictature terroriste
du capital financier en expansion. Lorsque Bush devient un hors-la-loi en
envahissant une nation sans défense, qui ne l'a pas agressé, pour
s'emparer de ses richesses pétrolières - la deuxième plus grande au monde
- et qu'il annonce peu après que d'autres nations pourvoyeuses de pétrole
pourraient subir le même sort, il s'approche de la définition de la
dictature terroriste du capital financier. Que cela lui plaise ou non.
George Bush porte le nazisme dans ses gènes.
Son grand-père, Prescott Bush, fut déjà
l'associé de Brown Harriman et l'un des propriétaires de l'Union Banking
Corporation. Ces deux entreprises ont joué un rôle clé dans le financement
qui a permis l'ascension de Hitler au pouvoir. Le 20 octobre 1942, le
gouvernement américain ordonna la confiscation de l'Union Banking
Corporation, propriété de Prescott Bush, et il saisit les avoirs de la
Corporation de Commerce américano-hollandaise et de la Seamless Steel
Corporation, toutes les deux gérées par la banque Bush-Hamman. Le 17
novembre de la même année, Franklin Delano Roosevelt confisqua tous les
biens de la Silesian American Corporation administrée par Prescott Bush,
car elle avait violé la loi du commerce avec l'ennemi.
L'arrière-grand-père de notre George, guerrier de Dieu, Samuel Bush, père
du nazi Prescott Bush, était la main droite du magnat Clarence Dillon, roi
de l'acier et du banquier Fritz Thyssen qui écrivit le livre « I paid
Hitler » (« J'ai financé Hitler ») et devint membre du
parti nazi en 1931 (Parti ouvrier national-socialiste allemand).
Et si
notre ambassadeur a encore un quelconque doute sur l'odieuse alliance des
Bush avec Hitler, je le prie de lire le brillant essai de Victor Thorn
dans lequel il est mentionné qu'« Une importante partie
de la fortune de la famille Bush provient de l'aide financière investie
dans le soutien à Adolf Hitler. L'actuel président des États-Unis, ainsi
que son père (ex-directeur de la CIA, vice-président et président), ont
atteint le sommet de la hiérarchie politique américaine parce que leur
grand-père, leur père et leur famille politique ont aidé et encouragé les
nazis par le passé. »
Et je ne mentionne encore pas les
escroqueries de la famille Bush dont les quatre millions et demi de
dollars à la Broward Federal Savings à Sunrise, Floride, ou l'escroquerie
faite à des millions d'épargnants de la Banque d'Épargne Silverado
(Denver, Colorado).
Arrière-grand-père nazi, grand-père nazi, père qui
n'a pas eu le temps de le devenir car Hitler s'était déjà suicidé dans les
jardins de la Chancellerie en ruines, George a bénéficié de la fortune mal
acquise de ses ancêtres.
Mais ne condamnons pas notre homo demens pour ses gènes obscurs.
Jugeons-le seulement sur ses actes. Et
comparons. Comparons seulement.
Comment Monsieur l'ambassadeur
croit-il que le délirant caporal allemand est arrivé au sommet du
pouvoir ? Hitler arrive au pouvoir à travers des élections propres,
mais il se heurte à la Constitution de Weimar qui lui impose des limites
que son omnipotence refuse d'accepter. Il planifie alors l'incendie du
Reichstag et en une seule nuit il est couronné en tant que décideur de la
guerre ou de la paix.
Ces évènements ne sont-ils pas familiers à notre cher ambassadeur américain ?
La destruction criminelle des tours jumelles
du World Trade Center à New York fut la même bouée de sauvetage que
l'incendie du Reichstag.
Je ne vais certainement pas avoir l'audace de
m'associer aux thèses de ceux qui accusent le groupe belliciste
« bushien » d'avoir planifié ce massacre ou du moins de n'avoir
rien fait pour empêcher cette tragédie alors qu'il savait ce qui se
préparait.
Il n'y a pas de preuves réelles pour l'affirmer, malgré le
fait qu'il existe de multiples indices de négligence coupable, de vastes
soupçons amplifiés par une censure de fer, sans précédent dans la
démocratie moderne américaine.
Le jour où le peuple américain aura
récupéré toute sa liberté d'information et son droit à connaître la vérité
sur ce mardi 11 septembre 2001 (informations aujourd'hui très restreintes
par le Patriot Act approuvé avec un seul vote contre - celui d'une femme -
symbole de la dignité nationale américaine) on saura alors la raison pour
laquelle les nombreux avertissements et mises en garde lancés à travers
tout le pays concernant cet acte terroriste n'ont pas été écoutés et
pourquoi les avions militaires ont mis quatre-vingts minutes pour décoller
et intercepter les appareils détournés, alors que l'on savait déjà peu de
temps après leur décollage de Boston, que des pirates de l'air avaient
pris les commandes des avions et qu'ils se dirigeaient vers
Washington : en cas de détournement d'avion, le manuel d'alerte
prévoit une intervention des forces aériennes en moins de cinq minutes.
On saura enfin pourquoi les restes du présumé avion qui s'est écrasé
sur le Pentagone ont été cachés. On saura pourquoi le directeur des
services secrets pakistanais, qui venait de se réunir à Washington avec
Tenet, chef de la CIA américaine, a fait verser par Islamabad - comme l'a
révélé le journal conservateur The Wall Street Journal -
la somme de 100 000 dollars à Mohammed Atta, chef du commando-suicide
contre les Tours Jumelles de New York. Sur cette terrifiante information,
il est interdit de faire des recherches, car les libertés civiles ont été
suspendues dès que le Patriotic Act fut promulgué.
Finalement on saura
également pourquoi quinze des vingt et un ravisseurs du commando-suicide
étaient originaires d'Arabie Saoudite, l'un des principaux alliés des
États-Unis dans le golfe Persique. Il n'y avait pas un seul Irakien, pas
même un seul par hasard.
Mais au-delà des soupçons, il ne fait pas de
doute que le déréglé 43e président des États-Unis, couronné dans des
élections frauduleuses, dans le cadre d'une impressionnante récession dont
on ne voit point la fin, avec le plus bas niveau de popularité au début de
son mandat, a réussi à dominer tout le scénario, obtenir des pouvoirs
inconcevables auparavant dans une démocratie, être élevé au rang
d'Empereur vengeur pour laver l'affront commis par des barbares envers son
peuple.
L'incendie du Reichstag américain du 11
septembre a offert à George W. la chance de sa vie.
La moins bonne des
victoires électorales d'un président des États-Unis depuis 1876 s'est
transformée en une chance historique jamais donnée à un belliciste pour
imposer au monde le nouvel ordre américain.
Comme Hitler l'a fait dans
le passé en s'entourant de Goering, Goebbels, Himmler, Mengele, Eichmann,
à savoir d'une bande d'arnaqueurs semblables à lui, tous fanatisés par le
pouvoir et la force, le président texan a cherché à se façonner une
cuirasse protectrice par une garde de fer, plus belliqueuse que lui-même,
pour le protéger de la tentation du doute et dont les membres portent tous
sur le front la même marque que lui : le sceau du pétrole. Le
Vice-président Dick Cheney appartenait au groupe Halliburton Oil, le chef
du Pentagone, Donald Rumsfeld est issu de la Compagnie pétrolière
occidentale, la conseillère pour la Sécurité Nationale, la vieille fille
Condoleeza Rice, dont le prénom - ironie du sort - signifie « avec
douceur », fut un cadre important de la direction de Chevron et c'est
pour lui faire honneur que des bateaux pétroliers ont reçu son prénom.
Même la secrétaire du ministère de l'environnement, Gale Norton, est liée
au lobby du pétrole, tout comme Bush Senior l'a été avec le groupe
pétrolier Carlyle ou l'actuel président Bush Junior avec la Harkins Oil.
Ce quintette de la mort qui entoure le guerrier Bush est une véritable
maffiocratie, comme l'a été dans le passé le quintette d'Hitler. Et ils se
nourrissent d'une Bible très particulière.
La philosophie de Hegel,
Nietzsche, Schopenhauer qui a vivifié et passionné le créateur de
l'Holocauste du XXe siècle a été remplacée par des spécimens moins
cultivés et d'un niveau intellectuel assez bas, mais plus pragmatiques
pour le nouvel Hitler du XXIe siècle.
Le Bostonien Henry Cabot Lodge qui affirme qu'
« au XIXe siècle aucun peuple du monde n'a égalé nos
conquêtes, notre colonisation et notre expansion et aujourd'hui rien ne
nous arrêtera ». Merse Henry Watterson a déclaré que les
États-Unis sont « une grande république impériale
destinée à exercer une influence déterminante sur l'humanité et à façonner
l'avenir du monde, comme aucune autre nation ne l'a encore fait dans le
passé, même pas l'empire romain. »
Ou Charles Krauthammer qui
a écrit il y a à peine quelques années dans The Washington
Post : « Les États-Unis chevauchent dans le
monde comme un colosse. Depuis que Rome a détruit Carthage, aucune autre
puissance dans le monde n'a atteint les sommets que nous connaissons. Les
États-Unis ont gagné la Guerre Froide, ils ont mis dans leur orbite la
Pologne et la République Tchèque, après avoir pulvérisé la Serbie. Et du
même coup ont démontré l'inexistence de l'Europe. »
Ou Robert
Kaplan qui précise que : « La victoire des
États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale est aussi importante que la
victoire de Rome dans la deuxième Guerre Punique qui la convertit en
puissance universelle. »
Ou encore le très connu historien
Paul Kennedy qui nous explique que « ni la Pax
Britannica, ni la France napoléonienne, ni l'Espagne de Felipe II, ni
l'empire de Charlemagne, ni l'empire romain ne peuvent se comparer à
l'actuelle domination américaine. Jamais il n'a existé une telle disparité
de pouvoir dans le système mondial. »
Ou le directeur de
l'Institut des Études Stratégiques Olin de l'Université de Harvard, le
professeur Stephan Peter Rosen qui nous dit que : « Notre objectif n'est pas de lutter contre un rival car
celui-ci n'existe pas, mais de préserver notre position impériale et
maintenir cet ordre impérial. »
Ou l'ineffable Zbigniew
Brzezinski qui a déclaré que « l'objectif des
États-Unis doit être celui de maintenir nos vassaux dans un état de
dépendance, garantir la docilité et la protection de nos sujets et
prévenir l'unification des barbares. »
Ou le Président Wilson
qui a parlé au Congrès de l'Union « qu'il apprendrait
aux républiques sud-américaines de choisir de bons députés ».
Ou le célèbre Billy Sunday qui a fait le portrait du gauchiste
latino-américain comme celui d'un type « qui a un
museau de porc-épic et une haleine qui ferait fuir un
renardeau », il a ajouté que « s'il le
pouvait, il les mettrait tous en prison jusqu'à ce que leurs pattes
sortent par les fenêtres ».
Écoutons maintenant Dick Cheney, l'actuel
Vice-président des États-Unis et le Secrétaire de la Défense, Donald
Rumsfeld, qui constituent avec Condolezza Rice un triangle belliqueux plus
redoutable que celui des Bermudes.
Le Vice-président Cheney a déclaré
avant cette guerre sainte : « Les États-Unis n'ont
pas à rougir d'être une superpuissance et ils ont le devoir d'agir avec
force pour construire un monde à l'image des États-Unis. » Le
chef du Pentagone a été encore plus clair au cas où nous n'aurions pas
compris. Rumsfeld a dit en citant la phrase préférée d'Al Capone : « On obtient davantage avec un mot aimable et un revolver
qu'avec un mot aimable seulement. »
Le langage qui nourrit
l'épiderme et les neurones de Bush est un langage encratique, autoritaire,
d'intimidation qui conduit inévitablement à la perversion morale de la fin
qui justifie les moyens. La caractéristique essentielle du langage de la
« bande Bush », comme pour le langage nazi, est la
simplification, le réductionnisme et l'intimidation. Le langage de ce
groupe prédateur est un langage schématique, émotionnel, chargé de
préjugés qui incite à l'exaltation des sentiments les plus nobles du
peuple. Je n'ai pas le moindre doute que Bush se nourrit d'un langage
nazi.
Bush ne croit pas, comme Hitler ne le croyait pas non plus, à un
État de droit, qui n'est pas l'État qui possède des lois, sinon l'État qui
se soumet lui-même à l'empire de la loi et ne peut la transgresser pour
aucun motif, et encore moins pour une raison d'État. C'est au nom de la
raison d'État ou de la Patrie ou de la Sécurité nationale que sont
commises les pires atrocités.
Y a-t-il une différence entre la
construction intellectuelle de Bush et celle d'Hitler dans le cadre de la
raison d'État ? Je ne le pense pas. Seulement des différences de
style, d'époque et de magnitude en ce qui concerne la force utilisée et le
pouvoir.
Le discours de la « bande Bush » est un discours de maître à esclave. Il n'y a pas de différences avec le discours de la bande d'Hitler.
L'un est plus gentil que l'autre. Quoique
l'histoire est en train de prouver que le moins gentil a été le moins
meurtrier.
Civilisation, barbarie, pacification des barbares, peuple
élu : jusqu'à la race élue il n'y a qu'un pas. Enfin, tout cela ne
nous rappelle-t-il pas l'histoire du psychopathe à la petite
moustache ?
En parlant de la petite moustache, le récit d'un
conseiller influent de la sécurité américaine qui habite à Washington est
très instructif. Il a raconté au magazine argentin Noticias : « Pour le meilleur ou
pour le pire George Bush Jr. est l'homme indiqué pour mener cette guerre
[NDE : en Irak]. Il est né pour ça. La puissance qui lui vient de
l'intérieur le fait trembler. Quand quelqu'un parle avec lui dans son
bureau, on dirait qu'il va dévorer celui qui est en face. Il s'assied au
bord du fauteuil, presque sans s'appuyer et agite les bras comme s'il ne
savait pas quoi en faire. Il a besoin d'action. »
Quelle
imitation de la gestuelle du dictateur nazi ! Bien que le flegme du
cow-boy texan, revolver à la ceinture, ne ressemble pas à la rage presque
épileptique du Teuton, qui s'étouffe en parlant et en gesticulant. Le
corps de Bush ne crache pas en parlant. C'est son âme qui crache de la
haine et de la violence et engendre la terreur. Mais ça ne lui fait rien.
Il doit avoir bien appris le « Oderint dum Metuant » de
l'empereur romain Caligula : « Laissez-les nous
haïr du moment qu'ils nous craignent. »
L'incontinence
émotionnelle de Bush est déjà un classique et, comme Adolf, il ne peut pas
admettre un NON. Sa femme Laura Bush a rappelé à la presse que la première
fois qu'elle a dit à son mari que l'un de ses discours ne lui plaisait
pas, celui-ci, furieux, a fracassé sa voiture contre le mur du garage à
l'entrée de leur maison.
Il se sent comme le numen
nazi, un envoyé de Dieu, qu'il invoque dans n'importe quelle circonstance.
Il a décrété que toutes les réunions de son Cabinet doivent commencer avec
une prière. Il dit avoir consulté Dieu avant d'attaquer l'Irak, au mépris
de l'opinion de la grande majorité des nations de la planète et des 90%
d'êtres humains qui étaient contre. Il essaie d'imiter le président
William McKinley lors de l'invasion des Philippines pour évangéliser les
indigènes, tout en culpabilisant Dieu de l'avoir forcé à entrer dans ce
pays.
Autre coïncidence entre ces vies parallèles qui aurait enchanté
Plutarque : tant Hitler que Bush auraient pu éviter de se trouver
dans le musée de grands bouffons de l'histoire, s'ils avaient eu un
psychanalyste à leurs côtés. Un bon psychanalyste les aurait tous deux
aidés énormément à canaliser leur libido vers des occupations plus
normales, sublimant ainsi le seul aphrodisiaque qu'ils possèdent, soit le
pouvoir universel et cruel sur autrui.
Continuons avec les ressemblances entre le guerrier de la race aryenne et le guerrier de Dieu, comme Telma Luzzani a surnommé notre Texan exalté.
Bush proclame urbi et orbi
le bien-fondé de la guerre préventive. Dwight Eisenhower en 1953 n'a pas
hésité un seul instant à ce sujet : « La guerre
préventive est une invention d'Adolf Hitler. Franchement, je ne prendrais
au sérieux aucune personne qui proposerait une chose pareille. »
Demandons-nous : guerre préventive contre qui ? C'est bien
connu que la première victime d'une guerre est la vérité. Et la première
chose que fait Bush pour fabriquer sa guerre préventive, après l'incendie
du Reichstag, c'est de nous mentir façon Goebbels, d'une manière si
primaire qu'à la fin personne n'a plus rien cru. D'abord il a dit que
l'Irak soutenait Al Qaida. Il a été prouvé peu après qu'une haine
irréconciliable existait entre Saddam Hussein et l'ancien employé des
États-Unis, Oussama Ben Laden. Puis Bush a demandé d'inclure l'Irak dans
le courant fondamentaliste musulman. Difficile à croire, car l'Irak était
le pays le plus laïc du monde arabe. Alors on a invoqué les armes de
destruction massive. Bush a assuré que l'Irak ne permettrait pas les
inspections et quand l'Irak les a permises, il a alors répété que Saddam
ne laisserait pas entrer les inspecteurs de l'ONU dans les palais et les
endroits stratégiques. Quand il a accepté, l'administration Bush a voulu
nous faire croire qu'elles étaient bien cachées. Finalement, on n'en a pas
trouvé une seule. Quand tous ces arguments ont été réduits à néant, ils
ont alors demandé l'abandon du pouvoir ou l'exil de Saddam Hussein et
c'est à ce moment-là, qu'ils ont admis la seule et réelle vérité :
nous voulons occuper le territoire irakien quoi qu'il arrive et décider
qui va le gouverner. C'est la démocratie planétaire, nous dit-on. Les
mêmes opérations manipulatrices de désinformation que Hitler a utilisé
contre la Tchécoslovaquie, l'Autriche et la Pologne. Le même type
d'excuses changeant au fur et à mesure qu'elles étaient anéanties.
Autre ressemblance : le mépris de la communauté internationale et
de l'opinion publique mondiale. Hitler a détruit la Société des Nations
fondée en 1919. Bush a réduit en miettes les Nations unies, obtenant
contre lui la plus grande opposition à un pays depuis la fondation de
l'ONU en 1945 : 170 pays contre la guerre, seulement 30 pays en sa
faveur, la plupart d'entre eux des nations émergentes de l'ex-Union
soviétique et qui se vendent au plus offrant.
Mais la plus grand
défaite diplomatique depuis la fondation de l'ONU n'a été un obstacle ni
pour l'un ni pour l'autre. Pour Hitler, le refus et la colère des peuples
du monde contre son action ont été sans importance. Bush veut surpasser le
Teuton. Les manifestations contre lui - sans précédent sur la
planète -, se transforment en musique guerrière à son ouïe
wagnérienne. Face à lui, il y a l'esprit de Seattle qui a fondé en 1999 le
mouvement anti-mondialisation et pacifiste le plus imposant de l'histoire
universelle. Mais rien ne l'arrête.
C'était révoltant de voir comme on
a traité Hans Blix, chef des inspecteurs de l'ONU, avec ses 75 ans qui
devraient inspirer le respect, originaire de cette merveilleuse ville
glacée d'Uppsala, dans une Suède social-démocrate, un digne adepte des
traditions démocratiques du martyr Olof Palme.
Écoutons le maréchal Goering devant ses juges
à Nuremberg : « Naturellement, les gens ne veulent
pas la guerre, mais après tout, ce sont les dirigeants d'un pays qui
déterminent la politique, c'est facile ensuite d'entraîner le peuple.
Qu'il dispose de la liberté d'expression ou pas, on peut amener le peuple
où l'on veut et lui faire ce que veulent les gouvernants. C'est très
facile. Il suffit de leur dire qu'ils sont en train d'être attaqués et de
dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme qui met le pays en
danger. » Ces paroles sont du nazi Goering en 1945 et non celles
de Bush. La seule différence, c'est que le nazi Goering l'a dit en
allemand et Bush en anglais.
L'invasion d'une nation souveraine qui
n'avait agressé personne avait besoin d'une légitimation éthique, bien
qu'illicite : renverser le tyran Saddam Hussein et imposer par la
force un gouvernement « démocratique et populaire ». Tout cela
semble très beau, même si la communauté internationale et les normes qui
la régissent en soient le prix à payer.
Mais cela n'est pas vrai.
Personne ne met en doute que Saddam Hussein est un sinistre dictateur, qui
a assassiné son peuple et que son parti socialiste Bass, n'a rien de
socialiste du tout. Mais qui va croire que Bush va instaurer la
« démocratie » en Irak, alors que ses prédécesseurs qui ont
administré l'Amérique, moins nazis que lui, ont envahi et occupé pendant
des années et des années des nations souveraines et ont installé des
dictatures féroces qu'ils ont soutenues et protégées contre leur propre
peuple ? Par exemple Somoza au Nicaragua, Duvalier en Haïti, Trujillo
en République Dominicaine, Pinochet au Chili. Tout comme les régimes
fantoches et despotiques qui furent imposés par les nazis lors de
l'occupation de l'Europe, y compris la France anti-de Gaulle du maréchal
Pétain.
Hitler a envahi l'Europe à la recherche de son Lebensraum, pour étendre son territoire et satisfaire son
besoin en matières premières et soutenir le développement économique
allemand servant à l'édification du nouvel empire germanique, qui
vengerait l'affront du Traité de Versailles. De la même façon Bush va à la
recherche de son propre Lebensraum. Un Lebensraum qui dans notre monde d'aujourd'hui ne se mesure
plus par la quantité de kilomètres de territoire physiquement occupés,
mais par la domination économique et politique qu'on exerce sur ces lieux,
dirigée à partir de lointains centres financiers.
Les objectifs de notre nouvel Hitler sont multiples.
En premier lieu, s'approprier le réservoir d'essence du capitalisme mondial qui n'est autre que le golfe Persique. Bush sait très bien que dans dix ans, le pétrole produit par son pays, locomotive commerciale du monde, s'épuisera irrémédiablement. Dans quarante ans il n'existera plus de pétrole sur la planète. C'est une course contre la montre. Selon la Statistical Review, la découverte de nouveaux gisements pétroliers énergétiques diminue de manière préoccupante. Elle a augmenté seulement de 5% contre 45% lors de la décade antérieure. Les 65% de réserves sont situées au Moyen-Orient. Des 77 millions de barils produits chaque jour dans le monde entier, les États-Unis en consomment vingt millions quotidiennement, mais seulement dix millions sont produits par les Nord-Américains. Ils sont donc tributaires des autres pour rester une superpuissance. L'objectif de l'attaque en Irak, deuxième réserve mondiale pétrolière, était de contrôler ces gisements, contrôler leur prix et leur production. Ne parlons plus d'armes cachées ni de n'importe quoi. Comme l'a dit l'écrivain Eduardo Galeano, si l'Irak était un producteur de radis au lieu de pétrole, qui aurait eu l'idée de l'envahir ?
Pour Bush, le pétrole est là. Il n'y a qu'à le prendre et se servir. Il ne sait pas qu'il peut s'étouffer en mangeant.
Le deuxième coup de Bush consiste à discipliner son allié, l'Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole et la plus grande réserve énergétique du monde, dont les prix ne conviennent pas aux intérêts américains. Le troisième objectif, tel que révélé en février de cette année par John Bolton, sous-secrétaire d'État, c'est envahir l'Iran et la Syrie qui, avec la Corée du Nord, constituent « l'axe du mal » et si la situation est favorable, inclure la Libye dans ce saint des saints. Le quatrième pas consiste à détruire l'OPEP et à s'approprier les combustibles fossiles du monde. S'il n'arrive pas à exproprier les gisements fossiles et ne trouve pas à temps de solutions alternatives énergétiques, le capitalisme américain devra modifier le modèle de consommation de son peuple et il risque de perdre le point d'appui de son hégémonie mondiale. Le cinquième objectif est représenté par les fructueuses affaires de la reconstruction de l'Irak sur lequel vont se jeter les quelque 500 transnationales qui contrôlent le monde, la plupart américaines. Le sixième objectif n'est pas moins important et il se nourrit des enseignements de Lord Keynes : utiliser l'industrie militaire pour sortir de la profonde récession dans laquelle est plongée l'économie américaine dont le taux de croissance est zéro. N'oublions pas qu'une guerre ne se gagne pas quand on a imposé la suprématie militaire sur l'adversaire, mais lorsqu'on obtient les bénéfices économiques qui sont la quintessence et la raison de son déclenchement.
On ne peut pas continuer sans mentionner le dernier objectif et peut-être le plus important de cette guerre : imposer la suprématie du dollar face à l'euro, qui ces derniers temps n'a pas arrêté de donner une raclée au dollar sur divers fronts inattendus, mettant en danger le privilège et l'importance américaine dans la commercialisation du pétrole. Le dollar a chuté ces derniers mois par rapport à l'euro de 17%, chiffres inimaginables depuis la création de la monnaie unique européenne. La décision iraquienne de libeller 10 milliards de dollars de leurs réserves en monnaie européenne a contribué à cette dépréciation etaprovoqué une secoussesismique pour le dollar. C'est une raison de plus pour attaquer l'Irak, car un gouvernement fantoche et à la solde des États-Unis renverra sûrement ce montant en zone dollar. La Russie libelle ses opérations pétrolières en euros ; l'Iran et d'autres pays de l'OPEP sont en train d'étudier la possibilité d'abandonner le dollar pour l'euro. Les économistes prévoient que si cela arrive, il se produira une dépréciation inusitée du dollar qui fera plonger la valeur des actifs américains, provoquant l'effondrement du géant aux pieds d'argile comme dans les années trente.
L'invasion est aussi due au besoin d'un
nouveau partage du monde après l'échec des accords de la triade
(États-Unis, Europe et Japon) en 1998 sous les auspices de l'OCDE à Paris
et ceux de la réunion de l'OMC à Washington. Il n'y a pas eu d'accord pour
la répartition du marché mondial menacé par une diminution du pourcentage
du produit brut mondial, qui à la fin du siècle dernier avait atteint un
degré de concentration de 50 % dans les mains des membres de la triade et
de ses transnationales. L'échec du néolibéralisme pour maintenir le plus
grand taux d'exploitation de nations dépendantes, la fatigue et la
décadence de l'hégémonie unipolaire et la possibilité relativement proche
d'une crise mondiale qui transformerait l'arrogante domination
d'aujourd'hui en une hégémonie en haillons, tous ces enjeux sont à
l'origine de cet acte de piraterie internationale.
L'Europe n'a pas
accepté cette répartition et a attaqué avec son euro. Les États-Unis ont
répliqué avec l'instinct des bêtes et s'ils parviennent à contrôler les
lacs d'or noir, ils auront du pétrole bon marché et abondant pendant que
leurs alliés le paieront cher et ne l'obtiendront qu'au compte-gouttes et
leurs économies en souffriront.
Voilà le plan de guerre. C'est le même
objectif de domination économique qui a poussé Hitler dans les bras de
Mars, avec la devise : « Occuper, administrer, exploiter ».
De là à dire que Bush y parviendra, il y a un long chemin. Surtout si l'on
sait que cette guerre, pour la première fois, il devra la financer
économiquement tout seul. L'invasion précédente de l'Irak avait été
légitimée par la communauté internationale et payée par tous les pays.
Cette fois-ci, il s'agit d'une invasion illégitime, un crime de
lèse-humanité contre le monde civilisé, et les États-Unis la paieront
seuls, sauf une petite partie qui sera prise en charge par le Royaume-Uni
du renégat Blair. Tout cela représente beaucoup d'argent. Suffisamment
pour déstabiliser encore un peu plus le maître de la petite machine à
faire des dollars, installé dans le Département du Trésor de la nation la
plus endettée de la planète : les États-Unis d'Amérique.
Une fois déterminés les objectifs royaux, Bush
et sa bande de faucons ont patenté la stratégie militaire nazie : la
tristement célèbre Blitzkrieg - la guerre éclair - avec
laquelle les nazis ont dévasté l'Europe, combinant des attaques de
divisions entières de tanks Panzers, appuyés par des vagues d'avions et
des pièces d'artillerie. Les temps changent et la blitzkrieg nazie s'est transformée en super-blitzkrieg américaine, mais la modalité inventée par
les maréchaux d'Hitler est la même que celle de Bush, bien qu'avec une
puissance de feu mille fois supérieure.
Une autre ressemblance :
le déséquilibre des forces en présence. L'invasion nazie de la
Tchécoslovaquie et de la Pologne, où la cavalerie polonaise s'est heurtée
à des tanks allemands après avoir été décimée par l'aviation, n'est rien
en comparaison avec la puissance de feu infernale de la plus grande
broyeuse technologique de l'histoire, comme si les Polonais s'étaient
défendus avec des frondes face à la Luftwaffe de Goering. Lors de la
première invasion de l'Irak, les pertes irakiennes se sont montées à 120
000 hommes contre 137 Américains morts et 7 disparus. Mise à part la Garde
républicaine de Saddam, l'armée irakienne n'est plus composée que par des
paysans faméliques sans entraînement, ni technologie, ni armement adéquat,
face à plus de 300 000 soldats entraînés année après année pour tuer sans
se poser de questions.
Que peut faire un pays qui a un budget
militaire de 1400 millions de dollars contre un autre qui investit 400 000
millions de dollars annuellement dans ses Forces armées ? Et comme si
cela n'était pas suffisant, Bush vient de demander encore quelque 75 000
millions de dollars de pourboire pour ce massacre. Il promet en échange
que le butin de guerre compensera largement l'investissement.
Avant de
commencer le massacre, l'armée irakienne a été saignée comme on saigne un
taureau de combat quand il pénètre dans l'arène pour que le toréador coure
moins de risques. Une décade de sanctions économiques, d'embargos, de
manque de pièces de rechange, une armée sans avions, avec un nombre de
tanks limité, peu de batteries anti-aériennes et seulement équipée de
vieux fusils d'assaut AK-47, toutes ces mesures ont mis à genoux le
taureau iraquien. Le toréador n'a plus qu'à plonger son épée et attendre
l'agonie. Cependant les nouvelles du front ont démontré que, même saigné,
le taureau a chèrement vendu sa peau.
Le vagabond viennois devenu
prophète de la race aryenne, Adolf Hitler, a attaqué sans respect les
grands trésors de l'humanité, détruisant des villes magnifiques, des
cultures irrécupérables et des monuments fantastiques créés par l'être
humain au fil des siècles. Imitant le protégé de sa famille, George Bush
est entré à grand fracas dans le berceau de l'humanité, la Mésopotamie,
l'Irak d'il y a 8 000 ans, « le pays entre les fleuves ». C'est
là qu'est né le premier État, la première civilisation agraire et que
l'écriture cunéiforme a été inventée. Dans le pays de la légendaire
bibliothèque de Ninive, celui de la Tour de Babel, des jardins suspendus
de Babylone, entre l'Euphrate et le Tigre, Bush se lance sans miséricorde
dans la première guerre préventive du XXIe siècle. Il devra répondre lui
aussi pour les trésors culturels qu'il a rasés. Son homo
demens devra rendre des comptes à l'homo sapiens.
Comme ce fut le cas pour Hitler et ses complices qui ont dû rendre des
comptes à l'histoire au procès de Nuremberg.
L'ambassadeur des
États-Unis d'Amérique en Uruguay dit dans son communiqué de presse en
guise de réponse au journal La República être consterné
par la comparaison de son président avec Hitler. Il explique que Bush est
en train de faire en Irak la même chose qu'ont fait les USA en libérant
l'Europe du nazisme.
Je pense que c'est une insulte à l'intelligence
que de comparer le brillant auteur du New Deal, Franklin
Delano Roosevelt, avec cet énergumène du pouvoir qui tue les idées au nom
des idées, et les hommes avec.
Roosevelt est entré en guerre avec la
légitimité que lui conféraient tous les peuples confrontés à la barbarie
nazie. En premier lieu, le peuple soviétique qui a sacrifié sur l'autel du
Moloch germanique trente millions de ses meilleurs hommes, femmes et
enfants pour changer le cours de la guerre quand le Troisième Reich était
encore invaincu. Bush fait comme Hitler et non pas comme Roosevelt. Bush
viole toutes les lois internationales, il affronte les Nations unies et
comme Hitler il envahit une nation pratiquement désarmée qui ne l'a
attaqué à aucun moment.
De plus, il convient de préciser par rapport à
ladite libération de l'Europe par les États-Unis, à travers le don
héroïque de la vie des soldats américains, que l'entrée dans la
conflagration fut très tardive, presque à la fin du conflit quand
l'Allemagne était déjà usée par la résistance soviétique, qui se mesurait
alors seule aux 95 % du potentiel militaire nazi concentré sur le front
oriental. Les États-Unis furent les seuls bénéficiaires de la Deuxième
Guerre mondiale, pendant et après le conflit. Pendant, comme l'explique si
bien Heinz Dieterich dans La Republica, parce qu'ils
développèrent, loin des champs de bataille, leur industrie et leur
agriculture en augmentant les salaires réels de 1941 à 1945 de 27 %, en
générant dix-sept millions de nouveaux postes de travail et en offrant en
1944 davantage de produits et services à leur population qu'avant la
guerre. Après la guerre, ils demandèrent le prix de leur participation
multipliée par dix. À Yalta, ils s'érigèrent en première puissance de la
planète, prenant la place de l'Angleterre, bien que craignant aussi, il
est vrai, l'Union Soviétique, son nouvel adversaire historique.
Et de
même que nous affirmons qu'il est insultant de comparer Bush à Roosevelt,
il convient de préciser qu'il ne faut pas non plus confondre les pères
fondateurs de la démocratie américaine, ces héros de la liberté, George
Washington, Abraham Lincoln, Thomas Jefferson, avec ce pédagogue du crime,
ce plouc de la mort, qui à la télévision ne peut cacher son expression
sournoise de lâche. Charles de Gaulle, courageux rebelle de la France
anti-nazie, demandait un jour au grand philosophe Jean Guitton : « Qu'est-ce la lâcheté, maître ? » À ce
puits de sagesse de répondre : « La lâcheté,
Général, c'est de rechercher l'approbation et non la vérité ; les
médailles et non l'honneur, la promotion et non le service rendu ; le
pouvoir et non le salut de l'humanité. » Que cette réponse
s'applique bien à notre nouvel Hitler qui dit défendre les Droits humains
des Irakiens, alors qu'il se spécialise dans leur conversion en déchets
humains !
Mais ce comportement nous surprend-il vraiment de la
part d'un dirigeant qui nie ne pas vouloir sauver la planète de la
dévastation en refusant de signer les protocoles de Kyoto, approuvés à
l'unanimité par la communauté internationale ? Un dirigeant qui a
rejeté le contrôle des armes bactériologiques parce qu'il estimait que
l'accord pour éviter la prolifération de ces arsenaux portait préjudice à
son pays. Un dirigeant qui exige des nations indépendantes qu'elles
signent un document dans lequel elles renoncent à leur droit de juger des
citoyens américains pour des délits commis à l'étranger. Un dirigeant qui
refuse de signer et de participer à la Cour Pénale Internationale, créée
récemment par la communauté mondiale pour juger les crimes de l'humanité.
En rejetant une institution approuvée par plus de 190 pays, avec seulement
7 pays contre, son vote coïncide avec celui du pays envahi, l'Irak, qui
lui non plus ne veut pas qu'il existe dans le monde une Cour Pénale de
dix-huit jurés indépendants pour empêcher légalement que des crimes de
guerre continuent à être perpétrés, tant par le gouvernement des
États-Unis que par celui de l'Irak.
Que peut-on attendre d'un
dirigeant qui, dans son propre pays, berceau des traditions démocratiques,
a suspendu les droits civils, instauré la censure, les listes noires,
l'élimination de l'Habeas corpus, droit pour lequel tant
de générations ont donné la vie, imposant des jugements clandestins, des
prisons secrètes, et le délit d'opinion, plongeant ainsi sa société dans
la nuit noire du marasme le plus anachronique ?
Malgré tout, il dispose actuellement d'une
importante majorité silencieuse dans son propre pays en faveur de
l'horreur de la guerre, au beau milieu d'une gigantesque panne
intellectuelle dans la société américaine, provoquée par la
désinformation, la déformation de la réalité érigée en système, la douleur
légitime après l'attaque criminelle contre les Tours Jumelles qui a fait
périr près de quatre mille êtres humains, et un nationalisme attisé par le
Tartuffe de la Maison-Blanche. Le nationalisme et le faux patriotisme
constituent un lien supplémentaire, une ressemblance de plus, le chaînon
qui unit Bush à Hitler. Ce type de nationalisme est le dernier refuge des
canailles qui sont soutenues par la culture des ignorants. Albert Einstein
le décrivait fort bien : « Le nationalisme est une
maladie infantile, la rougeole de l'humanité. »
Mais un
mouvement populaire commence enfin à se développer depuis la base, la
racine, dans les meilleures traditions civiles du peuple américain, pour
s'exprimer dans les grandes villes, pour arrêter, avec l'énergie mentale
engendrée par la conviction d'avoir raison, les crimes en série que la
plus monstrueuse iniquité belliqueuse des dernières décennies est en train
de construire. Le peuple américain, lentement il est vrai, commence à
comprendre que « la liberté ne peut être fertile pour
les peuples qui ont le front tâché de sang ».
C'est la question qui circule à travers toute la planète.
Les Nations unies n'ont pas pu le faire.
L'OTAN non plus. Leurs alliés européens ont été trompés et humiliés. Mais
du fin fond de l'histoire, l'antidote commence son incubation. Tous les
empires et leurs prophètes ont glissé d'une victoire à l'autre jusqu'à
leur écroulement final. Et cet empire tout comme son empereur, à qui il
importe peu de gagner l'esprit et les cœurs des peuples du monde, qui est
sourd ou feint la démence face à la révolte énorme du sens commun, devant
le grand gémissement des sociétés sorti des entrailles exaspérées des
multitudes, qui se sont jetées sur les routes du monde entier, clamant
pour la paix et la cessation du massacre, cet empereur devra finalement
comprendre que dans cette croisade le vainqueur n'obtiendra que les
dépouilles.
Les hommes comme Bush pensent que les crimes s'enterrent
et s'oublient. Ils se trompent car le souvenir des crimes survit. Les gens
en ont assez de la violence. Ils en ont assez des vendettas misérables des
uns contre les autres. Ils veulent mettre fin à l'ère des assassinats. Si
on les conduit vers des impasses, ils réagiront.
Le discours sinistre
du maître et de l'esclave se termine presque toujours par la férocité de
l'esclave qui n'a plus rien à perdre. Spartacus dixit. La protestation
continue dans tous les recoins de la planète. Il n'y a jamais eu d'empire
aussi orphelin de soutien que celui incarné aujourd'hui par ce toxicomane
du pouvoir. Cet immense mouvement mondial contre Bush seulement comparable
au mouvement mondial contre Hitler fait face au strabisme classique des
messies qui les empêche de voir la réalité. Le strabisme est une
disposition vicieuse et malsaine des yeux qui fait que les deux axes
visuels ne se dirigent pas en même temps sur le même sujet. Ils voient la
réalité déformée.
Le chuchotement de millions de personnes peut se
transformer en bras qui arrêteront cette folie.
Il ne faut pas avoir
peur de ces géants qui ignorent les lois de l'histoire. Ils sont plus
rusés qu'intelligents. C'est ce qui les renvoie au monde des dinosaures,
ces animaux gigantesques qui avaient développé un corps énorme pour une
tête minuscule. Quand les grands changements climatiques sont arrivés,
leurs minuscules têtes n'ont pas su s'adapter. Contrairement aux
moustiques.
Il existe un proverbe allemand qui se réfère à
Hitler ainsi : « Quand tu vois un géant, étudie
d'abord la position du soleil, il pourrait en fait s'agir de l'ombre d'un
nain. » Nous ne savons pas encore quelle est la part de géant et
quelle est la part de nain de notre nouvel Hitler.
Souvenez-vous de
Gandhi, cet incendie moral qui alerta les consciences. Avec sa seule voix
et sa conduite non-violente, il a mis à genoux l'empire le plus important
de son époque. Gandhi disait que le silence des bons est le grand mal
perpétré par les mauvais. Ce silence n'existe plus aujourd'hui. Tous les
peuples, ceux des pays riches comme ceux des pays pauvres, gouvernés par
la droite ou par la gauche, tous à l'exception de celui qui habite le pays
agresseur, qui commence peu à peu à sortir de sa torpeur, tous ont pris
conscience que pour la première fois au XXIe siècle, la guerre, en tant
que croisade irrationnelle, peut changer l'humanité. Ils savent qu'une
guerre injuste est une catastrophe qui paralyse et sclérose la rencontre
de l'être humain avec l'humanité. Ils unissent leurs mains planétaires
pour dire au tueur à gages de la Maison-Blanche qu'il existe une vie et
une race moins sordide que la sienne. Et qu'il vaut la peine que nous nous
levions pour la défendre.
Ceci est ma réponse, Monsieur l'Ambassadeur.
Montevideo, Uruguay, le 30 mars 2003.
Federico Fasano Mertens
Directeur du
quotidien urugayen La República.
Cette tribune a été publiée en postface de l'édition française du livre de James Hatfield Le Cartel Bush. |
Page d'origine : www.reseauvoltaire.net/article12294.html